Quelles sont les causes des inondations récurrentes auxquelles le Pas-de-Calais fait face actuellement ? Quelles mesures d'urgence peuvent et doivent être mises en place ? Quelles leçons peut-on tirer de cette situation ? Patrick Coulombel, co-fondateur de la Fondation Architectes de l'urgence répond à toutes ces questions dans un communiqué de l'association spécialisée publié ce 5 janvier. "Les inondations sont consécutives à de fortes précipitations et un système d'évacuation des eaux pluviales défaillant. Dans le cas du Nord-Pas-de-Calais, il apparaît évident que l'absence de gestion globale du bassin versant des fleuves et des rivières concernés est la raison principale des inondations", indique ainsi Patrick Coulombel. Qui évoque notamment les mesures prises dans le département voisin pour endiguer ces phénomènes : "(...) depuis 2001, des évolutions majeures ont eu lieu dans le département voisin, la Somme, grâce à d'importants travaux sur les ouvrages d'évacuation d'eau et la création d'écluses. Ces efforts ont transformé les inondations potentielles en un lointain souvenir malgré les récentes intempéries de novembre 2023."

Deux mesures d'urgence majeures

Pour pallier l'urgence, deux mesures sont préconisées par l'architecte : la pose de barrières anti-crue "dans la mesure où cela est possible (...) protégeant les zones habitées le long des berges, des rivières et des différents cours d'eau, est une solution efficace", indique-t-il. La deuxième solution consiste à utiliser un système de pompage de grande capacité. Cette solution "se révèle être une stratégie efficace, permettant non seulement d'empêcher les débordements, mais également d'évacuer les cours d'eau en crue".

Des recommandations pour l'avenir

Après les mesures d'urgence, comment anticiper l'avenir ? Sur cette partie-là, la responsabilité des pouvoirs publics est grande, précise le professionnel : "A partir du moment où il y aura une vraie politique de gestion du bassin versant avec des entretiens continus sur le long terme, une grande partie des inondations pourra être évitée. Le rehaussement des berges fait partie des travaux lourds à entreprendre et qui fonctionnent très bien. Il convient d'évacuer l'eau par des systèmes adaptés de pompage préventif basés sur des systèmes d'alerte bien en amont des inondations. Ce système contrôlé de pompage de grosses capacités adaptées au volume à traiter, doit être mis en place de façon fixe et en gestion sur le très long terme. Il faudra aussi augmenter les surfaces tampon, réservoirs permettant d'évacuer des autres crues sur des secteurs qui pourront les stocker temporairement", détaille-t-il. Stopper l'artificialisation des sols est également, selon Patrick Coulombel, un point qui permettra de réduire les inondations, "mais ceci ne sera valable que si la nappe n'affleure pas." Enfin, en ce qui concerne les constructions, le co-fondateur d'Architectes de l'urgence l'affirme : "Un soutien accru aux populations est nécessaire pour leur permettre de résider de manière plus sûre dans ces zones inondables et de faire face à des crues allant de quelques jours à quelques semaines, dans des proportions gérables pour l'habitation. Cela implique des ajustements tels que l'aménagement d'étages habitables et la disposition des niveaux inondables au rez-de-chaussée des habitations." En effet, insiste-t-il, le déplacement de population n'est pas forcément la solution : "Il est tout à fait possible de vivre dans des zones inondables, lorsque les inondations ne sont pas torrentielles. Pour cela, il suffit d'adapter les constructions à 'l'inondabilité'." Matériaux résistants à l'eau, aménagement adapté des espaces de vie, travaux de rehaussement... plusieurs solutions peuvent ainsi être envisagées.