Le super-héros a des états d'âme... Sauver la planète n'est pas un métier de tout repos ! Ca c'est sûr... Mais surtout, cela engendre une certaine solitude : la célèbre solitude du super-héros. Paradoxalement, ces justiciers œuvrent dans des univers foisonnants : les mégapoles. Ces cités, constituées d'immenses gratte-ciel, sont de véritables symboles de modernité rayonnante, menacée ou menaçante. Une atmosphère délirante et effrayante qui tranche avec la vie quotidienne, plus traditionnelle de ces surhommes. Preuve en est : leur maison, située en périphérie des villes, et considérée comme leur havre de paix.

Deux mondes, un super-héros

A travers une sélection d'extraits de comic books des éditions Marvel et DC Comics, l'exposition "La maison des super-héros", présentée à la Maison de l'architecture et de la ville Nord-Pas de Calais à Lille, a choisi de montrer ces deux faces liées à ces mythes du XXème siècle. "Il était intéressant de faire un parallèle entre ces deux 'mondes' qui façonnent le super-héros", nous confie Odile Werner, une des coordinatrices de l'exposition. Et d'ajouter : "Ces justiciers sont nés avec la création des mégapoles américaines au cours du 20ème siècle, la croissance de la criminalité urbaine, et ils se sont développés psychologiquement avec elles. Par exemple, Gotham City, la ville de Batman, n'est pas sans rappeler Chicago. Les Watchmen, BD plus récente, font référence à l'Amérique de Reagan, désabusée et pessimiste".

Des maisons à la fois base secrète et cocon

Mais le super-héros qui vole, virevolte au-dessus des immeubles pour sauver la planète, a aussi besoin de reposer. Pour cela, il trouve refuge dans son maison : "Elle représente la vie privée. Il s'agit de sanctuaire : c'est clairement la partie intime du super-héros", explique Odile Werner. Avant de poursuivre :"Certains les décorent avec des objets récoltés lors d'aventures, d'autres les utilisent comme lieu d'expérience", note-t-elle, citant comme exemple la villa à Malibu d'Iron Man, véritable laboratoire où l'homme d'acier teste "les joujoux" de son armure ou encore la Batcave de Batman, lieu stratégique où l'homme-chauve-souris garde son matériel, sa batmobile et bien sûr son "batcostume" ! Ces demeures, souvent luxueuses, ne sont pas complètement déconnectées de la réalité puisqu'elles s'inspirent de projets architecturaux, tels que ceux de John Lautner pour la villa sur pilotis d'Iron Man, ou ceux de la Frick Collection pour le manoir des Avengers. L'univers des Comics aussi invraisemblable soit-il est donc bien ancré dans l'époque où il se situe. Et bien sûr, cela se traduit dans les histoires. L'après 11 septembre a forcément impacté certains scénarios, à l'instar d'Iron Man 3, où l'on peut voir la destruction de la maison de Tony Starck pendant de longues minutes. Ex-Machina, autre grande bande dessinée post 2001, raconte l'ascension politique d'un super-héros qui aurait sauvé l'une des tours jumelles. Il devient par la suite Maire de New York, et choisit de se concentrer sur l'action publique. Alors, à quand un super-héros à la tête d'un pays ou d'une ville ? Histoire de passer, cette fois, de la fiction à la réalité...

Co-produite par la Maison de l'architecture et de la ville Nord-Pas de Calais, la Maison de l'architecture Poitou-Charentes et la Maison de l'architecture de Haute-Normandie, en partenariat avec la Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l'image d'Angoulême, cette exposition se tient jusqu'au 20 décembre à Maison de l'architecture et de la ville Nord-Pas de Calais à Lille. Entrée gratuite. Découvrez en pages suivantes quelques visuels de l'exposition...