Alors que le marché de l'immobilier flanche et que les projets d'achats sont différés en attendant que les prix baissent, les agences veulent rassurer les futurs acquéreurs. Certains réseaux s'organisent et proposent des assurances gratuites couvrant les risques de moins-value en cas de revente précipitée. Explications.
Garantir les risques d'une moins-value en cas de revente anticipée d'un bien acheté quelques années plus tôt : on appelle cela l'assurance-revente. Elle couvre généralement les "accidents de la vie" (décès, divorce, mutation...) qui nous obligent à mettre en vente un logement alors que l'on ne s'y était pas préparé. Ce système peu utilisé n'est pas nouveau mais, baisse des prix de l'immobilier oblige, pourrait retrouver un certain succès dans les mois à venir. Les agences immobilières ne s'y sont pas trompées et se précipitent pour exploiter le filon, avec pour objectif de sécuriser une clientèle qui rechigne aujourd'hui à acheter.
Orpi est la première à s'engouffrer dans la brèche. En partenariat avec l'assureur AIG Vie, elle a réfléchi à un nouveau modèle de contrat, mieux adapté à la demande.
"Notre ancien contrat de groupe était très peu utilisé. Nous avons souhaité proposer un produit plus complet", explique Bruno Cormillon, membre du conseil de gérance du réseau. Deux formules pourront désormais être offertes gratuitement aux acheteurs par les agents immobiliers qui auront souscrit ce contrat de groupe (120 € ou 208 € par bien, selon le contrat). La première permet d'assurer la moins-value dans la double limite de 10 % du prix d'achat et de 15.000 €, ou de 20 % du prix d'achat et de 30.000 €. Sachant que
"le prix d'achat comprend le coût des travaux et que nous avons étendu le bénéfice de l'assurance aux personnes âgées de moins de 70 ans, contre 65 ans auparavant" tient à souligner Bruno Cormillon. Une garantie qui joue pendant cinq ans après la date d'acquisition en cas d'accident, de décès, de mutation professionnelle, de perte d'emploi, de divorce mais aussi, et c'est une nouveauté, en cas de dissolution de PACS ou rupture de concubinage.
"L'idée est de redonner confiance à la clientèle, tout en se démarquant de la concurrence en offrant de nouveaux services à nos clients", reconnait-il.
Un geste commercial que d'autres réseaux s'apprêtent à faire à leur tour. Interrogée par Maison à part, la FNAIM confirme qu'elle planche elle aussi sur un contrat de ce type.
"Les prix baissent. Dans la période que nous traversons et avec la peur de la dégradation des prix, c'est le moment où jamais de mettre ce système en place", admet René Pallincourt, président de la fédération. La CGAIM (caisse de garantie de l'immobilier, assureur partenaire de la FNAIM) travaille sur le dossier depuis plus d'un an. Trois niveaux de garantie - 55 € par bien pour la formule de base, 169 € pour une formule plus complète ou 256 € pour la couverture la plus large - devraient être proposés aux agents FNAIM d'ici janvier 2009. A charge pour eux d'offrir cette prestation supplémentaire à leur clientèle à titre commercial.
"C'est un cadeau que le professionnel fait à son client", explique Jean-Paul Boudignon, directeur commercial assurance de la CGAIM. Selon l'option choisie, la moins-value peut-être couverte à hauteur de 15 % du prix d'achat sans pouvoir dépasser 25.000 € ou de 20 % de ce pris dans la limite de 35.000 €. La différence majeure avec le contrat ORPI ? Le contrat de groupe de la fédération ne joue que pendant deux ans. Mais il sera couplé avec une autre offre, la garantie de bonne fin de transaction,
"qui prend en charge les conséquences d'un décès entre la signature de la promesse de vente et celle de l'acte authentique ", précise notre interlocuteur.
"Au terme de ces deux années, nous proposeront aux assurés de prolonger leurs contrats", ajoute Jean-Paul Boudignon. A ce niveau, le financement de la couverture sera donc à la charge du particulier.
Chez Century 21, où une assurance revente est proposée aux acheteurs depuis 2006, on reste néanmoins sceptique quant à ces promotions.
"C'est une communication négative basée sur la peur de perdre", se méfie une source interne.
"Dans certains cas (exemple de métiers à fort risque de mutation) cela peut-être utile pour les clients. C'est donc un outil à utiliser au bon moment et non une solution universelle à proposer à tous !". Une option qui reste néanmoins intéressante lorsqu'elle est gratuite. A condition de savoir, à terme, refuser la prolongation du contrat lorsque l'on ne présente pas de profil à risque.