De l'Université catholique de Lille, au jardin de Trévise en passant par le Bazaar St-So, huit cabanes réalisées en matériaux de réemploi ont fleuri dans la métropole lilloise. De taille imposante, aux formes originales et couleurs pop, ces structures éphémères ont été imaginées par des jeunes collectifs d'architectes, urbanistes et paysagistes, dans le cadre de la seconde édition du festival Cabanes sur l'île. Organisée par Waao, le centre d'architecture et d'urbanisme de Lille, cette installation tenue jusqu'au 31 décembre 2023 vise à aborder la question de l'utilisation des matériaux de réemploi, leurs performances structurelles, disponibilités et stockage. "Il s'agit de la première manifestation d'architectures éphémères en ville entièrement en matériaux recyclés", affirme Léonie Debrabandère, directrice du Waao.

Un éléphant en bois dans la ville

Six nouvelles cabanes et deux datées de l'édition précédente sont exposées dans différents quartiers de la métropole. La majorité des équipes candidates s'est tournée vers le bois pour réaliser sa structure, quand d'autres ont choisi la tôle ou la terre crue. Parmi ces abris, l'un a été imaginé en forme de cadran solaire et un autre en forme d'éléphant.   Considérées comme des œuvres d'art, ces cabanes permettent au grand public de "se saisir de l'architecture, et de tenter de la comprendre en dehors des murs d'une exposition dite plus classique", estime Léonie Debrabandère. "L'idée, avec ce festival, est d'aller à la rencontre des gens et d'éveiller leur curiosité", confie celle qui a imaginé ce dispositif en 2022. "L'imaginaire de la cabane est universel. Il permet de parler d'architecture de façon simple, en mettant en lumière les compétences et matériaux déployés."

Le réemploi à l'honneur

Les porteurs de ces projets, comme le collectif Mezza, Slap Paysage ou Les Saprophytes, devaient répondre à un cahier des charges. Ils devaient identifier les besoins des habitants vivant dans les quartiers d'implantation des édifices, et produire une installation répondant aux usages de la zone. En outre, les cabanes doivent mesurer six mètres carrés et être édifiées avec des matériaux de réemploi, dans le cadre d'un chantier participatif d'une durée de quatre jours maximum. Cinq entreprises locales sont partenaires de cette seconde édition, Edwood, Atelier des Façadiers, Ramery, Pic Bois et Réempro.   Le fait d'ouvrir le concours à des jeunes collectifs n'est pas anodin. "L'objectif est de valoriser leur travail, dont on entend peu parler. Ce festival leur permet de s'exprimer librement, de montrer leur engagement, d'exprimer leur personnalité, d'expérimenter de nouvelles méthodes de conception et de sortir des normes trop souvent imposées. J'essaie, quelque part, de casser l'entre-soi qui existe au sein de la profession en promouvant les idées de la jeune génération", confie la directrice du Waao. Le festival dépasse le secteur de l'architecture. Il s'agit de réfléchir à l'utilisation de l'espace public. La première édition a, en soit, été le moyen de prouver aux politiques locales que de telles installations pouvaient voir le jour, "sans qu'il n'y ait de dégradation". "Leur crainte était de voir l'utilisation des cabanes détournée de leurs fonctions premières par des habitants. Mais ces abris ont prouvé, au contraire, qu'ils pouvaient dynamiser un quartier et créer de la vie. Certaines associations les utilisent par exemple pour des animations", se félicite Léonie Debrabandère.   Toutes les informations sur le festival Cabanes sur l'île sont à retrouver sur le site du Waao. Les maquettes des cabanes sont, par ailleurs, à découvrir au tiers-lieu Bazaar St So jusqu'au 17 septembre au sein de l'exposition "La ville, tourne en rond ?".