Des créations colorées, amusantes, environnementales ou innovantes... 15 agences d'architectes françaises et internationales reconnues ont imaginé des pavillons pour la ville de Neuilly-sur-Seine. Cette dernière organise un concours pour concevoir les 19 folies qui seront installées le long de l'Avenue Charles de Gaulle à l'horizon 2024. Dans ce cadre, la Ville a choisi de faire découvrir ces projets aux habitants, à travers une exposition intitulée "Axe majeur, perspectives & folies", installée le long des grilles de l'église Saint-Pierre jusqu'au 4 avril. Cette compétition, lancée en juin 2021 par le maire Jean-Christophe Fromantin, s'inscrit dans la transformation des Allées de Neuilly. A l'origine, la municipalité avait reçu une quarantaine de candidatures au concours. Le comité, composé d'architectes, de promoteurs et techniciens, a fait sa sélection en novembre dernier. D'ici quelques semaines, cinq agences doivent être désignées pour la phase finale du concours avant l'annonce d'un, deux ou de trois lauréats au début de l'été.

Des lieux originaux multi-usages

"Les folies sont des prototypes, à l'échelle environnementale, et offrent la possibilité de tenter des choses. De par leur taille, elles donnent le ton de ce que pourra être un immeuble de demain", imagine Jean-Christophe Fromantin, lors d'une interview à la presse à laquelle nos confères de Batiactu ont participé, le 9 mars dernier. L'élu s'est inspiré des pavillons universels mais aussi des folies, ces constructions du XVIIIème et XIXème siècles que l'on retrouve dans plusieurs banlieues parisiennes. Les pavillons de demain, d'une surface au sol de 27 à 41 m², seront des lieux de mécénat, de commerce et de culture. Concept-stores, espaces culturels, sites d'exposition autour d'actions de mécénat culturel ou showrooms peuvent être imaginés dans ces bâtiments hors du commun. "A la croisée de l'innovation et de l'architecture, les Folies ouvrent le champ de nouvelles expériences pour le public. A la fois surprenantes, immersives et conviviales, elles préfigurent l'ambition culturelle, sociale et économique que nous voulons redonner à l'espace public", annonce le maire. Parmi ces projets, Bechu + associés prend pour modèle la nature et propose des œuvres vivantes. Sous la forme d'une silhouette organique portée par un squelette en bois, augmentée d'une peau vivante nourrie de CO2, le pavillon transforme des ressources perdues en nutriments pour les urbains. L'un d'eux disposerait même d'un bar à cocktails à base d'algues.  

Un recyclage maîtrisé des matériaux

Manuelle Gautrand utilise le verre, "l'un des matériaux les moins recyclés" pour ses pavillons. Une matière entièrement issue du réemploi. "Nous récupérons du verre des façades vitrées de chantiers de démolition", explique l'architecte au maire, qui assure vouloir "embellir l'espace public avec un projet noble". L'idée est de se réinscrire dans une identité parisienne en jouant avec le vert bouteille parisien du matériau. Une nuance qui change au grès de la météo. Les folies seraient construites à partir de briques de verre massif superposées.   Atelier Construire s'est inspiré du monde organique pour imaginer des fleurs géantes. "Nous voulions faire quelque chose de spectaculaire, de généreux et d'amusant, qui s'élance dans la rue", témoignent les porteuses du projet de cette agence. L'envie de créer des structures insufflant la joie et la liberté se ressent dans ces conceptions colorées. Les folies, construites en bois et habillées de bardages bois, sont imaginées comme des boîtes, avec des ouvertures sur-mesure. Des auvents aux teintes vives formés de membranes précontraintes recyclées sont tendues sur une ossature métallique.  

La nature en toile de fond

Basé à Paris, le suédois Carl Fredrik Svenstedt innove avec des bâtiments faits à base de fines coques en pierre naturelle. Installés en arcade discontinue, ils visent à étonner, accueillir et abriter des événements. "La pierre a pour épaisseur trois centimètres. Le minimum est nécessaire pour bâtir ces folies sans armature, grâce à un contre-collage technique", témoigne-t-il. "Je me suis inspiré de galets, qui seraient habillés d'écrans d'une épaisseur, elle aussi, très fines."   Toujours sur le thème de la nature, l'agence Chartier Dalix crée des pavillons botaniques avec une collection de végétaux et de fleurs qui embaumeront la rue et produiront de l'ombre pour les passants. De leurs côtés, les Italiens Luca Muratorio et Luigi Pardo de l'agence Cortile proposent des structures adaptables et modulables pré-équipées pour accueillir différentes activités. Des œuvres art d'artistes et de designers seront exposés dans l'espace aérien de ces pavillons. A l'ouverture de l'exposition, le maire se félicite de recevoir des propositions qu'il juge "nouvelles et innovantes dans ses usages et matériaux". "Nous avons organisé cette exposition pour qu'elle soit visible du plus grand nombre et que les Neuilléens s'imprègnent de cette opération", explique l'édile. "La durée de l'exposition permet un temps de réflexion et de lecture." La Ville a fait le choix de laisser le vote à un jury d'experts plutôt qu'aux habitants. "Les projets comportent des dimensions complexes, techniques, qui nécessitent une connaissance de la durabilité des matériaux, des éléments de maintenance et des coûts financiers, etc." Un appel à projets qui comportera un cahier des charges aura lieu en septembre. Déjà quelques promoteurs se montrent intéressés.