La mission pour la sauvegarde du patrimoine en péril, sous l'égide de Stéphane Bern, rempile pour une deuxième édition et a dévoilé ce samedi les 18 nouveaux sites à conserver, qui bénéficieront des gains du Loto du patrimoine entré juillet et septembre prochains.
Avec 18 sites de métropole et d'outre-mer déjà sélectionnés et annoncés le 9 mars dernier, la Fondation du patrimoine devra sélectionner 100 autres sites, à compter d'un monument par département. Cette centaine de sites bénéficieront par la suite des gains du Super Loto du 14 juillet et de deux jeux à gratter disponibles à partir de septembre 2019. Mais quels sont les 18 lieux déjà retenus par la mission Bern ?
Viaduc des Fades - Auvergne-Rhône-Alpes
Propriété de SNCF Réseau, le viaduc des Fades est le deuxième ouvrage d'art ferroviaire le plus haut du monde. Héritée de la Belle Epoque, la structure inaugurée en 1909 n'est plus entretenue depuis 2007, année de fin d'exploitation de la ligne Lapeyrouse-Volvic.
"Le tablier est aujourd'hui dans un état de corrosion avancé et la sécurité de l'ouvrage n'est plus assurée", précise la Fondation du patrimoine, qui estime les frais de restructuration à 50.000 euros.
Viaduc des Fades © Jean-Paul Soulier
Château de Maulnes - Bourgogne-France-Comté
Un des
"plus excellents bâtiments de France" selon l'architecte Jacques Androuet du Cerceau, et
"une des créations les plus originales de la Renaissance européenne", le château de Maulnes situé à Cruzy-le-Châtel dans l'Yonne est un édifice unique. Sa construction, menée entre 1566 et 1573 a été faite
"sur un plan pentagonal, autour d'un escalier central et d'un puits alimenté par trois sources". Un château à la croisée des architectures française et italienne, qui représente selon la Fondation du patrimoine,
"un exemple unique d'hybridation de conceptions architecturales italiennes et d'un art de bâtir à la française, un témoin exceptionnel du raffinement et de la culture des grands seigneur de la Cour au temps des guerres de religion".
Glacière municipale - Bretagne
Dans le port de pêche d'Etel, dans le Morbihan, la Glacière municipale fournissait chaque jour jusqu'à 70 tonnes de glace aux pêcheurs souhaitant conserver les thons dans leurs embarcations. Désormais désaffectée, la glacière municipale d'Etel
"est emblématique de l'époque de la grande pêche en Bretagne et témoin d'une architecture industrielle d'après-guerre". Via un portage par l'Etablissement public foncier de Bretagne, la municipalité souhaite convertir l'édifice en musée des Thoniers avec un volet de sensibilisation sur la préservation du milieu marin.
Glacière municipale d'Etel © Le Télégramme
Moulins de la fontaine - Centre-Val-de-Loire
Isolé mais bien connu des habitants comme des touristes, les deux moulins de la fontaine situés à Thoré-la-Rochette ont cessé de faire tourner leurs pales dans les années 70. L'un des moulins, datant du XVIIe siècle est
"fortement dégradé", indique la Fondation du patrimoine, du fait des "nombreux effondrements de la couverture en tuiles plates", et de passerelles d'accès "détruites". Le moulin voisin, construit au XIXe siècle est lui sujet à
"des infiltrations d'eau, l'ensemble de sa toiture étant en très mauvais état".
Bibliothèque Fesch - Corse du sud
Face à la chapelle impériale d'Ajaccio, la Bibliothèque Fesch abrite
"un riche fonds composé de milliers d'ouvrages légués entre autres par le cardinal (Fesch) et par Lucien Bonaparte". Autant que les archives qu'elle contient, la bibliothèque a un grand besoin d'être restaurée. Son état de détérioration ne permet plus une conservation d'ouvrages dans les règles, et nécessite entre autres, la
"mise aux normes du système de chauffage, des installations électriques, du traitement de l'air et isolation".
Bibliothèque Fesch © Ajaccio-Tourisme.com
Moulin de Bar-sur-Seine - Grand Est
"Symbole d'abandon du patrimoine local en attente d'une restauration", le moulin de Bar-sur-Seine est
"un bâtiment remarquable des années 1860", rappelle la Fondation du patrimoine. Il est le témoin de l'industrialisation de la production de farines, au détriment des traditionnels moulins à bois. Les travaux de réhabilitation ont été divisées en deux phases, la première impliquant la
"restauration de la couverture et de la charpente et le remplissage des pans de bois".
Beffroi de Béthune - Hauts-de-France
Surplombant la ville de Béthune, le beffroi, héritage médiéval, a été sans cesse consolidé depuis sa première construction en bois en 1388. Reconstruit avec du grès, il est surélevé d'un troisième étage puis orné d'un carillon de 6 cloches et d'un dragon sur le campanile. La commune, propriétaire du lieu, en souhaite la restauration globale, en tant que
"centre géographique, politique, historique, culturel et affectif".
Château de By, Maison de Rosa Bonheur - Ile-de-France
Maintenu en l'état depuis la seconde moitié du XIXe siècle, le château de By offre le cadre le plus immersif pour se plonger dans la vie de l'artiste Rosa Bonheur, qui en fut la dernière propriétaire.
"Le château et l'atelier ont conservé leurs décors peints sur les murs", témoigne la Fondation du patrimoine. Le château entrepose par ailleurs un laboratoire photo ainsi qu'un fonds d'archives de l'artiste, encore inconnu. Malgré des tentatives d'entretien, le temps a eu raison du domaine dont il faut sauvegarder en prioriété
"le petit pavillon Louis XVI, l'atelier, le laboratoire photo et le pigeonnier".
Abbaye Sainte-Marie - Normandie
Bâtie au XIIIe siècle, l'abbaye bénédictine de Sainte-Marie de Longues a connu une première fermeture au XVIIIe siècle avant d'être transformée en exploitation agricole.
"Entre Arromanches et Omaha Beach, l'abbaye a été épargnée lors du débarquement du 6 juin 1944", rappelle la Fondation du patrimoine. Malgré une série de rénovations entreprise par ses propriétaires sur les toitures et les murs, c'est le chœur de l'église qui nécessite désormais une réhabilitation car
"menacé d'écroulement".
Amphithéâtre gallo-romain - Nouvelle Aquitaine
Vestige de
"la romanisation de la province Aquitaine", l'amphithéâtre aurait été
"achevé dans les années 40 après J.-C.". Selon la Fondation du patrimoine,
"le diagnostic architectural et sanitaire réalisé en 2017 et 2018 est alarmant". Pour cause, la structure, maçonnerie et réseaux sont en état de délitement avancé, et nécessitent d'importantes opérations d'assainissement avant rénovation.
Amphithéâtre de Saintes © DR
Fort de Brescou - Occitanie
Inscrit à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques, le Fort de Brescou repose sur
"la seule île de la côte languedocienne, dernière partie immergé d'un ancien volcan situé à 2 km au large du cap d'Agde". Le fort, avait vocation à être
"un grand port militaire" sous l'ambition du cardinal Richelieu, et finalement devenu prison d'Etat de 1680 à 1852. Après des travaux de consolidation menés en 1998, le Fort de Brescou nécessite aujourd'hui des travaux d'urgence (chiffrés à 91.404 euros),
"après avoir subi durant plusieurs siècles les assauts de la mer".
Ruines du château de l'Etenduère - Pays de la Loire
Tombé en décrépitude dès 1622, le château de l'Etenduère est passé de
"simple hébergement" en 1375 à
"hôtel noble" en 1484 avant d'acquérir
"ses lettres de noblesse" par ses fortifications. C'est en 2016, après plusieurs siècles d'oubli, que le lieu suscite l'intérêt de bénévoles qui souhaitent désormais conserver les 3 murs restants du château, ainsi que le pont d'accès.
Abbaye Notre-Dame-de-Sénanque - Provence-Alpes-Côte d'Azur
"Un des plus purs témoins de l'architecture cistercienne", selon la Fondation du patrimoine, l'abbaye Notre-Dame-de-Sénanque est classée Monument historique depuis 1921. L'édifice est salué pour sa sobriété, avec
"un appareillage parfait de milliers de pierres sans mortier, dépouillée de toute ornementation". L'abbatiale est néanmoins
"menacée d'effondrement" et
"présente des désordres structurels alarmants". Une fois rénovée, l'abbaye assumera toujours ses deux fonctions
"cultuelle et culturelle", accueillant une communauté de frères cisterciens comme des visiteurs quotidiens.
Abbaye Notre-Dame-de-Sénanque © DR
Eglise de Morne-à-l'Eau - Guadeloupe
L'église paroissial Saint-André, dans la commune de Morne-à-l'Eau a été construite en 1930 sur les ruines d'une précédente église détruite par un cyclone. Elle est l'oeuvre d'Ali Tur, architecte de l'époque coloniale qui opta pour le béton,
"un matériau peu employé jusque-là et qui en se généralisant marqua la déclin des constructions en bois". Aujourd'hui, le clocher
"est en mauvais état et ne répond plus aux normes sismiques".
Relais Barcarel - Guyane
Dans une ancienne ville de l'époque du bagne, le Relais Barcarel (basé à Saint-Laurent-du-Maroni, bénéficiaire du projet Action Coeur de ville)
"prospéra d'abord en étant utilisée comme magasin de cartes postales puis de matériel pour orpailleurs". A l'échelle de la ville, la bâtisse est la dernière
"maison à ossature bois avec un remplissage en briques apparentes". Aujourd'hui inaccessible par son état de péril, la maison a besoin d'une
"restauration générale" et
"d'aménagements permettant d'accueillir des hôtes".
Façades des maisons des rues principales Victor Hugo et Bouillé - Martinique
Dans le cadre d'une Opération programme de l'amélioration de l'habitat (Opah), les rues Victor Hugo et Bouillé doivent bénéficier d'une requalification, puisqu'elles concentrent
"l'essentiel de l'activité économique de la ville". Parmi leurs points de particularité, les deux rues croisent
"une architecture ancienne, à l'image des maisons d'avant 1902 qui cohabitent avec une architecture plus moderne pour laquelle on retrouve l'usage du béton".
Temples tamouls des Casernes et du Gol - La Réunion
Deux lieux cultuels aux contextes différents. Le premier, "urbain" est "probablement issu du réemploi d'un ancien bâtiment de l'usine des Casernes et affecté au culte depuis 1850". Le second constitue
"le dernier vestige et plus ancien lieu de culte hindou de la Réunion". Selon la Fondation du patrimoine,
"les deux édifices présentent un état sanitaire très préoccupant", notamment le temple des Casernes dont
"la charpente en bois est très attaquée par les insectes xylophages".
Phare de l'île aux marins - Saint-Pierre-et-Miquelon
"Tour métallique de 7 mètres de haut par 2 mètres de large", le phare de l'Île aux marins
"est une bonne représentation du patrimoine d'une communauté de pêcheurs côtiers toujours attachés à son histoire". Inactif depuis 1961, le phare voit
"la corrosion des aciers, l'expansion des bétons et l'éclatement des peintures" .