Des façades en palettes de bois, composées de portes ou des fenêtres... Stéphane Malka ne manque pas d'imagination. Cet ancien graffeur vient de publier "Le Petit Pari(s)", un ouvrage où il livre sa vision de l'architecture : originale et engagée. Découverte.
Pas de doute, Stéphane Malka est singulier dans le petit monde de l'architecture. Parfois original, peut-être trop pour certains, il explore le milieu urbain sous toutes ses coutures : ses rues, ses murs, ses façades. Autant d'éléments qu'il aime tricoter et détricoter. Qu'il aime embellir, transformer, voire reconquérir. Repenser la ville est pour lui une évidence. Un terrain de jeu qu'il pratique depuis plusieurs années déjà.
Graffeur dans les années 80, il a réalisé de nombreuses fresques, des pochoirs, des collages sur des bâtiments en ruines, des terrains vagues : le street-art lui colle à la peau : "
Le graffiti est révélateur des lieux. D'ailleurs, les graffeurs cherchent les sites les plus vus qui se trouvent néanmoins en retrait des espaces classiques. En peignant ces lieux atypiques, j'ai senti leur vrai potentiel", confie l'architecte.
Cet explorateur, qui vient de publier "Le petit Pari(s)", est donc passé du statut de graffeur à architecte : "
L'art urbain a le vent en poupe et beaucoup de me confrères s'en inspirent pour créer. Moi j'ai en quelque sorte fait le chemin inverse : je suis issu de l'art urbain et je me suis orienté par la suite vers l'architecture", raconte-t-il. Aujourd'hui, Stéphane Malka travaille sur des toits, des dents creuses, des murs pignons, des extensions tout en intégrant des principes d'économie : "
La crise sociale m'a amené à repenser l'architecture. Cette nécessité économique nous incite à chercher des solutions. Dans ces moments de tension, on réalise l'importance de développer une architecture pour l'individu", précise le concepteur. Et de compléter : "
L'utopie estampillée sur mes projets, n'est pas tant architecturale, mais plutôt humaine car elle place au centre du projet l'Homme, pas comme une mesure, une échelle, mais ses revendications". Son opération "Green machine" illustre bien ces propos puisqu'il s'agit d'une oasis mobile tirant parti des éléments hostiles du désert Saharien : le soleil puissant, le vent et la forte amplitude thermique entre les températures diurnes et nocturnes. Une sorte de ville nomade tout équipée et écologique.
Jamais conventionnel, Stéphane Malka décrit son architecture comme
"une alternative, un contre-modèle face au corpus architectural, une dissidence contemporaine cherchant à débusquer des solutions pour les sans-grades". Dans cette optique, il a imaginé des logements constitués d'une façade en palettes de bois d'
industrie. Un tour de force et une manière de montrer que l'on peut construire durable avec des matériaux peu chers, non fabriqués dans des usines énergivores. Toujours dans le même esprit, le projet "Art Four", met en scène une façade composée d'une combinaison de fenêtres de récupération montées et assemblées. "
C'est toujours intéressant de se réapproprier les matériaux, les objets. On produit beaucoup, il faut donc penser à réutiliser tout ça", explique l'architecte. Et si l'on pense que ces projets sont utopiques, il n'en est rien. Certains d'entre eux émergent comme les abris furtifs verticaux A-Kamp47 situés à la Friche de La Belle de Mai à Marseille, sur un mur de soutènement entre un champ culturel et un réseau ferroviaire. Comme quoi il est toujours bon de rêver...
Livre : "Le Petit Pari(s)", éditions Courtes et longues, 240 pages, couverture imitant une brique de béton, 49 euros.
L'architecture de Stéphane Malka expliquée dans un livre
Le petit Paris © Editions Courtes et longues
Le livre de Stéphane Malka a une couverture originale puisqu'elle est solide et imite une brique de béton. Une singularité à l'image de l'architecture du créateur marseillais.
L'architecture de Stéphane Malka expliquée dans un livre
Du graffiti à l'architecture
ghraffitti © Editions Courtes et longues
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L'art urbain a le vent en poupe et beaucoup de me confrères s'en inspirent pour créer. Moi j'ai en quelque sorte fait le chemin inverse : je suis issu de l'art urbain et je me suis orienté par la suite vers l'architecture", raconte l'architecte.
Du graffiti à l'architecture
Une façade en porte-à-faux
Une architecture atypique © Editions Courtes et longues
Projet : Neossmann
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Face à la surdensification parisienne et au mal-logement, Néossmann est une proposition de surélévation urbaine vouée à réduire l'étalement urbain".
Une façade en porte-à-faux
Abris furtifs - Les façades fantaisistes de Stéphane Malka
Abris furtifs © Editions Courtes et longues
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Les Abris furtifs répondent aux contraintes immédiates de la précarisation du système social et intellectuel", note l'ouvrage à propos du projet. Ils s'ouvrent comme des parapluies.
Abris furtifs - Les façades fantaisistes de Stéphane Malka
"Graffitecture" - Les façades fantaisistes de Stéphane Malka
graffitecture © Editions Courtes et longues
projet : bureaux actifs
Réflexion autour de la création de bureaux dans les dents creuses. Au programme : construction de la barricade qui peuvent être montées par un collectif "d'indépendants, autoconstruit et autogéré".
"Graffitecture" - Les façades fantaisistes de Stéphane Malka
La Défense revisitée
La Défense revisitée © Editions Courtes et longues
Projet de guerilla architecturale autour d'un complexe modulaire, offrant un nouveau système de vie et de contestation, en insurrection permanente. Ce projet vise à pirater la "grande arche de la fraternité" ; "
créer une poche de résistance active par l'accueil de tous les mécontents", note l'ouvrage.
La Défense revisitée
Une façade en palettes
projet amelot © Laurent Clément / Tristan Spella / MALKA ARCHITEC
Dans la catégorie logement,
la façade en palettes de bois industriel de l'architecte Stéphane Malka fait figure d'ovni. Pour son créateur, c'est un tour de force, une manière de montrer que l'on peut construire durable avec des matériaux peu chers, non fabriqués dans des usines énergivores.
Une façade en palettes