L'annonce a été faite par Nicolas Sarkozy le 20 octobre dernier. Dans un discours portant sur la réforme des collectivités territoriales, il a indiqué vouloir
"actualiser les valeurs locatives" et ce,
"avant la fin de l'année". Les valeurs locatives ... Un terme technique qui parle aux professionnels de l'immobilier mais pas forcément au grand public. Alors, de quoi s'agit-il ? Elles correspondent au loyer théorique annuel susceptible d'être appliqué au logement taxé s'il était mis en location. Une référence qui sert ensuite de base au calcul des
taxes d'habitation et foncière.
Pourquoi vouloir les réformer ? Tout simplement parce qu'elles n'ont pas été réévaluées depuis près de 40 ans et qu'elles sont devenues inégales entre les contribuables. Alors qu'ils habitent la même commune, certains ménages occupant un HLM vétuste se retrouvent ainsi surtaxés, tandis que d'autres, installés dans des logements de haut-standing, payent des sommes dérisoires. De même, une personne habitant dans Paris paie des taxes qui ne tiennent pas compte de l'explosion des prix du marché immobilier. Une situation dénoncée par la Cour des Comptes qui, dans son rapport annuel, faisait remarquer que
"l'absence de révision générale des bases depuis 1970, combinée à une mise en œuvre trop restreinte des procédures d'actualisation par les services fiscaux, dans le cadre du droit existant, produit une situation obsolète et inéquitable".
Afin de rétablir un certain équilibre, il faudrait donc que la Direction générale des Finances publiques (DGFiP) réactualise ces valeurs locatives. Ce qui provoquerait une hausse des taxes locales relativement salée,
"jusqu'à 50% de l'impôt payé, étalée sur plusieurs mois" d'après le journal Les Echos. Cette perspective inquiète les élus locaux qui craignent de voir leurs concitoyens mis en difficulté. Des craintes qui, pour Xavier Valli, professeur à l'Université Aix-Marseille III, sont justifiées.
"Dans les quartiers du centre de certaines villes, rénovés et embourgeoisés, expliquait-il mardi à l'AFP,
les impôts exploseront par rapport à ce que certaines personnes, qui y vivent depuis longtemps, peuvent payer".
De leurs côtés, les professionnels de l'immobilier tirent également la sonnette d'alarme. L'UNPI a ainsi tenu à attirer l'attention des pouvoirs publics sur le fait que la modification des valeurs locatives risquait de provoquer une nouvelle augmentation de la taxe foncière. Une hausse qualifiée
"d'insupportable" pour tous ceux ont déjà subi d'autres hausses ces dernières années. Face à ces réactions, Nicolas Sarkozy a tenté d'apaiser les esprits en rappelant son souci d'équité et en précisant que
"des marges de manœuvres seraient proposées aux élus".
Toujours d'après le quotidien Les Echos, la réforme ne s'appliquerait dans un premier temps
"qu'aux 3 millions de locaux commerciaux et aux 40 millions de logements privés ensuite". Différentes options sont envisagées pour accélérer sa mise en application : l'ajout d'un article au collectif budgétaire de fin d'année, par exemple, ou un amendement à la loi de Finances 2010. Toutefois, pour l'heure, rien n'a encore été décidé par Bercy.
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