Conforama - enseigne © MD - MAP
Mardi 5 mai, le ministère de la Santé a demandé à l'Afsset de déterminer si les logements des victimes de fauteuils vendus par Conforama, ayant entraîné des réactions allergiques, ont été contaminés. Des analyses qui pourraient débuter courant mai. Un soulagement pour l'association des victimes. Explications.
Le 6 mai, l'Afsset (Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail) est saisie d'urgence par le Ministère de la santé. Un soulagement pour l'ensemble des victimes de fauteuils allergènes vendus par Conforama qui attendent depuis de longs mois cette expertise.
Rappel des faits. En septembre 2008, près de 400 consommateurs, ayant été en contact avec les fauteuils de relaxation vendus par Conforama, souffrent de graves allergies. En cause : une substance toxique (le diméthyl furamate, DMFu) présente dans les sachets anti-moisissures. En effet, le DMFu est un produit biocide, à l'origine d'importantes allergies cutanées. Les premiers cas signalés officiellement l'ont été au Royaume-Uni et en Finlande. Ils concernaient cinq personnes atteintes de dermatoses allergiques sévères, après contact avec des mobiliers. Ces symptômes ne sont cependant pas spécifiques du contact avec ce produit, ce qui rend plus difficiles les investigations.
En France, l'Institut de veille sanitaire (InVS) transmet l'alerte aux centres antipoison et de toxicovigilance (CAPTV). Dès l'automne 2008, le Comité de coordination de toxicovigilance (CCTV) lance un travail de recensement et de synthèse de l'ensemble des cas pouvant être liés à une exposition au DMFu. Parallèlement, le 4 décembre 2008, le gouvernement français prend un arrêté pour suspendre la mise sur le marché des chaussures et des fauteuils ou canapés contenant du DMFu. Le 9 mars dernier, le CCTV rend alors son rapport au Ministère de la santé. Les résultats sont accablants : "les analyses des objets mis en cause pour certains des cas par le Ministère de l'économie ont notamment permis de confirmer de façon certaine l'imputabilité de 28 cas". Le 17 mars, la Commission européenne décide alors "d'interdire la commercialisation et la mise sur le marché de tous les produits contenant du DMFu pour une durée d'un an, renouvelable".
Pour les victimes françaises, l'affaire ne s'arrête pas là. Suite à une plainte collective déposée en février dernier par le collectif "Rouannez-Anna" contre Conforama, ce dernier verse aux victimes entre 3.000 et 4.000 euros. Cependant, l'association n'a pas fini son combat. En effet, même après avoir jeté le fauteuil en question, les victimes et les autres membres des familles des victimes continuent de souffrir de troubles sévères. Le collectif sollicite alors la Ministre de la santé et demande que soient réalisées des mesures de DMFu dans l'air intérieur de leur logement.
Courant avril, trois victimes, dont la présidente de l'association Claudette Lemoine, entament même une grève de la faim dans l'attente d'un engagement concernant la réalisation de ces mesures ! Leur montant s'élevant à environ 8.000 euros, les victimes refusent de devoir payer de leur poche.
Une initiative qui a payé. L'Afsset devra, dans un premier temps, "évaluer les risques de contamination du DMFu pouvant subsister dans les logements des victimes se plaignant de troubles de santé rémanents". Dans un second temps, il "évaluera la pertinence de réaliser des essais d'émission et de migration du DMFu dans les différents matériaux (cuirs, textiles, carton ...) afin de mieux connaitre les capacités de diffusion de cette substance". En fonction des résultats des mesures obtenus, une étude des effets toxiques du DMFu et des substances homologues sur la santé, liés à une exposition à ce produit, en population générale et professionnelle devra alors être effectuée. L'Afsset a également engagé depuis le 15 avril dernier, "une procédure de restriction au niveau européen dans le cadre du règlement REACh (ndlr : enregistrement, évaluation, et autorisation des substances chimiques) visant à l'interdiction de la production de DMFu et de la mise sur le marché de produits contenant cette substance".