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Selon une étude menée par l'ADIL 75, les copropriétaires parisiens préfèrent investir dans des travaux d'embellissement de leur immeuble, plutôt que dans des améliorations aboutissant à des économies d'énergie. Les principaux obstacles sont le prix des travaux, et le manque d'implication des propriétaires, en particulier les bailleurs.
A l'heure où les pouvoirs publics encouragent les propriétaires à engager des travaux d'amélioration des performances énergétiques de leur logement, les immeubles sont à la traîne. Et pour cause : lorsqu'il faut mettre d'accord des dizaines, voire une centaine de copropriétaires, sur la teneur et le montant des travaux, la tâche est quasi impossible.
Cette situation est particulièrement courante dans la capitale, où les immeubles sont omniprésents. L'Agence départementale d'information sur le logement (ADIL) de Paris a interrogé 500 propriétaires pour analyser leur vision des travaux et les difficultés qu'ils rencontrent.
"Il s'agit du public de l'ADIL 75, des personnes qui ont fait appel à nous, donc les résultats ne peuvent pas être extrapolés à l'ensemble des copropriétés", tempère Dominique Gadeix, porte-parole de l'organisme.
Toutefois, les résultats confirment que la rénovation énergétique n'est pas la priorité des copropriétaires. Si 93% des personnes interrogées envisagent de faire réaliser des travaux dans leur bâtiment, les chantiers les plus votés (60% des répondants) concernent l'embellissement de l'immeuble : ravalement de la façade, réfection de la toiture et rénovation de la cage d'escalier.
"Ce sont des travaux visibles, rassurants, et intéressants si l'on envisage de revendre son bien", indique Dominique Gadeix.
A l'inverse,
"ce qui est moins visible est moins fréquent" : la pose de compteurs individuels, le remplacement de la chaudière ou, plus grave, la mise aux normes électriques des parties communes. Les chantiers obligatoires, comme la mise aux normes des ascenseurs,
"sont réalisés mais souvent avec du retard".
Quant aux travaux d'économies d'énergie, ils ne représentent que 10% des chantiers envisagés par les personnes interrogées. Ces améliorations pourraient pourtant, à terme, aboutir à une réduction des charges de copropriété : en remplaçant la chaudière par un modèle plus performant, par exemple,
les dépenses en chauffage baisseront nécessairement. Idem pour l'isolation thermique par l'extérieur, qui apportera un confort et permettra de moins chauffer l'ensemble de l'immeuble.
Le premier point de blocage évoqué est
le prix des travaux,
"alors que les propriétaires interrogés ont des revenus confortables, des charges raisonnables, et qu'ils ont, pour la plupart, fini de rembourser leur prêt", précise Dominique Gadeix. Les bailleurs sont d'autant moins motivés qu'ils ne profitent pas directement du confort apporté par ces modifications.
"Ils jugent qu'ils n'ont aucune garantie d'un retour rapide sur investissement", ajoute le porte-parole de l'ADIL 75.
Alors, quelles pistes pour encourager la rénovation énergétique dans les immeubles ?
"Anticiper la solvabilité en planifiant les travaux", ce qui est prévu par la loi de Finances 2015, qui instaure un fonds de roulement pour
financer les chantiers importants.
Mais aussi,
encourager les propriétaires à s'impliquer dans la vie de leur copropriété. Selon 59% des répondants, les bailleurs, très souvent absents aux assemblées générales, empêchent le vote des travaux. Ces réunions annuelles sont, par ailleurs, mal préparées :
"la mise en concurrence des entreprises n'est pas suffisante et les devis sont parfois incomplets", explique Dominique Gadeix. Au syndic, donc, de faire son travail de manière exhaustive, en demandant au moins trois devis très détaillés par type de travaux.
Enfin, 23% des propriétaires interrogés ont évoqué des difficultés avec l'entreprise en charge des travaux, lorsque le chantier est lancé. Pas de quoi
encourager les copropriétés voisines à se lancer !