Il existe plusieurs types de préemption possible sur un bien immobilier.
Le plus connu - et le plus courant - est le
droit de préemption urbain (DPU) qui permet à la commune (ou à l'Établissement public de coopération intercommunale/EPCI) d'acquérir en priorité des biens dès lors qu'ils sont situés dans certaines zones.
"Ce droit est généralement exercé par les communes, mais elles peuvent le déléguer aux intercommunalités, à la préfecture, à un organisme comme les offices HLM, etc." nous explique Maître Benoît Jorion, avocat à la cour.
La commune (ou l'EPCI) peut instituer un DPU pour réaliser un
projet d'intérêt général ayant notamment pour objet la création d'équipements collectifs, la création de logements sociaux, etc. Le DPU doit être institué par une délibération du conseil municipal (ou de l'organe délibérant de l'EPCI).
Le DPU peut être institué dans les zones U (urbaines), AU (à urbaniser) et dans certains secteurs protégés de la commune.
Dans certaines zones en France, appelées
Zones d'aménagement différé (ZAD), les collectivités ou les organismes délégués ont également la possibilité de préempter un bien mis en vente. Ces zones ont pour objectif de préparer des opérations d'aménagement sur le long terme (projet urbain, politique locale de l'habitat, accueil des activités économiques, etc.).
"De même, le département a le droit de préempter des biens situés dans un espace naturel sensible (ENS)" ajoute l'avocat.
Ce
droit de préemption dans les Espaces naturels sensibles (ENS) a pour objectif de valoriser certains sites et milieux naturels.
Il existe également,
en cas de vente de parcelles boisées et sous conditions, un droit de préemption au profit de la commune sur laquelle se situe les biens. Elle doit posséder une
parcelle boisée contiguë et être soumise à un document de gestion.
Les S
ociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural (Safer) des régions peuvent
préempter la vente d'un terrain ou d'un bien rural situé dans une zone agricole ou naturelle.
La
loi climat du 22 août 2021 a créé un nouveau droit de préemption au bénéfice de la commune ou de l'EPCI :
Le droit de préemption pour les biens exposés à l'érosion du littoral (articles L 219-1 et suivants du Code de l'urbanisme).
La
loi relative à l'engagement dans la vie locale et à la proximité de l'action publique du 27 décembre 2019, modifiée par la loi du 21 février 2022 dite
loi 3DS, a créé le
droit de préemption des surfaces agricoles situées dans une aire de captages utilisés pour l'alimentation en eau destinée à la consommation humaine (articles L 218-1 et suivants du Code de l'urbanisme). Institué par le préfet, le droit de préemption appartient à la commune, au groupement de communes ou au syndicat mixte exerçant la compétence "eau."
Il existe également des
droits de préemption dits privés, ainsi ce sont des personnes privées et non des organismes publics qui en sont bénéficiaires. Lorsque le logement mis en vente est occupé par un
locataire, ce dernier possède d'office un droit de préemption.
Le même type de droit de préemption existe pour
les locataires de locaux commerciaux.
Dans le cas d'
une vente en indivision, lorsque l'un des indivisaires souhaite vendre tout ou partie de ses biens,
les autres indivisaires peuvent préempter pour les acquérir en priorité sur un tiers.
Il existe également un
droit de préemption au bénéficie du locataire de terres agricoles dans le cadre d'un bail rural.
Plusieurs droits de préemption peuvent trouver à s'appliquer dans le cadre de la vente d'un même bien immobilier (ex : droit de préemption urbain et droit de préemption du locataire). Souvent les conflits entre plusieurs droits de préemption sont réglés par la loi et la jurisprudence.
Par exemple, l'article L 143-6 du Code rural et de la pêche maritime prévoit que
le droit de préemption de la SAFER ne peut pas primer les droits de préemption établis par les textes en vigueur au profit des collectivités publiques et il ne peut pas, non plus, s'exercer contre
le preneur en place (locataire en vertu d'un bail rural) si ce preneur exploite le bien concerné depuis au moins trois ans.
Le principe est que
l'intérêt public prime toujours sur l'intérêt privé. Ainsi, par exemple, lorsque le locataire et la commune sont en concurrence pour acquérir le logement, le droit de préemption existant au profit de cette dernière (DPU) l'emporte sur le droit de préemption dont est titulaire le locataire du logement.