De la même façon que la démarche de labellisation volontaire BBC avait anticipé la Réglementation thermique 2012, le label BBCA devrait préfigurer en partie la Réglementation Bâtiment Responsable 2020. Tel est le vœu de ses promoteurs, l'association BBCA, le CSTB et Certivéa, encouragés par Philippe Pelletier, le président du Plan Bâtiment Durable qui déclare : "Un label BBCA se situe tout à fait dans le processus de notre société qui tend vers des bâtiments sobres en énergie et à faible impact environnemental". Avant de poursuivre : "Le moment est venu de réfléchir à l'étape d'après la RT2012 et ce qui devrait être cette étape élargie, prenant en compte le confort des occupants, la production énergétique et le poids carbone pendant tout le cycle de vie du bâtiment". Cette question du carbone sera donc cruciale et complexe : car il se cache partout. Principalement dans les matériaux de construction eux-mêmes, qui représentent 56 % des émissions de CO2 entre leur extraction, leur transformation, leur transport et leur déconstruction en fin de vie, mais également dans l'énergie en phase exploitation (39 % en incluant les usages annexes comme les ascenseurs et l'informatique) ou encore dans les procédés liés au chantier lui-même (3 %). Jean-Christophe Visier, du CSTB, précise : "Pour 1 mètre carré de bâtiment, il faut compter environ 1 tonne de CO2 sur toute la durée de vie du bâtiment, dont 500 à 600 kg pour la phase construction". Il est donc important, pour les bâtisseurs, d'abaisser cette facture carbone en procédant à une construction "raisonnée", employant moins de matériaux, moins énergivore et dont les sources sont décarbonées. De même, le stockage du carbone pendant l'ensemble du cycle de vie du bâtiment et la prévision de son recyclage ou du réemploi de ses matériaux, sont des thématiques qui seront prises en compte dans le futur label BBCA.

Deux matières en tronc commun plus deux options, comme au bac !

Ce dernier consistera donc à noter sur 100 la construction, en prenant en compte la conception/construction raisonnée et la maîtrise des consommations en phase d'exploitation, et en attribuant des points supplémentaires pour le stockage du carbone et pour les aspects recyclage ou extension de la durée de vie. "L'idée est d'utiliser des matériaux biogéniques qui absorbent le CO2 et le figent pendant un temps assez long", explique Mathieu Tamaillon, directeur du département Bâtiments durables chez Artelia. Des premiers exemples d'immeubles à faible empreinte carbone sont déjà visibles à travers la France : l'association cite une résidence étudiante à Noisiel (Seine-et-Marne) constituée de modules préfabriqués en bois, dont les émissions sont réduites de 38 % par rapport à un immeuble équivalent, ou un ensemble de 140 logements à Ris-Orangis (Essonne) en bois massif (-43 % de CO2), ou encore de l'immeuble de bureaux en bois Nexity Ywood à Marseille (-50 %). Le Pavillon circulaire, présent pour quelques semaines sur le parvis de l'Hôtel de ville de Paris, fait également partie de ce panorama des solutions à faible empreinte carbone. Les prochaines étapes pour l'association BBCA seront de lancer effectivement le label dès 2016 et de tenter de l'exporter rapidement afin de s'imposer à l'international avec une variante "BBCA - Low Carbon Building", afin de damer le pion aux concurrents anglo-saxons. Puis elle se tournera vers la mise au point de deux autres référentiels, "BBCA -Rénovation" et "BBCA - Quartier" pour s'adresser à un nombre d'opérations toujours plus vaste. Les 60 membres fondateurs devraient rapidement être rejoints par d'autres acteurs de la construction : Stanislas Pottier, le président de l'association, espère franchir la barre de 200 adhérents dès la fin de l'année 2015.