La consommation collaborative s'attaque aux espaces de stockage ! S'il vous reste quelques mètres carrés libres dans votre cave, vous pouvez les proposer à la location sur une plateforme de partage. Une solution en plein essor qui allie souplesse, proximité et prix abordables.
Le manque de place est la problématique du moment, en particulier en ville. Après
l'essor des systèmes de partage d'atelier, pour les bricoleurs, voici celui des solutions de partage d'espace de stockage. L'idée : louer les mètres carrés libres dans sa cave à un particulier, qu'il soit à la recherche d'une solution pérenne ou d'un coin pour stocker provisoirement des cartons en vue d'un déménagement.
Dans la société actuelle, les déménagements sont fréquents : mutation professionnelle, expatriation, études à l'étranger, divorce, etc. La problématique est souvent la même : en passant d'un logement à un autre, on ne retrouve pas forcément le même volume de rangement.
"Faute de pouvoir payer un garde-meubles, j'ai dû faire 1.000 km pour stocker momentanément quelques cartons chez mes parents", se souvient Laure Courty, fondatrice de JeStocke.com, site d'annonces de stockage partagé.
Pour Adam Levy-Zauberman, le déclic est venu au retour d'un été en camp scout.
"Nous avions beaucoup de matériel à stocker en attendant la saison suivante", nous raconte le co-fondateur de Costockage.fr, plateforme de location d'espaces de stockage entre particuliers. Les garde-meubles classiques s'avérant trop chers pour leur budget et trop éloignés, les jeunes gens proposent à un ami de louer sa cave.
Louer quelques mètres cubes à deux pas de chez soi
Louer son garage ou son box lorsque l'on ne s'en sert pas, ce n'est pas nouveau. Ce qui l'est, c'est la notion de stockage partagé. Si vous stockez des objets dans votre cave, vous pouvez proposer à la location la partie que vous n'utilisez pas,
"même s'il ne s'agit que de quelques mètres cubes", précise Laure Courty.
Et, à raison de quelques mètres cubes par local, un peu partout en France, Costockage.fr affirme avoir
"dépassé les 100.000 m3 mis à disposition des particuliers, soit un lieu de stockage tous les 250 mètres". "
Il s'agit aussi bien d'un coin de cave à Lille, que d'une grange dans la Creuse", ajoute Adam Levy-Zauberman. Un réseau de proximité, bien loin des box de stockage professionnels, souvent situés en périphérie des villes.
A partir de 0,50 euros par m3 et par mois
Quant au tarif, là encore, il est bien moindre que celui des garde-meubles traditionnels. Certaines locations à la semaine sont proposées pour 0,10 euros par mètre cube ! Ces prix, fixés par les bailleurs, sont toutefois variables, notamment en fonction de la zone géographique, de l'état et de l'accessibilité du local, et de la demande.
"Nos clients fixent leurs prix librement, mais nous leur proposons une fourchette afin de coller au mieux aux prix du marché", précise Laure Courty.
Le profil type des bailleurs : des personnes sensibilisées à l'économie collaborative, mais aussi des actifs dont les revenus ont baissé, ou des retraités, tous cherchant un complément pour arrondir leurs fins de mois.
"A Paris, on peut espérer gagner jusqu'à 2.000 euros par an, en louant des mètres carrés qui ne rapportaient rien jusque-là", souligne Adam Levy-Zauberman.
A l'instar des sites d'annonces de covoiturage, ou des plateformes de location de logements, tout est basé sur l'honnêteté des bailleurs. A chacun de décrire le plus objectivement possible l'état du lieu de stockage (humidité, accès par ascenseur, sécurisation par digicode, etc.) et les conditions de location (accès libre ou sur rendez-vous, objets interdits, location à la semaine ou au mois, etc.).
"Les loueurs sont notés, et nous encourageons les futurs locataires à venir visiter avant de signer un bail, afin de s'assurer que la solution leur convient", explique Laure Courty. L'objectif : rétablir la confiance entre les particuliers, qui partagent alors un endroit quasi intime, où s'entassent parfois des souvenirs ou des objets de valeur.
Parce que la confiance ne suffit pas, les plateformes de mise en relation garantissent les transactions. Un assureur, propre à chaque plateforme, couvre les éventuels dégâts sur les biens du locataire entreposés dans le local. Le locataire, quant à lui, prévient son propre assureur, afin que la responsabilité civile s'applique en cas de dommage provoqué aux biens du loueur ou à son local.
Des précautions indispensables, même si Costockage.fr annonce
"de très rares litiges", et JeStocke.com
"un taux de sinistralité nul".
"Les gens font très attention, sont très respectueux, parce qu'ils se retrouvent entre particuliers", souligne Adam Levy-Zauberman. Une nouvelle preuve que la consommation collaborative a de belles heures devant elle.