Passoires thermiques : quelles aides pour rénover un logement F ou G ?

    Publié le 10 mars 2025 par Lucien Brenet
    FICHE PRATIQUE. Les propriétaires de logements classés F et G au diagnostic de performance énergétique (DPE) peuvent encore bénéficier d'aides à la rénovation énergétique en 2025 et réaliser des rénovations par geste.
    Depuis le 1er janvier 2025, les logements classés G au DPE sont interdits à la location, car considérés comme des passoires thermiques et jugés indécents.
    Suivront les logements classés F en 2028 et E en 2034. "Les interdictions à la location ne s'appliquent qu'à partir du moment où le bien est remis en location ou à un nouveau locataire", précise Baptiste Augereau, chef de projets rénovation d'envergure chez Hellio.
    Pour les autres propriétaires, dans les faits, s'ils souhaitent remettre leur bien sur le marché, ils devront passer par la case rénovation énergétique. Pour ce faire, ils pourront mobiliser les aides mises en place par les pouvoirs publics.

    MaPrimeRénov' : le dispositif phare de la rénovation énergétique

    Le dispositif le plus connu reste MaPrimeRénov'. Mis en place en 2020 et géré par l'Agence nationale de l'habitat (Anah), il est doté d'une enveloppe de 3,4 milliards d'euros pour 2025, avec pour objectif le financement de 100.000 rénovations d'ampleur et 250.000 rénovations par geste. L'aide est accessible aussi bien aux propriétaires occupants qu'aux bailleurs.
    Dans le cadre des maisons individuelles, deux parcours sont disponibles :
    - MaPrimeRénov' : Parcours par geste
    - MaPrimeRénov' : Rénovation d'ampleur

    Un dispositif autorisé jusqu'en 2026 pour les passoires thermiques

    La rénovation par geste est accessible aux propriétaires occupants comme aux bailleurs. Comme son nom l'indique, elle implique de réaliser des travaux ciblés. Cependant, pour les propriétaires bailleurs d'une maison classée F ou G, MaPrimeRénov' Parcours par geste ne sera accessible que jusqu'au 1er janvier 2026. L'État cherche ainsi à inciter les propriétaires à privilégier des rénovations d'ampleur, jugées plus efficaces.
    D'ici là, les propriétaires bailleurs de maisons classées F ou G peuvent encore en bénéficier sous certaines conditions. Le logement doit, par exemple, être occupé comme résidence principale au moins huit mois par an. Il doit avoir été construit depuis au moins 15 ans (ou deux ans en Outre-Mer).
    Cette durée est réduite à deux ans si le propriétaire installe un nouvel équipement de chauffage et/ou de production d'eau chaude sanitaire en remplacement d'une chaudière au fioul. Le propriétaire bailleur devra également louer son bien comme résidence principale pendant six ans, et ce, dans un délai d'un an après le paiement du solde de la prime.
    A noter : l'obligation de fournir un DPE pour les demandes d'aides MaPrimeRénov' Parcours par geste a été levée jusqu'au 31 décembre 2025. Dès le 1ᵉʳ janvier 2026, il sera obligatoire de réaliser un DPE ou un audit énergétique avant d'entreprendre les travaux (sauf pour les logements situés en Outre-Mer).

    Favoriser les rénovations d'ampleur

    Comme son nom l'indique, MaPrimeRénov' Rénovation d'ampleur concerne les travaux de grande envergure. Ceux-ci doivent permettre un gain énergétique d'au moins deux classes sur le DPE afin d'atteindre au minimum la classe D pour un logement initialement classé G.
    Si cet objectif est atteint, un bonus de sortie de passoire thermique de +10% s'ajoute à la prime de base, afin de rendre ces rénovations plus attractives.
    Un audit énergétique devra être réalisé par un professionnel RGE (Reconnu Garant de l'Environnement) avant et après les travaux pour attester du nouveau classement énergétique du logement. Le programme de rénovation devra comprendre au moins deux gestes d'isolation parmi :
    - Toiture
    - Fenêtres/menuiseries
    - Sols
    - Murs
    Les travaux éligibles au 1ᵉʳ janvier 2025 sont consultables en ligne.

    Une baisse des aides à prévoir

    De manière générale, le montant des aides va être revu à la baisse en 2025. Pour les rénovations par geste, l'aide à l'installation d'équipements bois ou biomasse diminue de 30%.
    Les avances de fonds pour la rénovation par geste passent de 70% à 50% du montant de l'aide pour les ménages modestes. Concernant les rénovations d'ampleur, les aides aux ménages aux revenus élevés diminuent également. Si le logement gagne 2 classes énergétiques, l'aide passe de 30% à 10%. Si le logement gagne 4 classes énergétiques, l'aide passe de 35% à 20%.

    Des aides locales et des dispositifs complémentaires

    Les propriétaires peuvent aussi mobiliser des aides financières régionales pour leurs travaux de rénovation énergétique. Elles sont recensées par l'Agence Nationale pour l'Information sur le Logement (Anil) à travers une carte interactive.
    Les bailleurs possédant une passoire thermique peuvent également bénéficier des Certificats d'Économie d'Énergie (CEE). Ce dispositif oblige les fournisseurs d'énergie à financer des actions visant à réduire la consommation énergétique des particuliers et des entreprises.
    En revanche, il n'est désormais plus possible d'utiliser le chèque énergie pour financer une rénovation.

    Rénover un logement classé G : une affaire d'arbitrage

    Pour un propriétaire bailleur, la réglementation interdit la location des logements classés G, ce qui entraîne une impossibilité de louer et donc une perte financière directe. Il devient impératif d'engager des travaux de rénovation énergétique pour pouvoir remettre le bien sur le marché locatif.
    "Pour un propriétaire occupant, la question se pose différemment. L'enjeu principal est de choisir les bons travaux d'isolation pour améliorer la classe énergétique du bien sans trop impacter le confort", explique Baptiste Augereau.
    L'audit énergétique permet d'identifier précisément les murs à isoler pour atteindre la performance souhaitée tout en limitant la perte de mètres carrés.
    "Il ne s'agit pas forcément d'isoler tous les murs, mais de trouver un compromis entre efficacité énergétique et conservation de l'espace, surtout si le propriétaire envisage de vendre son bien. Selon une étude des notaires de France, un bien classé G perd entre 5 et 7 % de sa valeur par rapport à un bien classé D", poursuit le chef de projets.
    A l'inverse, plus la classe énergétique s'améliore, plus la valeur du bien augmente, ce qui peut compenser la perte de surface liée aux travaux.
    Enfin, pour un propriétaire bailleur, la rentabilité du bien peut être affectée par l'encadrement des loyers dans certaines zones. Une perte de mètres carrés due aux travaux d'isolation peut entraîner une baisse du loyer autorisé, réduisant ainsi le rendement locatif.
    Passoires thermiques : quelles aides pour rénover un logement F ou G ?
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