Suite au redressement judiciaire d'un promoteur immobilier financé par le crowdfunding, la Fédération des promoteurs immobiliers a rappelé les bonnes pratiques du financement participatif. Comment les acteurs du crowdfunding appliquent-ils ces règles et que préconisent-ils pour éviter de telle situation ?
Le financement participatif pour les projets immobiliers
est de plus en plus fréquent. Pourtant, récemment un promoteur immobilier, en cessation de paiement, a été placé en redressement judiciaire. Or, il faisait financer plusieurs de ses projets immobiliers sur deux plateformes de financement participatif. Suite à cet événement,
la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) réagit et rappelle les "
bonnes pratiques du Crowdfunding immobilier" dans un communiqué, publié le 23 janvier dernier.
"
A l'heure où les promoteurs immobiliers ont besoin de restaurer leurs fonds propres pour répondre à la demande grandissante de logement, le financement participatif apparait comme une des réponses à ce besoin", souligne la FPI.
De son côté,
Wiseed, l'une des plateformes qui a financé une partie des projets immobiliers de ce promoteur, estime que ce dernier "
porte atteinte à l'image du financement participatif". Suite aux six règles évoquées par la
FPI, Souleymane Galadima, directeur général de la branche immobilier de la
plateforme Wiseed, nous a précisé qu'il allait dans ce sens, rappelant que la perception des investisseurs sur la santé de l'opération était essentielle. Il nous a également précisé que sa plateforme a déjà mis en place un système de notation qui audite chaque opération immobilière et chaque promoteur.
Les règles préconisées par la FPI portent sur l'analyse et l'audit de plusieurs points, à commencer par ceux de la maison mère du maître d'ouvrage. La fédération rappelle aussi l'importance de mener des analyses administratives et juridiques du projet mais aussi financières, techniques et commerciales. Quentin Romet, Président et co-fondateur de
Homunity, précise, quant à lui, que ces règles sont déjà appliquées par sa plateforme. Il explique ainsi que sur l'ensemble des projets, seul un sur cinq est retenu par son entreprise. Il précise toutefois : "
cela ne veut pas dire que les autres projets sont de mauvaises qualités mais simplement que nous estimons que le risque est trop important". Pour chacun des dossiers, il ajoute que 40 points du projet sont audités et que 40 points le sont également pour la maison mère.
Concernant les règles rappelées par la FPI, Quentin Romet estime, tout comme son confrère Souleymane Galadima, qu'il est "
utile de rappeler les basiques" et ajoute que l'on peut "
aller plus loin" pour sécuriser les investisseurs. Sa plateforme a d'ailleurs mis en place un comité de sélection externe composé de promoteurs, de maîtres d'ouvrage et de financiers. "
Une fois que ce comité a validé l'opération, nous investissons dans le projet", nous confie-t-il. "
Le fait que nous investissions dans les projets apporte de la confiance aux investisseurs", ajoute-t-il.
De son côté, Souleymane Galadima estime lui aussi que l'on pourrait aller plus loin dans les règles. "
Il faut également procéder à une analyse prospective et stratégique du promoteur", considère-t-il. Il prône ainsi pour un meilleur croisement des informations entre plateformes de financement participatif. De l'incident récent,
"il faut en tirer des leçons". Son entreprise, WiSeed, souhaite ainsi que "
le législateur autorise les plateformes à avoir accès à la base de la Banque de France, afin de connaître en amont les incidents de paiement des promoteurs financés, et que les plateformes continuent d'échanger entre elles sur le niveau d'engagement de leurs promoteurs communs". Il propose enfin que "
les promoteurs acceptent d'être audités, non seulement sur leur situation au moment du financement, mais également sur la faisabilité de leur plan de développement".