Colocation © Marie Castets/ MAP
La
colocation est une pratique de plus en plus prisée à Paris. Voici ce que révèle la dernière étude publiée par l'ADIL 75. Il faut dire que la formule présente de nombreux avantages : moyennant un budget restreint, elle permet de louer un grand appartement ou une grande maison à plusieurs, tout en partageant les factures et en jouissant des parties communes. Contrairement à ce que l'on pourrait penser d'ailleurs, elle n'intéresse pas que les étudiants, elle séduit aussi, pour des raisons différentes, les jeunes actifs, les femmes divorcées et les personnes âgées. Une tendance qui, selon Vincent Guilloux, psychologue clinicien, s'explique notamment par le fait que
"la société tend progressivement vers le partage d'émotions et non plus vers l'individualisme et le consumérisme".
Plus d'espace pour moins cher avec, en prime, de la convivialité et du partage : le tableau a de quoi faire rêver ! Seulement voilà : la pratique n'est pas réglementée, ce qui engendre de nombreux conflits juridiques. Jusqu'ici en effet, les acteurs de la colocation (bailleurs et colocataires) s'appuient sur le droit général de la location, un texte qui ne dit pas un mot au sujet de l'organisation d'une colocation.
Paiement du loyer
"rarement organisé", départ des colocataires
"trop souvent conflictuel", restitution du dépôt de garantie
"seulement au départ de tous", des cautions tenues
"au-delà des souhaits des colocataires"... Les problèmes pointés du doigt par l'ADIL sont nombreux.
"Nous avons même, confie-t-elle,
rencontré des occupants dont le nom ne figurait pas sur le bail et leur avons appris qu'ils étaient sans droit ni titre". Pour remédier à cette situation, elle propose notamment
"d'établir un contrat-type et d'ajouter un formulaire explicatif précisant les implications des parties et les conséquences juridiques de leurs engagements". Une idée soutenue par Vincent Guilloux qui considère cette sorte
"charte du colocataire » comme un « élément indispensable" permettant à la fois de
"faire le point avec l'ensemble des colocataires, d'établir des règles et d'éviter des malentendus".
Parmi les autres propositions formulées par l'ADIL : la possibilité d'exclure la clause de solidarité et de la remplacer par l'obligation de souscrire une assurance :
"ne serait-il pas possible, questionne-t-elle, de renvoyer le débat vers les assureurs afin de mettre au point un produit d'assurance loyers impayés adapté à la colocation et à la rotation des colocataires ?". L'ADIL envisage également de limiter de la caution à un seul colocataire autrement dit, de designer un interlocuteur commun qui représentait les intérêts de tous auprès du bailleur ou encore, de limiter l'engagement de la caution à un seul colocataire afin de permettre aux parents qui avaient apportés leur garantie à leur enfant de ne pas restés engagés à l'égard des autres colocataires. Enfin, elle souligne également l'importance de ne pas oublier le bailleur
"qui se retrouve lui aussi confronté à un accroissement de difficultés pratiques : rotation accélérée des occupants, surpopulation difficile à maîtriser, identification des occupants..." L'appel a été lancé, reste à savoir s'il sera entendu...