immeubles parisiens © Kiko - MAP
Tension, stress, conflits… La copropriété est souvent synonyme de mésentente. Pour analyser et résoudre les problèmes, la médiation d'une personne extérieure peut s'avérer nécessaire. Rencontre avec Philippe Bonargent, coach professionnel intervenant dans les copropriétés.
Maison à part : Comment en êtes-vous arrivé à vous occuper de coaching pour les copropriétés ? Quel est votre parcours ?
J'ai commencé par des études de droit, puis un cycle de gestion. Puis j'ai travaillé dix ans comme administrateur de biens. J'ai moi-même été coaché dans ce cadre. Je connais donc bien les problématiques posées et sais comme son intervention peut être bénéfique. J'ai ensuite suivi une formation de coach à HEC pour poursuivre dans cette voie.
MAP : A quoi sert un coach ? Quelles doivent être ses qualités ?
Un coach permet de voir d'autres horizons, d'apaiser les choses, de saisir les problèmes à tête reposée. Un coach est un facilitateur. Il doit savoir écouter les différents points de vue et essayer d'arriver à un rapprochement entre les uns et les autres. J'ai la chance d'avoir une voix basse, les gens m'écoutent, se calment.
MAP : Dans le cadre de la copropriété, quels sont les cas pour lesquels vous intervenez ?
Il y a deux types d'interventions. La première s'adresse au personnel des cabinets de gestionnaires de copropriété. On peut les aider à gérer leur stress, à donner un sens à ce qu'ils font. Souvent insultés, considérés comme les méchants, ils n'ont aucune rémunération ou récompense pour leurs efforts. Nous leur expliquons notamment qu'ils interviennent pour améliorer la vie des gens.
La seconde s'adresse aux assemblées générales de copropriété. Tout ce qui s'y déroule relève de l'affect. Les uns contre les autres. Il n'y a pas de lumière depuis trois semaines dans le couloir, c'est de la faute d'untel, etc. Par exemple, j'interviens en ce moment dans un immeuble d'une quarantaine d'appartements où il y a une campagne pour renvoyer la gardienne. Les raisons ne s'arrêtent pas aux charges qu'elle engendre mais aussi à des affaires personnelles : certains ne l'aiment pas, disent qu'elle boit. D'autres ont un intérêt à la voir partir pour récupérer son appartement qui est mitoyen du leur… Enfin, il y a ceux qui la défendent. On essaye de les faire réfléchir sur la problématique essentielle, de leur faire saisir les vrais arguments pour trouver une solution logique : la gardienne est un lien social, doit-on le conserver ?
Il est important que ce travail soit effectué par une personne extérieure à l'immeuble pour passer outre cet affect.
Je le pense. Je ne fais aucune publicité et pourtant cela marche ! Ce travail est spécifique : on essaie de redonner aux gens des bases simples pour "désaffectiver" les choses. En ce moment on est en pleine saison des assemblées de copropriété donc la demande est forte.
MAP : Qui fait appel à vous ? Un copropriétaire ou la copropriété dans son ensemble ?
La plupart du temps un copropriétaire. Par exemple dans une copropriété pour laquelle je suis intervenu, le conflit a lieu pour la survie d'équipements collectifs sportifs, entre des jeunes familles qui veulent les conserver et des seniors dont le président du conseil syndical, un militaire à la retraite qui n'en veulent plus. J'essaie de préparer les jeunes à retrouver une stratégie non agressive. Je suis convaincu que la bienveillance peut l'emporter sur le conflit. L'agressivité n'aboutit à rien. Le gros de mon travail, c'est du coaching d'équipe, retrouver la cohésion lorsqu'aucun arbitrage ne semble possible. C'est une démarche au long terme, non agressive, un nouveau regard qui permet le rééquilibrage des forces.
Je procède par interviews individuelles, j'écoute les divers échos sur l'affaire, puis j'assiste à l'assemblée générale dont tout le monde dit qu'elle devrait mal se passer. C'est du sur-mesure, cela s'adapte à chaque cas. Après cette écoute en « off », j'explique au début de l'assemblée ma présence à tous, pour permettre que le débat se déroule bien. Souvent, le seul fait de parler apaise déjà beaucoup les tensions. A partir du moment où les gens passent par moi, c'est qu'ils ont déjà fait l'effort de vouloir trouver une solution.
C'est du cas par cas. Mais l'idée également c'est que, comme pour le psychiatre, le prix a un impact. Je travaille pour 300 € de l'heure. Généralement, ceux qui font appel à moi ont un budget pour deux, trois heures d'intervention, prises en charge par la copropriété. Sauf cas très exceptionnel, j'aide un groupe.
Plus d'information sur :
www.resolutions-coaching.com