Avec l'adoption du projet de loi par le Sénat, jeudi 21 juin, la réforme du crédit à la consommation est définitivement engagée. Principales mesures et calendrier de mise en application.
La ministre de l'économie, Christine Lagarde, s'est félicitée ce jeudi de l'adoption par le Sénat de son projet de loi tant attendu engageant la réforme du crédit à la consommation, destinée à rendre la commercialisation du crédit plus responsable et ainsi, à mieux protéger les Français des risques du surendettement. Lors de la première présentation du texte à l'Assemblée Nationale, Christine Lagarde l'avait présenté comme tel :
"Cette réforme tend vers un unique objectif : supprimer les abus et les excès du crédit à la consommation et faire en sorte que les prêteurs répondent de façon plus responsable et plus adaptée qu'aujourd'hui aux besoins de financement des consommateurs."
Une réforme dont le calendrier d'application a été dévoilé par la Ministre, avec un mot d'ordre : rapidité. De quoi satisfaire les associations de consommateurs qui l'attendent depuis longue date. La publication de la loi au Journal officiel devrait intervenir dès les premiers jours de juillet : entreront alors immédiatement en vigueur la suppression des pénalités libératoires au Trésor Public - qui servent jusqu'à présent à obtenir la radiation du fichier central des chèques -, et la création d'un comité chargé de préfigurer la création d'un registre national des crédits. Ce dernier doit permettre de recenser l'ensemble des crédits contractés dans l'Hexagone et pourrait être consulté à chaque nouvelle demande de crédit. La création de ce fichier reste toutefois un point discutable pour les associations de consommateurs qui craignent une atteinte aux libertés individuelles.
Suivront ensuite 14 décrets et 4 arrêtés. En septembre, devrait entrées en vigueur, les mesures visant à encadrer la publicité, le développement du micro-crédit et le rachat de crédit. Autre réforme d'importance à cette date, celle de l'assurance-emprunteur, prévoyant la suppression de la possibilité pour les banques d'imposer au souscripteur l'assurance-emprunteur qu'elles commercialisent, l'instauration d'une obligation de motiver tout refus de délégation d'assurance et enfin l'interdiction de moduler le taux de crédit en fonction de la décision ou non de l'emprunteur de recourir à l'assurance de la banque.
En novembre, cela sera au tour des réformes concernant le surendettement et le Fichier central des incidents de remboursements des crédits (FICP). Ensuite, en avril 2011, est prévue celle du taux d'usure pour le crédit à la consommation. Le processus s'achèvera enfin, en mai 2011, avec l'entrée en vigueur des mesures visant à : encadrer le crédit renouvelable, permettre le choix du consommateur entre un crédit amortissable et renouvelable, l'instauration de sécurités à l'entrée du crédit et l'obligation de cartes de fidélités responsables.
Les principales mesures de la réforme
- Transposition dans le code de la consommation de la directive communautaire du 23 avril 2008 - Mise en place d'un comité chargé de préfigurer la création, d'ici à 12 mois, d'une "instance de préfiguration" d'un fichier positif du surendettement (registre national des crédits). - Encadrement de la publicité : elle devra communiquer sur le taux d'intérêt réel du crédit (ou taux effectif global) et non sur un taux promotionnel. Dans le cas du crédit renouvelable, la mention "crédit renouvelable" devra figurer expressément. - Encadrement du crédit renouvelable : les échéances du crédit devront nécessairement comprendre une partie du principal et pas uniquement des intérêts. - Obligation d'informer une fois par an l'emprunteur sur le montant du capital avec les échéances mensuelles restant dues - Liberté de choix de l'assurance emprunteur des crédits immobiliers - Cartes de fidélité : la carte qui comprend une enveloppe de crédit utilisable pour des achats devra aussi permettre le paiement au comptant. L'utilisation de l'enveloppe de crédit avec accord exprès du client. Interdiction de subordonner des avantages commerciaux à l'utilisation de la fonction crédit. - Encadrement du crédit sur le lieu de vente : le vendeur devra consulter le fichier des incidents de paiement (FICP), avant d'accorder un crédit. - Obligation pour le vendeur de remplir une "fiche de dialogue" avec l'emprunteur, de proposer pour un prêt supérieur à 1.000 euros le choix entre un crédit renouvelable et un crédit classique. - Alignement des commissions touchées par le vendeur quel que soit le type de crédit octroyé - Délai de rétractation étendu de 7 à 14 jours - Réforme du taux de l'usure (actuellement fixés selon le type de crédit, leur taux dépendra du montant emprunté, pour ne pas favoriser un crédit plutôt qu'un autre). - Développement du microcrédit - Traitement du surendettement : délai moyen de traitement des dossiers de surendettement ramené de 18 à six mois. Durée maximum d'un plan de remboursement sera de 8 ans, contre 10 aujourd'hui. Celle du fichage à la Banque de France, qui empêche de contracter de nouveaux crédits, ramenée de 10 à 5 ans. - Protection des personnes ayant déposé un dossier de surendettement : les banques ne seront pas informées du dépôt avant que le dossier ait été jugé recevable par la commission de surendettement, afin d'éviter qu'elles ne clôturent instantanément les comptes de la personne concernée.