anti-jeunes © Le boîtier - IPBF, DR
On aurait pu croire à un poissson d'avril, de mauvais goût, mais réussi... L'apparition en France d'un boîtier "chasse-jeunes" fonctionnant par ultrasons a entraîné des réactions en chaîne jusqu'au sommet de l'Etat. Info ? Intox ? Comment cela fonctionne et est-ce inoffensif ?
Vous ne comprendrez plus jamais de la même façon le proverbe "la musique adoucit les moeurs"... Le boîtier anti-jeunes débarque sur le marché français et, rebaptisé du nom d'un compositeur (!), se sert de la maxime comme slogan. Après la polémique sur le répulsif anti-SDF, ce boîtier émettrait des ultrasons destinés à éloigner et disperser les jeunes. Uniquement vendu par internet au prix de 905€ (un tarif dégressif si on en achète plusieurs !), il aurait déjà intéressé une cinquantaine de clients bailleurs et syndics et même des particuliers, selon la société le commercialisant. Et certaines municipalités seraient même intéressées.
Après des dépêches d'agences de presse datant du 1er avril - d'où le doute sur la véracité de l'existence de l'engin - et la publication de nombreux articles dont la double-page "Fait du jour" dans le quotidien
Le Parisien , les réactions pleuvent. En tête : Fadela Amara et Christine Boutin. Par le biais d'un communiqué commun dès mercredi, la ministre et la secrétaire d'Etat le qualifient de
"machine à chasser le jeune." Toutes deux déplorent l'usage d'une telle pratique, déclarant qu' :
"arriver à un tel degré de stigmatisation et d'exclusion des jeunes montre à quel point la société des adultes ne sait plus dialoguer avec les nouvelles générations."
Si l'objectif premier des deux ministres est d'
"assurer un cadre de vie décent et de qualité à tous", Christine Boutin et Fadela Amara pensent que
"notre société dispose de suffisamment de moyens de médiation et de dialogue" pour résoudre les problèmes autrement qu'en utilisant ce dispositif mécanique, dont son usage pour régler des problèmes relationnels constituerait
"un renoncement et un échec."
Le lendemain, jeudi, Christine Boutin enfonce le clou en déclarant, de nouveau chez nos confrères du Parisien, que
"si c'est (l'existence des appareils en France - NDLR) avéré", elle déclare qu'
"évidemment, naturellement", dès que ses services identifieront les bailleurs concernés, elle demandera
"le retrait de ces appareils." De même précise-t-elle que l'Union sociale de l'Habitat lui a indiqué ne pas avoir eu connaissance de bailleurs qui l'utilisaient. De toutes parts, les désapprobations se font entendre.
Ce boîtier originaire d'Angleterre, a traversé la Manche, fait un détour par la Suisse et la Belgique (où le gouvernement est également intervenu) pour arriver jusqu'en France. La société qui commercialise cet objet en parle en ces termes :
"conçu pour disperser les groupes d'adolescents qui agissent de manière antisociale". Son principe ? L'émission d'ultrasons émis à une fréquence oscillant entre 17 et 18 Khz ne pouvant être perçue que par les jeunes de moins de 25 ans : gênés par ce bourdonnement qui s'apparenterait également à un sifflement, les "jeunes indésirables" passeraient alors leur chemin... Automatiquement augmenté pour être 5 à 8 dB plus élevé que le bruit environnant, il émettrait le son par période de 20 minutes et atteindrait une puissance maximale de 95 dB.
Répulsif anti-SDF, "machine à chasser le jeune"... jusqu'où ?
MAP : Cet appareil présente-t-il des dangers ?
Psychologiquement, le son peut être très dur à supporter. Ainsi, les sons intenses sont utilisés à fins militaires (rappelez-vous : la reddition de Noriega après avoir été bombardé de musique - un disque à toute heure du jour et de la nuit et à très forte puissance, NDLR - par les Américains). Pour ce boîtier, a priori, selon les chiffres donnés, il ne devrait pas y avoir d'altérations. Pour qu'il y en ait, tout dépend du niveau du son et de la distance par rapport à l'appareil. 95 dB à 10 mètres cela passe mais à 110, les lésions apparaissent au niveau des cellules sensorielles de l''oreille interne et, s'il y a eu exposition prolongée, elles peuvent être irréversibles. MAP : Comment avez-vous eu connaissance de l'existence de cet appareil ? Cela fait déjà un an ou deux que nous, professionnels, en entendons parler par le biais de publications étrangères. Le principal problème de cet appareil réside essentiellement dans une question éthique ! www.orl-france.org