C'est Paul Marion, architecte de l'agence King Kong, qui a l'idée d'une sphère suspendue au droit de la croisée du transept de la chapelle Corneille. Sa problématique : améliorer l'acoustique déjà performante du lieu. Mais aussi proposer un objet qui assure une fonction de chauffage et d'éclairage. Il confie alors le projet de la réalisation de cet objet à l'entreprise spécialisée en design, Métalobil. "C'est une intuition géniale que d'avoir imaginé cette sphère dans cette église baroque du XVIIe siècle. Car, signalons que le terme baroque signifie en fait 'perle imparfaite' et qu'elle prend donc une dimension poétique toute particulière ici", nous confie Freddy Bernard, chef du projet chez Métalobil.

Le cahier des charges de l'oeuvre d'art indiquait que l'objet devait regrouper quatre fonctions dans deux positions. Tout d'abord, une fonction esthétique en position patrimoine, miroir vers le bas, lustre vers le haut ; puis, trois autres fonctions : acoustique, éclairage et chauffage en position concert, miroir tourné vers le haut. La sphère doit donc être suspendue, via l'oculus du sommet de la nef, à une motorisation de montée-descente permettant une translation de 15 m et elle doit aussi pouvoir tourner sur son axe horizontal afin de présenter l'un ou l'autre de ses hémisphères (miroir ou lumière).

Métalobil s'est trouvé confronté à une contrainte de taille : répondre aux quatre fonctions de l'objet dans un poids minimum, inférieur à 4 tonnes. "Nous avons donc proposé de substituer la masse à la rigidité", nous explique Freddy Bernard de l'entreprise de design. D'où l'utilisation de panneaux composites sandwich pour réaliser la sphère, sur laquelle ont été apposés les miroirs. "Nous avons fait du léger très rigide plutôt que du lourd. Mais plus c'est léger, plus c'est cher en motorisation", prévient-il. La lentille de déflection acoustique ((partie médiane de la sphère) est généralement réalisée en plâtre, justement car cet élément doit être le plus lourd possible. "Le son, lorsqu'il la frappe, est instantanément renvoyé", explique l'atelier d'architecture King Kong dans une note.

C'est sur une arche métallique que les panneaux composites sont venus se fixer pour former la sphère. "Tout a été pré-monté en atelier et apporté sur place", détaille Freddy Bernard (Métalobil).

Pour le miroir sphérique, là encore, la technique de la rigidité a été privilégiée, permettant de faire l'économie d'une lourde structure métallique intérieure. Ainsi, la demi-sphère est une coque vide autoportante (abritant uniquement le moteur flottant pour sa rotation). L'effet miroir de la sphère est dû à la technique du chromage, réalisé ici par une entreprise de carrosserie automobile. Enfin, la structure supérieure, le lustre, est conçue en poutre reconstituée aluminium anodisé, permettant d'atteindre le volume maximum pour un poids réduit. Elle autorise également le passage de l'ensemble des câbles à la manière d'une boîte de dérivation géante, souligne Métalobil.

Du sol à l'oculus, la distance est d'environ 18 mètres. En revanche, la course utile de la sphère est de 7 m, tandis que sa rotation est de 270°. La partie supérieure de la sphère supporte 350 petits luminaires Leds, nichés dans un fourreau de quartz, et accueille également 40 chauffages à rayonnement UV.

Fiche technique Nature du projet : réalisation d'un lustre acoustique dans la chapelle Corneille (Rouen) Maître d'ouvrage : Région Haute Normandie Architecte : Atelier d'architecture King Kong (Bordeaux) Scénographe : Ducks Scéno BET : Métalobil, Kahle Acoustics, Wonderfulight, SDEI Ouest, Carrossier : Auto Design 44 Coût de l'opération (HT TCE) : 480.950 €