Sans aucun doute, la rentrée 2011 aura permis d'ouvrir le débat sur la qualité de vie des étudiants français. Entre la hausse des prix des fournitures et la décision de verser un dixième mois de rente aux étudiants boursiers, la question du logement s'est imposée. Pour apaiser les colères, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche, Laurent Wauquiez, a annoncé à nos confrères du Monde la création d'un "passeport logement". Explications et réactions.

Des difficultés avérées

Même le ministère de l'Education avoue, à demi-mot, que la situation est rude pour les étudiants : "Les loyers connaissent une progression de 1,2% [en 2010, mais] les étudiants qui déménagent peuvent être confrontés à des hausses supérieures liées aux revalorisations éventuelles en cas de changement de bail". Une pratique courante qui n'arrange pas les finances des jeunes, parfois contraints d'abandonner leurs plans d'études, faute de pouvoir quitter le domicile familial. Interrogé par le journal Le Monde, Laurent Wauquiez a affirmé qu'il comptait "poursuivre le travail sur l'amélioration des conditions d'études. Et la priorité doit être le logement" a-t-il précisé dans l'édition du quotidien datée du mercredi 31 août. Rappelant le caractère parfois rédhibitoire des coûts de location, le ministre de l'Enseignement supérieur a annoncé la création d'un "passeport logement étudiant". Prise en charge du dépôt de garantie et de la caution Le dispositif, qui sera testé dès cette rentrée à Lille et Lyon, consiste en la création d'un fonds qui prendrait en charge le dépôt de garantie à verser lors de la signature du bail de location. Le fonds pourra également prendre le relais des parents en tant que caution solidaire. Cette nouvelle aide "'adressera à terme à tous les étudiants" insiste le ministre, et complètera ainsi l'Avance Loca-Pass, valable uniquement pour les logements sociaux conventionnés. Pour bénéficier du versement, par une banque partenaire, du montant du dépôt de garantie, les étudiants devront faire vérifier par le Crous que le logement "garantit un bon niveau de confort et que le loyer n'est pas exorbitant" explique Laurent Wauquiez, précisant que la manœuvre vise à "protéger les étudiants".

Accueil mitigé des associations

Une protection toute relative, répondent les associations étudiantes. Le "passeport logement" sera en effet payant, à hauteur "de 3 à 5 euros par mois" explique le ministre. L'Union nationale des étudiants français (UNEF), qui appelait à la création d'un système de cautionnement solidaire, "accueille avec de très grandes réserves un dispositif partiel et payant qui s'apparente plus à un coup de communication qu'à une réelle mesure". En période électorale, la méfiance est de rigueur. Réaction également tiède de la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE), qui "s'interroge sur la place des banques privées dans ce cautionnement et demande la mise en place de garde-fous". La FAGE se dit cependant satisfaite, notamment concernant "l'accès au logement dans le parc privé [qui] sera ainsi facilité". L'association de parents d'élèves PEEP-Sud et l'association Promotion et défense des étudiants (PDE), quant à elles, saluent la démarche, dans un contexte "particulièrement critique" précise PDE. Toutes restent réservées, et attendent la suite des annonces, notamment concernant les conditions d'accession pour les étudiants, et les critères de choix des logements.

Le problème principal : la pénurie de logements

Encore faut-il que les étudiants trouvent un logement ! La pénurie est réelle, et franchement dénoncée par les associations, telles Jeudi Noir qui manifestait mercredi en occupant une agence immobilière parisienne. Quand Laurent Wauquiez annonce la construction de 5.872 nouveaux logements sociaux étudiants en 2011, l'UNEF lui rétorque que le Cnous n'en prévoit que 4.000, et "déplore que le ministre laisse encore 93% d'étudiants privés de chambre Crous, à la merci des augmentations exponentielles des coûts du loyer"... La guerre des chiffres est déclarée. Pour lutter contre ce manque cruel de logements étudiants, le ministre évoque également la réhabilitation de plusieurs milliers de chambres du Crous. Il prévoit par ailleurs le lancement d'un portail internet gratuit, permettant aux étudiants de réserver des logements en Ile-de-France, l'une des régions où la pénurie se fait le plus sentir. Le but : court-circuiter les marchands de listes, et simplifier le contact entre propriétaires, qui ont la garantie de louer leur bien, et étudiants à la recherche d'un toit. www.lokaviz.fr