La réunion du Comité du Très haut débit de mardi, organisée par le secrétaire d'Etat Eric Besson, a été fructueuse : non seulement le comité de pilotage visant à lancer l'expérimentation pour le développement du réseau a été lancé, mais elle a également été l'occasion pour trois opérateurs de signer un accord pour la mutualisation du câblage en fibre optique.
La fibre optique : une technologie permettant à ses usagers un accès à Internet à très haut débit numérique et l'objet d'une guerre sans merci entre les opérateurs pour la conquête du marché. Quatre opérateurs nationaux proposent d'ores et déjà des offres dans les grandes agglomérations : Numericable, Orange, SFR et Free. C'est à qui déploiera le plus vite et sur le territoire le plus étendu. Autre pomme de discorde : la technique à employer. En mono-fibre, chaque logement est équipé d'une fibre dédiée, attribuée à l'opérateur choisi par l'abonné au niveau d'un point de mutualisation. En multi-fibres, quatre fibres sont installées par logement, que chaque opérateur peut venir connecter à son réseau au niveau d'un point de mutualisation, une solution prônée par Free.
Pour le Secrétaire d'Etat Eric Besson il était donc nécessaire, après des mois de guéguerre entre opérateurs, de calmer les esprits. Il a donc réuni mardi l'ensemble des acteurs de ce dossier. Son objectif ?
"Réunir un comité de pilotage de la fibre, visant le lancement de l'expérimentation et la spécification de deux modèles" de réseau, c'est-à-dire le mono-fibre et le multi-fibres. Chaque fournisseur d'accès à internet est libre d'expérimenter le ou les modèles qu'il souhaite. Placé sous le contrôle de L'Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes (Arcep), le comité de pilotage choisira d'ici au 31 mars 2009, l'un des modèles pour l'extension du réseau. Six opérateurs - Orange, SFR, Free, Numericable, Seaqualum et Axione prendraient part à ce comité.
immeubles parisiens © Kiko - MAP
En parallèle, Orange, Numericable et SFR ont conclu un accord précisant les
"modalités de mutualisation du câblage en fibre optique installée par l'un ou l'autre dans les immeubles, en étudiant notamment l'utilisation optimale des infrastructures existantes." Et donc que
"les habitants de chaque immeuble des zones concernées par l'expérimentation auront ainsi le choix entre au moins trois opérateurs." En effet, la difficulté essentielle posée aux copropriétaires qui voulaient s'équiper résidait dans son installation entraînant, non seulement des travaux spécifiques importants, mais également une seule mise en place. Il fallait donc une garantie (la mutualisation) pour que le locataire ou le propriétaire puisse à choisir lui-même son abonnement en fonction des offres concurrentes*. Dans leur accord, les trois opérateurs ont indiqué avoir choisi la technique "mono-fibre" et se sont engagés à tester la multi-fibres dans le XVe arrondissement de Paris et une ville de province. Les signataires ont bien précisé que l'accord était ouvert à tout opérateur qui le souhaite, laissant ainsi à Free la possibilité de les rejoindre.
Numericable, qui compte déjà 4 millions de prises raccordées à la fibre optique, confirme dans un communiqué
"sa volonté de conclure avec d'autres opérateurs des accords de mutualisation respectueux des différentes architectures techniques, sans en privilégier ou en écarter aucune." Pierre Danon, Président de Numericable Completel ajoute
"Sous l'impulsion d'Eric Besson et de l'ARCEP, les expérimentations en cours et à venir participeront à une adoption plus rapide de la fibre optique par le consommateur. L'accord conclu aujourd'hui par Numericable avec France Telecom et SFR en est une des premières illustrations."
A noter qu'Eric Besson a évoqué un effort d'investissement de 10 milliards d'euros sur dix ans lors de cette réunion pour le déploiement de la fibre. Le gouvernement, aurait-t-il ajouté, veut afficher 4 millions de foyers FTTH d'ici 2012.
*Dans ce cas, l'arrangement a lieu alors entre celui souscrit et celui qui a installé le réseau (une manœuvre existante avec le téléphone par exemple, où l'opérateur historique loue son réseau à d'autres).
SFR donne une seconde vie au matériel informatique
L'opérateur de téléphonie s'est engagé lundi dans le programme Ordi 2.0 lancé par Eric Besson, pour donner une 2nde vie aux matériels informatiques et contribuer à réduire la fracture numérique. Ce programme permettra d'"accélérer l'accès de tous - principalement les plus modestes - aux équipements numériques, en favorisant le développement d'une filière nationale de reconditionnement et de redistribution d'équipements informatiques usagés." L'opérateur précise que depuis deux ans, il a mis en place un dispositif de don de matériels informatiques et ainsi près de 3.200 équipements informatiques auraient été collectés, au profit d'écoles et d'associations. "Contribuer à réduire la fracture numérique en facilitant l'accès aux équipements informatiques pour tous, s'inscrit pleinement dans la politique d'entreprise responsable de SFR" selon un communiqué. A l'occasion de la signature de la Charte Ordi 2.0, SFR a effectué un don de 80 équipements informatiques au profit de l'association Ateliers Sans Frontières.