Les murs d'une maison s'apparentent à une peau dont l'objectif est de séparer deux milieux, en l'occurrence l'intérieur et l'extérieur, qui présentent des niveaux d'humidité différents.
Avant d'aller plus loin, un petit rappel de physique s'impose : "
L'air a la capacité de stocker une certaine quantité de vapeur d'eau, qui varie selon la température : un air chaud peut contenir davantage de vapeur d'eau qu'un air froid", explique Jean-Luc Delpont, thermicien chez Heliasol. Lorsque l'air est saturé en humidité et que sa capacité de stockage est dépassée, il y a condensation. Ce phénomène est par ailleurs couplé à un autre principe physique : l'humidité migre naturellement du milieu le plus saturé vers le milieu le moins saturé. Ainsi, en hiver, la vapeur d'eau circule de l'intérieur d'un logement vers l'extérieur en transitant par les murs.
Laisser la vapeur d'eau sortir du bâtiment
L'enjeu consiste à faciliter ce transit pour éviter que la vapeur d'eau ne reste bloquée à l'intérieur des parois, ne se condense et n'endommage les matériaux en favorisant l'apparition de moisissures ou même le gel. "
Si l'eau piégée gèle, comme le volume de la glace, est supérieur à celui de l'eau liquide, cela peut provoquer des fissures ou faire éclater des enduits", décrit Jean-Luc Delpont.
La perspirance désigne donc la capacité d'un mur à laisser transiter cette vapeur d'eau. Pour éviter les risques évoqués, la conception du mur doit suivre une logique de perspirance croissante. Concrètement, la couche interne doit être moins perspirante que la couche externe, la plus proche de l'extérieur.
L'objectif est d'orienter progressivement le flux de vapeur vers l'extérieur. Si la vapeur entre trop rapidement dans le mur, elle risque de saturer l'espace avant d'avoir eu le temps de s'échapper, augmentant ainsi le risque de condensation.
Attention également aux
ponts thermiques : ils peuvent générer des problèmes de condensation et devront donc faire l'objet d'une conception soignée.
Une paroi extérieure plus perméable
Cette perspirance croissante dépend des matériaux employés pour composer la paroi et de leur ordre de mise en œuvre. Deux indicateurs permettent de la mesurer : Le Mu (μ), qui évalue la résistance d'un matériau au passage de la vapeur d'eau (plus il est élevé, plus le matériau bloque la vapeur. Par référence, l'air a un μ de 1). Le Sd (μ × épaisseur du matériau en mètres), qui exprime cette résistance en "
épaisseur d'air équivalente".
Un mur perspirant doit avoir un Sd décroissant de l'intérieur vers l'extérieur pour éviter l'humidité piégée. Les isolants, qu'ils soient biosourcés ou non, sont généralement très perspirants. Mais avant même de poser ces isolants, c'est bien le pare-vapeur qui joue un rôle essentiel. "
Je préfère parler de frein vapeur", précise Jean-Luc Delpont. Pour rappel, l'enjeu n'est pas de bloquer la vapeur d'eau, mais bien de réguler son passage, afin qu'elle transite progressivement vers l'extérieur.
La paroi extérieure et son enduit/finition ne doivent pas non plus être trop étanches, afin de permettre à l'humidité de s'échapper naturellement, même si ce processus ne peut être évité à 100%. Pour favoriser cette évacuation, il est conseillé d'opter pour une finition plus perméable, comme un enduit chaux-sable, plutôt que des enduits ciment.
Que se passe-t-il en été ?
En période estivale, l'air extérieur étant plus chaud et plus humide que l'air intérieur, un flux de vapeur peut se créer dans le sens inverse, de l'extérieur vers l'intérieur.
Des freins vapeurs hygrovariables constituent alors une solution efficace puisqu'ils s'adaptent aux variations saisonnières, favorisant ainsi une meilleure gestion de l'humidité dans les deux sens.