« L'achat impulsif, c'est fini »
Maison à part : Quels conseils donneriez-vous à un particulier qui souhaite faire construire sa maison ?
C. L.-V. : Le premier des conseils, c'est déjà de faire construire sa maison. Le deuxième, c'est de passer par des gens qui travaillent dans le cadre du contrat de construction de maison individuelle.
Ensuite, une fois que le particulier aura décidé de travailler dans un périmètre sécurisé, il convient de comparer, de discuter. Il faut se renseigner. L'achat impulsif, c'est terminé.
Autre point important : il faut surtout bien déterminer la localisation. Environnement, voisinage, commerces, écoles… le lieu est important. Avec un bon emplacement, vous passez au travers de toutes les crises. Dans le cadre de revente, c'est aussi un moyen de sécuriser le bien, sa valeur. Par contre, il faut quand même regarder à périmètre raisonnable pour les écoles, pour un tas de choses. La maison ne soit pas être un point de cristallisation de problématiques familiales plus tard. Au contraire, elle doit être un espace favorisant la vie en famille.
Maison à part : Le contrat de construction de maison individuelle loi de 1990 a 15 ans, quel est le bilan… ?C. L.-V. : La part de marché des constructeurs qui appliquent le contrat de construction de maison individuelle n'a cessé de croître selon les années De l'ordre de 100.000 maisons sont aujourd'hui construites avec ce contrat. C'est un chiffre qui est régulièrement croissant. J'estime qu'avoir aujourd'hui un tel pourcentage de réalisations avec une loi qui n'a que 15 ans et pas obligatoire est un succès. Car on peut très bien travailler avec un contrat de louage d'ouvrage, c'est légal.
Aujourd'hui, le consommateur cherche à avoir une réponse globale : un produit global, une offre globale, un seul responsable… Il n'a pas envie d'aller butiner des responsabilités à droite et à gauche. Pour cela, je crois que le louage d'ouvrage en tant que tel est moins sécurisant pour le consommateur.
Maison à part : Sur quels points est-il moins sécurisant ?
C. L.-V. : Dans un contrat de construction de maison individuelle loi de 1990, le prix est fixé par rapport à une qualité et délai parfaitement définis. Vous disposez d'un responsable pour l'ensemble de la réalisation de votre contrat. Ce dernier est en plus obligé d'avoir une caution financière d'achèvement dans le cas où surviendrait une défaillance dans la gestion de l'entreprise, comme le dépôt de bilan ou des retards accumulés, qui feraient l'objet d'indemnités calculées dès le départ par jour de retard (c'est 1/3000ème par jour de retard de prix).
Il n'y a pas de maillon faible dans le système. Il y a vraiment une couverture en continu du maître d'ouvrage.
Maison à part : Quels sont les recours en cas de litige ?
C. L.-V. : En cas de litige, le particulier n'a qu'un seul interlocuteur. Le constructeur est substitué dans sa responsabilité par une compagnie d'assurance qui elle va assumer la totalité du contrat.
En revanche, s'il y a un litige de fond, le maître d'ouvrage assigne l'entreprise auprès du tribunal de grande instance qui désigne un expert qui tranche.
En cas de difficultés rencontrées postérieurement à la remise des clés, le contrat de construction de maison individuelle intègre obligatoirement une assurance de dommage ouvrage qui dure 10 ans après la réception de l'ouvrage. Il s'agit de la structure assurantielle qui va prendre le relais du constructeur défaillant mais après la remise des clés. S'il y a un constat de malfaçons, d un vice de construction, d'un préjudice quelconque (infiltrations…), ou si l'entreprise n'intervient pas dans les délais prescrits, le maître d'ouvrage prévient l'entreprise, elle fait appel à la dommage-ouvrage qui envoie un expert…
Maison à part : L'acquéreur peut-il se rétracter une fois le contrat signé ?
C. L.-V. : Construire est un acte économique lourd qui engage aussi beaucoup celui qui va faire : il passe à des commandes à d'autres gens qui comptent là-dessus pour faire un chiffre d'affaires, payer des collaborateurs…Il y a toute une chaîne de responsabilités. Une fois que le tout a été signé, qu'il a levé les conditions suspensives (permis de construire et financements), normalement, on ne peut pas se rétracter. Il y a des clauses. Il faut à ce moment-là s'arranger avec le constructeur. Ça arrive, comme avec des décès ou des divorces qui provoquent des difficultés. A ce moment-là, c'est le juge qui tranche. C'est la loi du contrat.
Maison à part : Aujourd'hui, combien de maisons sont-elles construites sous le label marque NF ?
C. L.-V. : Je pense qu'il y en a entre 15 et 20000 par an. Le fait d'avoir lancé la marque NF a lancé un processus qualitatif général. Il y a aussi maintenant la Maison de qualité, qui n'est pas une démarche de certification mais une démarche d'accompagnement qualitatif positive puisqu'elle est plus à vocation d'accompagnement marketing du constructeur sur la qualité.
Maison à part : Comment voyez-vous le marché en 2007 ?
C. L.-V. : Il devrait être encore de bonne tenue. Bien sûr, la clientèle est très dépendante des niveaux d'endettement. Les revenus ne sont pas extensibles à l'infini et les taux d'intérêt ont plutôt tendance aujourd'hui à frétiller vers le haut. On voit bien qu'il faut qu'il y ait une politique du logement saine, lucide… Le soutien de la collectivité à l'accession à la propriété, sous forme d'encouragement, de bonification, de système de défiscalisation… est une nécessité.
Les délais plus longs pour financer un bien immobilier et l'hypothèque rechargeable sur la maison peuvent être de nature à favoriser une fluidification du marché. Mais ce n'est pas non plus élastique
ad vitam eternam, puisqu'on est dans un système économique et culturel avec des marquages sociaux forts. On n'a pas encore trouvé le Paul Poiret qui a libéré le corset culturel de la France en matière économique.