Lancé en grande pompe par le ministre - alors de la cohésion sociale - Jean-Louis Borloo en 2005, le concept de "maison à 100.000 euros" semble connaître de plus en plus un effet "pschitt"... et au Havre, où plusieurs programmes ont été livrés dernièrement, la polémique enfle, jusqu'à prendre désormais une tournure judiciaire.

Des maisons à plus de 100.000 euros

En septembre dernier en effet, certains ont vite déchantés. Non seulement, la facture finale dépasse les 100.000 euros - jusqu'à avoisiner pour un bénéficiaire les 150.000 euros - mais les familles modestes bénéficiaires de ces nouvelles maison doivent, en plus, faire face à de nombreuses malfaçons. Et après avoir multiplié les démarches sans suite auprès de leur promoteur et alerté les médias, elles ont décidé désormais de saisir la justice.

Vers la désignation d'un expert

Des désordres apparaissent constamment, on se demande si on ne rêve pas, des volets qui ne ferment pas, des gouttières qui ne sont pas raccordées au réseau, un conduit de cheminée qui fuit quand il pleut, un jardin qui ressemblent aux tranchées de Verdun...", explique l'avocat de quatre des familles plaignantes qui a demandé en référé la nomination d'un expert judiciaire indépendant "pour sortir de ce marasme". Du côté du promoteur mis en cause, Les Nouveaux Ateliers Urbains, l'on nuance l'ampleur des malfaçons, "exagérées" selon lui, et l'on désigne également le constructeur dans l'échelle des responsabilités, une société lettone qui a mis au point ce concept de maisons à ossature bois. La demande en référé est d'ailleurs vue par le conseil de ce dernier plutôt comme une bonne chose, estimant que cela ramènera de la "sérénité " et "initiera le dialogue ". Le juge devrait statuer le 18 janvier prochain.

600 maisons Borloo construites sur 20.000 envisagées

Reste que peu de maisons de ce programme de "maisons à 100.000 euros" bénéficiant aux familles modestes ont finalement vues le jour - quelque 600 sur les 20.000 envisagées. Victime d'un dispositif administratif complexe, explique-t-on au ministère du logement, il n'aurait pas connu le succès escompté. En 2008 d'ailleurs, la ministre Christine Boutin a créé le concept de "maison à 15 euros par jour", fondé sur le même principe mais plus simple, pour arranger les choses.