Portrait social de la France, nouvelle formule

    Publié le 22 novembre 2010 par P.P.
    Démographie, conditions de vie, marché du travail, éducation... L'Insee a publié mardi 16 novembre son Portrait social de la France. L'institut y dévoile neuf indicateurs pour mesurer la qualité de vie des Français. Un nouvel éclairage sur notre société et ses inégalités. Pauvreté, logement et inégalités... détails.
    En septembre 2009, le prix Nobel de l'économie Joseph Stiglitz - au terme des travaux d'une commission qu'il présidait - proposait douze recommandations pour mieux mesurer la qualité de vie, le progrès social et le bien-être*. L'Insee a relevé le défi et a dévoilé ce mardi 16 novembre "un nouveau chapitre sur les conditions de vie en France" au sein de son Portrait social de la France. "Les statisticiens mesurent déjà les niveaux de vie, au sens monétaire du terme, et ils mesurent aussi les conditions de vie, à l'aide de critères matériels objectifs, a expliqué Jean-Philippe Cotis, directeur général de l'Insee, lors de la présentation à la presse de l'ouvrage. La nouvelle frontière, c'est maintenant l'appréhension de la qualité de vie des personnes." Notamment en abordant la question du "bien-être subjectif".
    L'Insee a donc étudié la qualité de vie en recoupant les données de neuf dimensions différentes : "conditions de vie matérielles, mesurées avec des indicateurs relatifs aux restrictions de consommation ou aux conditions de logement" ; "contraintes financières : avec des indicateurs sur les découverts bancaires ou les retards de paiement par exemple" ; "la santé, l'éducation et les conditions de travail (qui sont mesurées, par exemple, à partir d'indicateurs sur le travail physiquement exigeant ou l'exposition à des produits nocifs)" ; "la participation à la vie publique ou les contacts avec les autres" - dit du concept de "capital social" ; et enfin, "l'insécurité économique ou physique auxquelles sont confrontées les personnes".
    "Nous ne disposerons que l'année prochaine de données permettant de mesurer la qualité perçue des activités quotidiennes (autres que le travail) a précisé Jean-Philippe Cotis. Nous serons alors 'en ligne' avec les recommandations de la Commission Stiglitz."
    Maison à part vous propose de revenir en détails sur certains constats de l'Insee, sur les questions de pauvreté, de logement, d'étalement urbain et de démographie. Découvrez la suite de l'article en pages suivantes.
    *Pour en savoir plus sur cette commission : lien vers le site de la commission de Joseph Stiglitz
    Portrait social de la France, nouvelle formule

    La pauvreté - Portrait social de la France, nouvelle formule

    "Au-delà du niveau de vie, la mesure de la qualité de la vie nécessite de s'intéresser à plusieurs dimensions de la situation des personnes, explique l'Insee : par exemple, l'état de santé, le niveau d'éducation, le degré d'insertion sociale, les conditions de vie matérielles ou les niveaux de sécurité physique et économique entre également en compte."
    Et, premier constat - pas nouveau celui-là - constate l'Institut, les 25% de la population dont le niveau de vie est le plus faible ont un risque 1,5 à plus de 2 fois plus élevé de connaître des difficultés dans chacune des dimensions de qualité de vie considérée. Inversement, "les personnes au niveau de vie les plus élevés, le risque d'une qualité de vie dégradée est plus faible de 40%".
    Mais il ne faut pas en conclure trop vite que seul l'argent fait le bonheur ! L'Insee avait d'ailleurs établi le contraire en 2008 lors d'une première enquête.

    Différences selon les catégories

    En revanche, certaines disparités sont à soulignées selon les catégories sociales. Les familles monoparentales par exemple, ont un facteur de risque élevé (38%) ; de même, les seniors de plus de 60 ans et les personnes seules, ont "une qualité de vie globale moins bonne que la moyenne", du fait des niveaux de santé et d'éducation pour la première population, tandis que ce sont les conditions de vie matérielles et les contraintes financières qui jouent pour les secondes.
    L'institut a également étudié la notion de pauvreté en condition de vie, soit les personnes "qui sont privées d'un certain nombre d'éléments de bien être matériel, dans quatre grands domaines de la vie quotidienne : les contraintes budgétaires, les retards de paiement, les restrictions de consommation et les difficultés de logement." Et de tirer ce constat édifiant : "En quatre ans, souligne l'Insee, plus d'une personne sur cinq passe par une phase de pauvreté 'en conditions de vie' "
    Voir la publication en ligne : France, Portrait social 2010
    La pauvreté - Portrait social de la France, nouvelle formule

    Logement : les inégalités se sont creusées

    En dix ans, la part des ressources consacrée au logement a augmenté pour tous les Français.
    "C'est le cas pour tous les statuts d'occupation, accédant à la propriété, locataire du parc privé ou du parc social, mais plus particulièrement pour ceux du parc privé" : entre 1996 et 2006, le taux d'effort moyen des ménages logés dans le privé est ainsi passé de 25% à 27% des ressources. Pour les ménages à faibles ressources, cette augmentation a été de cinq points, passant de 34% à 39% en une décennie. Quant aux locataires du parc social, le taux d'effort est passé de 21 à 22% en dix ans, et de 23 à 26% si l'on ne prend en compte que les ménages les plus modestes.
    Comment expliquer cette hausse ? "Pour les locataires du privé, la hausse plus rapide des loyers des ménages à faibles ressources s'explique en partie par la légère augmentation de la surface de leurs logements. Au m2, leurs loyers ont augmenté à un rythme proche de celui des autres locataires (33 % pour les ménages à faibles ressources, 31 % pour les autres). L'amélioration de la qualité des logements n'explique qu'une petite partie de cette progression des loyers au m2. L'essentiel est expliqué par la hausse générale des prix des loyers" précise l'Insee.
    Cette flambée des prix du début des années 2000 semble aussi être la cause de la hausse des dépenses liées au logement chez les accédants à la propriété, ajoutée à la diminution de la proportion de bénéficiaires d'aides au logement (passée de 59 à 37%).
    Voir la fiche de l'Insee sur ce sujet.
    Logement : les inégalités se sont creusées

    L'étalement urbain pèse sur la facture énergétique

    Par ailleurs, une autre étude publiée par l'Insee révèle que l'éloignement continu des centres-villes au cours des vingt dernières années a contribué à l'augmentation de la facture énergétique des ménages. L'étude indique que si les logements de 2006 étaient similaires à ceux de 1996, leurs habitants consommeraient aujourd'hui 10% d'énergie (carburant, chauffage, électricité) en moins.
    En 2006, la facture énergétique s'élevait à 8,4% du budget des ménages. Malgré l'amélioration de la qualité énergétique des bâtiments et des véhicules, la variation de ce coût est faible. Cela s'explique par l'agrandissement des logements, ainsi que l'étalement urbain.
    L'étalement urbain pèse sur la facture énergétique

    Démographie - Portrait social de la France, nouvelle formule

    Le Portrait social de la France permet également de faire un point sur la démographie dans notre pays. Au 1er janvier 2010, nous sommes ainsi 64,7 millions de personnes vivant en France. La fécondité se maintient à un niveau élevé (1,99 enfant par femme en 2009). L'espérance de vie des femmes - 84,5 ans en 2009 - est une des plus élevées d'Europe. Celle des hommes - 77,8 ans - se situe quant à elle, dans la moyenne européenne. "La France se distingue des autres pays européens par l'importance de son solde naturel (excédent des naissances sur les décès) précise l'Insee. Sans la France, le solde naturel de l'Europe à 27 en 2009, qui est d'un peu moins de 600.000 habitants, serait divisé par deux."
    Démographie - Portrait social de la France, nouvelle formule
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