Associé à l'architecte Luc Arsène-Henry, le designer Philippe Starck a participé à la réalisation d'un chai pour le compte d'un grand cru bordelais, propriété du groupe Pichet. Telle "une lame effilée jaillissant de l'eau", la structure se démarque par sa forme et sa partie immergée. Détails.
Ça bouge dans le bordelais. Après la
cité du vin, c'est au tour du chai du
château Les Carmes Haut Brion d'inaugurer un nouveau bâtiment dédié à l'art viticole.
Pour cette réalisation, les propriétaires ont fait appel au designer
Philippe Starck et à l'architecte
Luc Arsène-Henry, déjà habitués à travailler ensemble (tour de contrôle de Bordeaux, École nationale des arts décoratifs à Paris, etc.).
Le résultat est pour le moins surprenant. Il s'agit d'un bâtiment tout en longueur, de la
"forme d'une lame effilée jaillissant de l'eau" du Peugue, cette rivière prenant naissance dans le port de Bordeaux terre, et recouvert d'un aluminium aux tons bronze métallisé
L'édifice de 8 mètres de haut en faîtage, est posé au milieu de l'eau, tel un bateau renversé. Autre particularité, 4 mètres de haut du bâtiment sont immergés dans l'eau. Pour compenser la poussée d'Archimède subit et éviter son soulèvement, une série de pieux ont été enfoncés sous terre et sur laquelle, la dalle en béton du chai, a été ancrée.
Le château, appartenant au promoteur Pichet, dispose désormais d'installations de grande qualité avec un cuvier de vinification de plain-pied et un chai à barriques enterré.
La structure, d'une surface totale de 2.400 m², est composée de quatre niveaux superposés aux surfaces dégressives. Cette conception a plusieurs avantages, explique l'architecte, cela permet de
"profiter d'un cuver plain-pied, de plonger le chai à barrique et la cave de prestige sous le niveau de l'eau avec les avantages hygrothermiques que cela représente, de hisser à un niveau intermédiaire la passerelle technique et la noria de réception de la vendange suspendue, ainsi, qu'à sa proue, la salle de dégustation et réception, avec vue sur les deux versants et le ravissant château."
"Enfin au dernier niveau, de traiter une grande terrasse en teck, sous l'ombrage de la superbe futaie intégralement conservée, bénéficiant de la même vue", présente l'architecte.
Le chai signé Philippe Starck, en images, en pages suivantes.
Chai signé Philippe Starck : Des matériaux bruts
Chai signé Philippe Starck : Des matériaux bruts - Chai du Château Les Carmes Haut Brion © Luc Arsène-Henry
L'architecte et le designer ont retenu peu de matériaux pour la construction du chai mais les ont choisis pour leur aspect brut et leur
"évidence fonctionnelle".
Ainsi, la vêture est réalisée en Alucobond (matériau composite mince 5 mm : aluminium prélaqué - résine) séparé par un vide d'air de 15 cm de la paroi béton. Elle aura le rôle de bouclier thermique, de cheminée par la circulation d'air évacuant les gaz toxiques mais aussi "de miroir à la végétation environnante, et de
"variations de teintes minérales rappelant le terrain d'où il a jailli", précise l'architecte.
La maîtrise d'œuvre a choisi de laisser le béton brut, matricé sur les parois intérieures mais lissé au sol et au plafond.
Chai signé Philippe Starck : Des matériaux bruts
Le premier chai signé Philippe Starck dans le bordelais
Le premier chai signé Philippe Starck dans le bordelais - Chai du Château Les Carmes Haut Brion © Luc Arsène-Henry
Programme : Chai du Château Les Carmes Haut Brion
Architecte :
Luc Arsène-Henry
Design :
Philippe Starck
Surface : 2.400 m² Hors d'œuvre
85 mètres de long et 15 mètres au plus large
Un bâtiment de 8 mètres de haut au-dessus de l'eau et 4 mètres immergés
Coût : 10 millions € tout compris (boutique, aménagement extérieur, etc.)
Le premier chai signé Philippe Starck dans le bordelais