Jusqu'à présent exclusivement distribué par trois banques, le livret A devrait être généralisé à tout le réseau bancaire dès l'année prochaine. Une décision qui répond à l'exigence de libre concurrence imposée par Bruxelles.
D'ores et déjà détenu par 46 millions de Français, le livret A devrait retrouver une seconde jeunesse dès l'année prochaine. Christine Lagarde l'a annoncé dans les colonnes du quotidien Aujourd'hui en France/Le Parisien :
"Chaque Français pourra, à partir du 1er janvier 2009, ouvrir un Livret A dans la banque de son choix" a-t-elle déclaré dans l'édition du 31 mars. Aujourd'hui, la Banque Postale, les Caisses d'Epargne et le Crédit Mutuel (livret Bleu) sont les seuls établissements à être autorisés à le proposer.
Disponible, sans risque et défiscalisé, le livret A permet de financer chaque année la construction d'environ 50.000 logements de ce type (64 000 en 2007), selon la Caisse des Dépôts. Cet organisme gère et centralise 100% des encours générés par cette épargne, soit l'équivalent de 120 milliards d'euros. L'argent est ensuite employé sous forme de prêts accordés aux organismes de logements sociaux. Ces derniers empruntent ainsi les fonds à très long terme et en assurent le remboursement avec un taux d'intérêt fixé chaque année par les pouvoirs publics. Les banques quant à elles prélèvent au passage une commission entre 1 et 1.2%.
A priori, la généralisation du produit, porté par un taux séduisant pour l'épargnant (3.5% depuis janvier), devrait entraîner une augmentation mécanique de la collecte. Les pouvoirs publics planchent par ailleurs sur la réduction du montant de la commission susceptible d'être perçue par les banques. Celle-ci pourrait s'élever entre 0.4 et 0.8%. L'annonce relance néanmoins la question du financement des logements sociaux : les banques en profiteront-elles pour attirer leurs clients vers des produits de placement plus rémunérateurs pour elles, au détriment du Livret A ? Le cas échéant, les organismes HLM devront-ils se replier sur des emprunts privés à des taux plus élevés ? De telles conséquences auraient logiquement un impact négatif sur la construction de logements sociaux. Quoiqu'il en soit, les craintes ainsi exprimées depuis plusieurs mois n'y changeront rien. Le 1er janvier prochain, chacun pourra ouvrir un Livret A dans l'établissement de son choix.