Au décès de son époux, Fanny Rodwell a décidé de reverser ses droits d'auteur dans un musée en hommage à l'oeuvre d'Hergé. Connu pour les aventures de Tintin, Hergé était aussi le père de Quick et Flupke et des Aventures de Jo, Zette et Jocko. C'est cette diversité même que la veuve d'Hergé a souhaité incarner dans un lieu ouvert au public, se faisant le sanctuaire des archives de planches et maquette, de la bibliothèque personnelle ou des photographies de voyages qui ont inspiré Hergé dans les péripéties de Tintin, Milou et le capitaine Haddock. Pour le choix de l'architecte, l'ancienne coloriste du bédéiste porte d'abord son dévolu sur Renzo Piano, co-auteur du Centre Pompidou, mais qui manque de temps. Toujours à Beaubourg, c'est Christian de Portzamparc à qui une exposition est alors dédiée, qui se voit proposer la conception du musée en hommage à Hergé.

Après quelques tergiversations, c'est la ville de Louvain-la-Neuve, à 25 km de Bruxelles, qui est choisie pour accueillir le futur musée Hergé. L'architecte Christian de Portzamparc, "tintinophile chevronné" confie que les premières ébauches du projet sonnent comme une évidence, et en phase avec les attentes de Fanny Cordwell. Notamment le choix d'une structure contemporaine, en écho avec l'art moderne qu'affectionnait son époux. "C'était un projet assez exceptionnel à l'échelle de ma carrière, que j'ai eu une grande facilité à imaginer", témoignait le concepteur du musée.

Rapidement, l'architecte a compris que le projet de musée se structurerait en chapitres. Dans un constant échange entre ébauche architecturale et narration, Christian de Portzamparc a comme extirpé les décors d'Hergé pour les retranscrire sur les volumes intérieurs et extérieurs du musée. Les volumes sont ainsi répartis sur trois étages, creusés par un large atrium qui emprunte ses façades, coloris et textures à l'univers de Tintin. Piochant dans les aventures de Tintin en Amérique, les Cigares du pharaon ou l'Étoile mystérieuse, Christian de Portzamparc a réparti du rouge tacheté, du vert lychen fragmenté, ou la pièce centrale qu'est l'ascenseur, en écho à la mythique fusée rouge et blanche de Tintin. Revendiquant une architecture "figurative" appliquée au musée d'Hergé, l'architecte dit "avoir beaucoup aimé reprendre les traits d'Hergé et d'y trouver une force picturale", tout en craignant un rendu final "ridicule", conçu comme un "montage éphémère".

Les volumes intérieurs se découvrent dès l'extérieur, par de larges baies vitrées surplombant l'atrium, voulues comme les cases qui remplissent les planches de BD. Sur la ville encore nouvelle de Louvain-la-Neuve, Christian de Portzamparc a fait le choix d'éloigner quelque peu le musée de la ville, pour l'intégrer à une forêt primitive, à l'image d'un "paquebot échoué". Le navire ne sombrera pas, avec les tripodes en acier qui le soutiennent et les passerelles permettant d'y accéder, par la ville ou par le bois.

Programme: Equipement culturel accueillant le musée Hergé, des salles d'exposition temporaire et permanente, une salle de projection, un restaurant, une boutique, des locaux administratifs et des réserves. Maître d'ouvrage: La Croix de l'Aigle - Fanny et Nick Rodwell - Studios Hergé - Robert Vangénéberg Maître de l'ouvrage délégué: INCA - Walter de Toffol Architecte et scénographe des volumes: Christian de Portzamparc Architectes partenaires locaux: Pierre Accarain, Thierno Dumbuya Muséographes: Joost Swarte, Winston Spriet Calendrier: Travaux commencés en 2007, musée livré en mai 2009 Coût: 15 millions d'euros Surface: 3.600 m²