Selon l'association, les contrats d'assurance-emprunteur étaient hautement bénéficiaires puisque sur 100 € de prime payée par l'assuré, le banquier recevait plus de 40% du montant sous la forme de "bénéfices techniques et financiers" pour un prêt immobilier et pour les crédits consommation.
Pour les banques, les sommes reversées par les assureurs n'étaient pas des bénéfices mais des commissions et elles se réfugiaient d'ailleurs sur deux arrêtés qui excluaient les contrats d'assurance emprunteur de cette redistribution pourtant prévue par la loi. L'association assigne alors en justice l'assurance CNP Prévoyance et la Caisse d'épargne et de prévoyance avant de saisir le Conseil d'Etat.
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Suite à la décision du Conseil d'Etat, ces deux arrêtés, considérés aujourd'hui comme illégaux, ne s'appliquent plus", nous explique Nicolas Godfroy, juriste au sein de l'UFC Que Choisir. En effet, lundi, la décision du Conseil était catégorique : selon la loi, à la fin du contrat d'assurance, les assureurs auraient dû reverser aux emprunteurs les surprimes qui n'ont pas servi à couvrir la réalisation des risques.
Ce ne sont pas moins de 16 milliards d'euros - 11.5 milliards pour les prêts immobilier (entre 1996 et 2005) et 4.5 milliards (entre 1997 et 2007) pour les crédits à la consommation - qui ont ainsi été reversés indûment aux banques au lieu d'être rendus aux emprunteurs. La récente décision du Conseil d'Etat permet enfin aux assurés victimes de se retourner contre les assureurs les ayant spoliés, dans un délai de deux ans.
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Nous travaillons à la mise en place d'outils simples et efficaces devant permettre aux victimes de réclamer leur dû", poursuit Nicolas Godfroy.
"Nous n'avons pas le moyen juridique de faire une action en justice regroupée", précise le juriste en rappelant le cas de la téléphonie mobile : "
En 2002, suite à la révélation du scandale de la téléphonie mobile*, nous avions créé un site Internet afin de regrouper les victimes. L'action en représentation conjointe reste très difficile à mettre en œuvre et elle interdit toute publicité, les opérateurs avaient alors trouvé un moyen de faire considérer ce site comme illégal car procédant à du 'racolage de victimes', selon eux".
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