main couple clé © Karen Roach-FOTOLIA
Comment se comportent les couples dans l'acte d'achat immobilier ? Pourquoi les Français sont-ils davantage prêts à s'engager sur le long terme pour acquérir un logement qu'à se marier ? C'est ce que tente d'expliquer le Docteur Jacques Antoine Malarewic, psychiatre et thérapeute de couple, dans son étude intitulée «L'irrationnel dans l'acte d'achat immobilier», réalisée pour le Salon national de l'immobilier.
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L'enjeu de l'achat immobilier devient de plus en plus important dans mon travail avec les couples , déclare le Docteur Jacques Antoine Malarewic, psychiatre et thérapeute de couple. Il est tellement important que certains couples viennent pour cela !»
L'accession à la propriété est devenue la première priorité pour 90% des Français. Pendant ce temps, près d'un mariage sur deux se termine par un divorce. Dans son étude intitulée « L'Irrationnel dans l'acte d'achat immobilier », Jacques Antoine Malarewic met en relief la notion schizophrénique entre le besoin que les Français ont de s'engager à long terme dans un achat immobilier et l'extrême fragilité des couples. «
Finalement, il est plus facile de passer devant le notaire que devant le maire », constate-t-il.
Près d'un couple marié sur deux divorcent en région parisienne et un sur trois en province. De même un enfant sur deux naît hors mariage. Allongement de la durée de vie, consumérisme relationnel... sont autant de facteurs qui modifient la relation à l'autre et augmentent, de fait, les difficultés rencontrées dans les couples. Des épreuves conjugales qui impactent l'offre immobilière. En effet, face au manque de sécurité dans leur couple, les Français se mettent en quête d'une insertion dans l'espace !
Selon le Dr Jacques Antoine Malarewic, quatre éléments principaux interviennent dans cet engouement pour l'achat immobilier. Tout d'abord, l'appréhension du temps et de la durée a changé. «
Tout se passe comme si le temps n'était plus une référence, la référence devint l'espace, le territoire», explique ce dernier.
Autre facteur : l'explosion des familles se traduit par une évolution clanique de la société. Les individus se regroupent autour d'un objectif commun. «
Les lofts, avec leurs espaces très ouverts permettent d'ailleurs aux membres clan de s'épanouir», commente-t-il.
D'autre part, le manque de sécurité et de repères implique un besoin de filiation dans laquelle l'individu peut se positionner et se définir. «
Un adulte existe s'il a des enfants», explique Jacques Antoine Malarewic.
Enfin, avec le développement des nouvelles technologies, l'individu a de plus en plus foi en l'avenir. «
Beaucoup de jeunes de 25 ans pensent ainsi qu'ils peuvent s'engager à long terme ».
Bref, avec les bouleversements conjugaux et ces changements dans notre perception au temps, «
le besoin d'espace devient archaïque», constate Jacques Antoine Malarewic.
Au-delà des facteurs rationnels et financiers, l'irrationnel prend donc toute sa place dans l'accession à la propriété. «
L'habitation est à la fois un bien à transmettre, elle accompagne la filiation, en même temps qu'un espace d'accueil privilégié pour le clan, elle devra probablement de plus en plus répondre aux exigences de cette forme de lien social , affirme Jacques Antoine Malarewic dans son étude.
Ce que nous demandons d'un lieu de vie, c'est qu'il soit à la fois symbole de stabilité, de solidité et point de référence ».
L'étude met également en relief la notion affective de l'habitation. «
La séparation des couples semblent parfois plus facile à gérer que la liquidation et la séparation du bien», affirme Jacques Antoine Malarewic. A tel point que la propriété semble se poser comme le nouveau contrat qui unit les couples. Inquiétant...