appartement logement immeubles © MAP
"Inquiétude", "préoccupation", "malaise"... les mots caractérisant actuellement les sentiments des Français lorsqu'il est question de logement sont suffisamment éloquents. Ils traduisent une véritable appréhension des ménages, face à une montée de la part du budget consacré à ce poste familial essentiel d'une part, et à un marché tendu où l'offre ne répond pas à la demande, d'autre part.
La dernière étude de l'Ifop pour le compte de l'association Pulse (professionnels de l'
usufruit social local), publiée fin octobre, le constate une nouvelle fois. L'enquête a été menée auprès de Français locataires et éligibles à un logement social sur l'ensemble du territoire national et dans des zones de fortes tensions foncières, auxquels a été soumis un questionnaire concernant leurs attentes en matière de logement.
Premier constat : le logement reste une préoccupation majeure pour l'ensemble des personnes interrogées. Il arrive en troisième position, après le travail et la santé, voire en première dans des zones très tendues, comme Paris et l'Ile de France. Une inquiétude qui va croissant tandis que le budget consacré à ce poste de dépenses par les ménages ne cesse de se creuser.
"Plus de 2/3 (69%) des locataires déclarent être contraints de réduire d'autres postes de dépenses pour préserver le poste 'logement' - des loisirs, pour 70% d'entre eux, jusqu'à l'alimentation pour 15% d'entre eux", explique ainsi l'étude. Et d'ajouter que "
74 à 81% des locataires estiment que les niveaux de loyers sont trop élevés." Près d'une personne interrogée sur deux consacre ainsi plus de 30% de son revenu pour se loger, est-il précisé.
Par ailleurs, l'étude souligne l'envie forte de changer de logement et ce, indépendamment du fait de loger dans une région à forte tension foncière ou non : 75% des personnes interrogées émettent ce souhait. Et pour plus d'une personne sur deux, ce projet est motivé par un désir d'accession à la propriété. Mais, conscients du hiatus entre leurs exigences (superficie, nombre de pièces, proximité de son lieu de travail, cadre de vie, etc.) et la réalité du marché, le découragement est plutôt de mise :
"(...) près des trois quarts de chaque échantillon (72%) déclarent que trouver un logement qui corresponde à ses trois critères de choix est difficile (...). Les difficultés à trouver un logement sont à chercher davantage du côté du prix des loyers des logements privés (selon 74% de l'échantillon national et 81% de l'échantillon habitant en zone de forte tension foncière) que du côté d'une insuffisance de l'offre locative, qu'elle soit privée ou publique." Une contrainte de prix d'autant plus dissuasive pour les personnes habitant en zone de forte tension foncière (51%) ou qui sont locataires avec un bailleur public (60%). Le tout entraîne ainsi l'abandon du projet dans la majorité des cas : "
Le prix des loyers pratiqué peut dissuader à lui seul plus de six personnes sur dix (63% de l'échantillon national et 61% de l'échantillon situé en zone de forte tension foncière) de s'installer dans un quartier ou dans une commune particulière", ajoute encore l'étude.
A noter que selon l'Ifop, et ce qui semble logique, "
la durée d'occupation du premier logement varie selon que les personnes interrogées habitent en zone de forte tension foncière (4,4 années en moyenne) ou non (3,9 années pour l'ensemble du territoire)." En revanche,
"(...) les locataires avec bailleur public tendent davantage que ceux ayant un bailleur privé à conserver chacun de leur(s) logement(s) plus longtemps, ceci confirmant l'insuffisante rotation dans le parc public", est-il enfin précisé.
Comment finalement satisfaire les Français ? Pour Pulse, cela réside dans des propositions innovantes en matière de logement. Et l'association, spécialisée dans le locatif social, de souligner que selon l'étude Ifop, "
la proposition d'un logement avec un bail non renouvelable d'une durée comprise entre 5 et 10 ans séduit une majorité des locataires interrogés, et ce quel que soit l'échantillon considéré (56% de l'échantillon national et 59% de l'échantillon habitant en zone de forte tension foncière)".