Les villes sont mal adaptées au changement climatique

    Mis à jour le 5 avril 2024
    Date de publication et auteurs
    Publié le 12 mars 2024 par Lilas-Apollonia Fournier
    Illustration végétalisation du bâti
    Illustration végétalisation du bâti © iStock
    CLIMAT. La plupart des villes ont adopté des mesures de végétalisation. Mais cela ne suffit pas à rendre les territoires plus durables et adaptables aux effets du dérèglement climatique.
    Les effets du changement climatique sont déjà bien visibles en France et dans le monde. Inondations et sécheresse à répétition, canicules prolongées... Ces phénomènes ont des conséquences sur les conditions de vie des populations urbaines. Paris est, par exemple, "la capitale européenne la plus exposée en cas de canicule", indique la Cour des comptes dans son rapport annuel publié ce mardi 12 mars 2024. La juridiction s'est penchée sur la question de l'adaptation des villes à l'augmentation des températures, et les stratégies mises en place.

    Des diagnostics "souvent incomplets et datés"

    Il en ressort que les "collectivités urbaines ont adopté tardivement des stratégies d'adaptation au changement climatique qui ne répondent que partiellement aux enjeux identifiés", selon le rapport. "Les mesures prises par les villes face au changement climatique doivent s'inscrire dans une stratégie décrite par des documents territoriaux de planification. Fondée sur des diagnostics souvent incomplets et datés, cette stratégie est aujourd'hui éclatée entre divers documents, pas toujours cohérents entre eux, qui appellent une simplification drastique."
    Les études sectorielles sur lesquelles se fondent ces diagnostics ne tiennent pas compte des hypothèses de changement climatique, souligne la juridiction. C'est notamment le cas du plan de gestion des risques d'inondation des districts hydrographiques Rhin et Meuse 2022-2027, qui "ne donne aucune directive
    sur la prise en compte du changement climatique pour le calcul de l'aléa inondations
    ", fait remarquer la mission régionale d'autorité environnementale (MRAe) du Grand Est. Les phénomènes d'îlots de chaleur ne sont pas non plus toujours étudiés dans les diagnostics des villes.

    Accélérer la végétalisation

    L'adaptation des territoires au changement climatique se fait souvent à travers la mise en place de solutions de végétalisation. Ces dernières ont "largement" été déployées par les communes, et ont de nombreux bienfaits. Elles permettent notamment d'améliorer le confort thermique, de créer des coins d'ombre, des îlots de fraîcheur et de faire baisser la température de l'air, ou encore de favoriser la biodiversité. "La température peut être abaissée de 7°C entre le milieu de la rue et la zone ombragée", chiffrent les auteurs du rapport.
    "Porter à 10 % la part du couvert arboré dans les zones urbanisées des villes françaises en 2050 représenterait un investissement total de 3,6 milliards d'euros pour planter 2,4 millions d'arbres. [...] A supposer [que ce plan] soit intégralement assumé par les collectivités publiques, cet effort apparaît soutenable au regard de la part de ces dépenses dans les comptes consolidés du bloc communal et de la dotation du Fonds vert." Ce n'est finalement pas un effort financier qui serait plus difficile à instaurer mais plutôt la mobilisation du foncier privé car la végétalisation, à ce stade, reste "une politique en construction" en France.
    Les plans de végétalisation mis en œuvre s'inscrivent dans les objectifs de la Commission européenne qui propose dans son "Pacte vert" de 2022 que 10% de la surface des villes et des agglomérations soit arborée à l'horizon 2050. Et bien que ces objectifs de végétalisation soient efficaces, ils ne le seront vraiment que sur le long terme, et devront être complétés par d'autres mesures de réduction et d'adaptation au dérèglement climatique.

    De nombreuses solutions adoptées par les villes

    Parmi les actions adoptées par les collectivités, l'installation de fontaines à boire et de brumisateurs installés à proximité des points chauds dans les villes de Paris, Montpellier et Strasbourg. A Besançon, la municipalité a transformé la direction des espaces verts, sportifs et forestiers en direction de la biodiversité et des espaces verts, et l'a placée sous la responsabilité d'un écologue. Le service est désormais associé à la définition de tous les projets d'intervention de la collectivité sur l'espace public. Plus au nord, à Nancy, le plan local d'urbanisme (PLU) de la Métropole intègre depuis 2020 l'idée de "densification raisonnée". Un maillage d'espaces verts publics, favorisant les îlots de fraîcheur, a été construit. "La surface des espaces de pleine terre a été multipliée par quatre et celle des enrobés imperméables divisée par trois", racontent les auteurs du rapport.

    Des propositions considérées "pertinentes"

    La renaturation est également encouragée à Mulhouse, où un projet de "parcours de nature à travers la ville" - d'un montant de 32 millions d'euros - doit valoriser les berges des cours d'eau et connecter une majorité de quartiers d'ici 2028. La restauration écologique de friches industrielles devrait notamment permettre de développer la biodiversité en centre-ville, offrir plus d'espaces végétalisés, davantage d'accès à l'eau mais aussi "améliorer le cadre de vie des habitants". Quant à l'agglomération Val d'Europe (Seine-et-Marne), elle a instauré une règle établissant des surfaces minimales d'espaces verts à créer pour chaque opération d'aménagement.
    Pour le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, les propositions de la Cour des comptes "pourront nourrir l'élaboration du futur Plan national d'adaptation au changement climatique qui sera présenté en avril et éclairer les arbitrages sur les options de financement les plus pertinentes sur l'adaptation".
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