David Adjaye, chaises Washington Skeleton et Washington Skin, 2013, Knoll © Knoll International
La Cité de l'architecture et du patrimoine ouvre ses murs aux assises, luminaires ou services à café conçues par des architectes, dans "Le mobilier des architectes" jusqu'au 30 septembre.
"De la petite cuillère...au lustre", ou quand les architectes conçoivent à une échelle bien plus petite que celle des bâtiments. C'est cette réflexion que retrace l'exposition "Le mobilier d'architectes" qui explore les objets originaux, revisités ou représentatifs d'édifices d'architectes dont la réputation a été parfois dépassée par celle de designer.
Si les deux commissaires Lionel Blaisse et Claire Fayolle ont exploré les catalogues des années 1960 à nos jours, les affinités des architectes pour la conception de mobilier date
"du début du VIIIe siècle au moins, quand les architectes dessinaient du mobilier pour les opérations qu'ils concevaient", relève Claire Fayolle.
Le mobilier d'architectes © Vitra
Ce mouvement qui parcourt l'Europe et l'Amérique du Nord connaîtra toutefois une interruption en France au sortir de la Seconde guerre mondiale, les maîtres d'oeuvre ayant à reconstruire dans l'urgence. Il faudra attendre les années 70 pour que cette matière titille à nouveau l'imagination des architectes.
L'exposition se penche sur les motifs qui poussent Jean Nouvel à revisiter une chauffeuse signée Le Corbusier ou Zaha Hadid à figer des mouvements dans une table. En réunissant 250 pièces incarnées par 120 architectes et 80 éditeurs, Lionel Blaisse et Claire Fayolle ont distingué autant de mobiles que de profils d'architectes férus de mobilier.
Le mobilier d'architectes © Sawaya&Moroni
On y trouve pêle-mêle
"l'héritier de la tradition", le
"chercheur",
"le professionnel", ou encore
"l'éditeur" qui côtoient dans cette exposition l'architecte
"occasionnel",
"engagé" ou le
"passionné".
"Mais un architecte peut avoir plusieurs mobiles pour créer des objets", synthétise Claire Fayolle.
Quand Rudy Ricciotti, timide designer, conçoit une lampe, celle-ci fait directement écho à la passerelle de métal brut qui relie son Mucem au Fort Saint-Jean à Marseille. La catégorie d'architecte
"chercheur" où se situent des
Ron Arad, Dominique Perrault ou Chaix&Morel démontrent une volonté de créer l'objet pour sa matière, sa structure ou sa luminosité. Sorte de passage à la petite échelle d'une réflexion portée sur un bâtiment.
Pour les organisateurs de l'exposition, l'exploration de la créativité des architectes par leurs meubles a aussi permis de pousser les portes de nouvelles salles de la Cité, encore inconnues du public, relate Marie-Christine Labourdette, présidente de l'espace culturel.
Exposition Le mobilier d'architectes, 1960-2020 © Cité de l'architecture, Denys Vinson
La scénographie prend le parti du pied de nez constant entre tradition, modernité et contemporanéité. De nombreux fauteuils, en fibre de coco, à trois pieds ou issus du design numérique ont été disposés dans les différentes chapelles de la Cité de l'architecture, en référence au trône napoléonien. A l'heure où s'écharpent partisans de la tradition et de la modernité sur la future silhouette de Notre-Dame, les maquettes de la flèche de Viollet-le-Duc coudoient un meuble multimédia aux teintes bleu électrique d'
Ettore Sottsass.