Le syndicat UNIS, représentant près de 3.500 professionnels, a décidé d'attaquer 60 millions de consommateurs pour la représentation caricaturale qui a été faite de la profession de syndic dans son enquête parue dans son numéro d'avril. Et mise sur l'éducation et la formation pour améliorer les relations entre les copropriétaires et les professionnels.
Sale temps pour les syndics ! La polémique n'en finit plus d'enfler autour de la conformité ou non de leurs contrats à l'avis du Conseil national de la concurrence (CNC). L'on en arrive au point où l'on aimerait bien un temps mort dans cette bataille rangée ! D'autant plus que dans ce conflit, l'Etat joue toujours la Grande Muette... Mais jusqu'à quand ? Luc Châtel serait en train de recevoir les parties les unes après les autres, avant de prendre sa décision sur un éventuel arrêté rendant obligatoires les recommandations du CNC.
Mardi, l'un des principaux représentants des professionnels, l'Union des syndicats de l'immobilier (UNIS) a décidé d'attaquer 60 millions de consommateurs :
"nous porterons l'affaire devant les tribunaux" a déclaré Serge Ivars, lors d'une conférence de presse. En cause, l'enquête sur 230 contrats réalisés par le magazine qui dénonçait une avalanche d'abus et seulement une douzaine de contrats conformes. Plus que le fond, c'est la forme que remet en cause l'UNIS. Appartenant à l'Institut National de la Consommation,
"60 millions n'est pas un journal satirique", ainsi la représentation des syndics caricaturés en
"vampires" a choqué :
"nos adhérents sont scandalisés". C'est une
"question d'honneur". Reste que la qualification de la plainte n'est pas connue et que le président de l'Union des syndicats de l'immobilier ne s'étend pas sur ce point. L'enquête de la DGCCRF, publiée le 4 novembre dernier et présentant 89% de contrats conformes est présentée comme la seule valable.
Pourtant, nombreux sont ceux qui dénoncent les abus pratiqués par certains syndics : médias ou associations de consommateurs ou de copropriétaires s'en donnent à cœur joie. Car des brebis galeuses, il y en a sûrement : 20 millions de Français vivent sous le statut de la copropriété. Et les représentants de la profession ont peine à trouver des arguments pour défendre leur profession. Pour Serge Ivars, "
le climat de conflit est exagéré", et de reconnaître
"on se s'embrasse pas sur la bouche, mais on ne se tire pas dessus Serge Ivars © Serge Ivars, président de la Cnab - CNAB
non plus ! (...) L'immense majorité fait de son mieux, c'est un métier difficile." Sur ces contrats de syndics et l'avis du CNC, "
l'erreur vient du fait qu'on a voulu enfermer les professionnels dans une liste exhaustive de 44 points, au lieu de mettre en place un forfait" pour ce qui est des prestations courantes. Ce qui aurait donné "
libre court à l'imagination" de certains, notamment sur les prestations particulières.
Un Ordre ne pourrait-il faire le ménage ? Pour Serge Ivars, la question s'est posée. Alors président de la Cnab, il avait même sollicité sa création auprès du Ministère de la justice ! Et avait essuyé un refus : pour les autorités publiques, rien ne le justifie, puisque les syndics ne sont pas une profession de service public et la création d'un ordre serait de plus pour l'Europe, contraire à la libre concurrence .
"Il est nécessaire aujourd'hui de mener une réflexion en profondeur. Le fait est aussi que nous faisons plusieurs métiers, peut-on tous les regrouper dans le même Ordre ? Le débat doit être lancé" explique le président d'Unis.
A l'UNIS, priorité est donnée à l'information et l'éducation en guise de réponse aux attaques. Point de nouvelle enquête, mais la création d'une Université de la Copropriété qui devrait être mise en place courant juin.
"L'éducation est la base d'une bonne relation. Il faut former les conseils syndicaux et les copropriétaires. Et après cette formation, il est clair que la relation syndic-copropriétaire, syndic-conseil syndical, sera la meilleure possible" pense le syndicat.
Face à de telles attaques ces dernières semaines, la réponse paraît un peu bancale. Montrer qu'avoir un syndic
"est la meilleure garantie que la vie en copropriété va se dérouler dans les meilleures conditions." Soit. Pas sûr que cela suffise à redonner des couleurs à cette profession ternie par trop d'abus.