Moins de crédits en 2008 et une réforme pour 2009

    Publié le 16 mars 2009 par avec agences
    crédit immo
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    Selon l'Observatoire des crédits aux ménages, plus d'un ménage français sur deux avaient un crédit en 2008. Un niveau élevé mais qui ne doit pas masquer une réalité : celle de la baisse du nombre de crédits octroyés dans un contexte difficile, évaluée à 4,1%. La ministre de l'économie a présenté ce lundi, son projet de réforme des crédits à la consommation.
    14,05 millions de ménages français avaient un crédit en 2008 soit 52,6%, contre 52% en 2007. "Un des niveaux les plus élevés", selon l'étude de l'Observatoire des crédits aux ménages*, publiée jeudi. 31,3 % des ménages détenaient un crédit immobilier (30,6 % en 2007) et 33,8 % (33,2 en 2007) un crédit à la consommation. Et le contexte de crise se répercute bien évidemment sur le recours au crédit : l'Observatoire note ainsi que "le nombre de crédits octroyés en 2008 a baissé de 4,1 % sur un an." Une baisse imputable en priorité à l'immobilier : les crédits immobiliers diminuent en effet de 12,7 % par rapport à 2007, "année record pour le crédit immobilier" nuance cependant l'Observatoire, et celui des crédits à la consommation de 1,75 %. 7 millions de crédits ont donc été accordé en 2008. "La France a réussi en dépit de la crise financière à maintenir une production très importante", a estimé le professeur d'économie (Paris X-Nanterre) Michel Mouillart, l'auteur de cette étude, lors d'une conférence de presse, selon des propos recueillis par l'AFP.
    Les moins de 30 ans souhaitent d'abord se loger : les crédits pour l'accession à la propriété restent à un niveau élevé, selon l'Observatoire, contrairement à leur recours au crédit à la consommation. Pour les seniors en revanche, il observe que "le crédit à la consommation [des ménages de plus de 65 ans] se maintient à un niveau plus élevé que par le passé".

    Dégradation des situations et pessimisme

    Pour l'Observatoire, cette baisse du recours au crédit doit être mise en parallèle avec le fait que 48,8% des ménages, soit plus qu'en 2007 (27,1 % en 2001 et 41 % en 2007), estiment que leur situation économique et professionnelle s'est dégradée au cours des six derniers mois. Sans compter la difficulté de gérer son budget pour 14,1% d'entre eux.
    Faut-il parler alors de "repli" ou de "contraction de l'offre" ? Pour Michel Mouillart, la baisse observée en 2008 doit être liée "davantage à un repli de la demande, en lien avec l'appréciation portée par les ménages sur leur situation financière, qu'à une contraction de l'offre", selon l'AFP.
    Et du côté des établissements de crédits, effort a été fait pour améliorer les conditions de crédit, a observé le professeur d'économie : "les conditions de crédit se sont formidablement améliorées depuis quelques mois", les taux d'intérêt ayant "perdu 55 points de base depuis novembre".

    Des intentions au plus bas depuis 10 ans

    En 2009, la situation ne devrait pas s'améliorer, vu le contexte de morosité ambiante : "les intentions de souscription d'un crédit immobilier, note ainsi l'Observatoire, sont au plus bas depuis 10 ans avec seulement 4,8% des ménages qui déclarent vouloir souscrire un crédit immobilier (5,8% il y a un an)." Du côté de la consommation, seuls 4,6% des ménages envisagent d'y avoir recours, contre 5,1% en 2007.
    Enquête annuelle réalisée par voie postale par la SOFRES en novembre 2008 pour l'Observatoire des crédits aux ménages, auprès d'un échantillon de 6690 ménages. Sont compris dans les crédits à la consommation : financements affectés (automobiles, amélioration de l'habitat et équipement ménager), prêts personnels, crédits renouvelables et opérations de location avec option d'achat.
    Lutte contre le surendettement : vers une meilleure protection des consommateurs ?
    Christine lagarde
    Christine lagarde © MC
     Le Gouvernement, par la voix de la Ministre de l'économie, Christine Lagarde, a présenté ce lundi son avant-projet de réforme du crédit à la consommation lors d'une réunion avec les associations de consommateurs. Pour le ministère de l'économie, le crédit "utile et nécessaire (...) est un acte qui engage", sa volonté étant de le réformer "profondément", pour le rendre "plus responsable".
    Première mesure annoncée : l'encadrement de la publicité pour une meilleure information des emprunteurs. La mention légale : "Un crédit vous engage et doit être remboursé" figurera notamment en bonne place, en plus de celle des taux, mensualités et durée du crédit. Sur le crédit revolving, une partie du capital devra désormais être remboursable tous les mois et le relevé mensuel mentionnera la durée restante du remboursement a déclaré la ministre. L'allongement du délai de rétractation à l'achat est également prévu, de 7 à 14 jours.
    Du côté des établissements de crédit, leur responsabilisation est en marche. Ils devront notamment s'informer obligatoirement de la situation exacte de l'emprunteur et sa solvabilité, notamment par la consultation systématique du Fichier national des incidents de remboursement des crédits aux particuliers. Des sanctions seront prévues contre les banques ou organismes qui ne se mettraient pas en confirmation avec ces mesures obligatoires d'évaluation, amendes (jusqu'à 30.000 euros) voire "déchéances des intérêts".
    La ministre a enfin, durant la conférence de presse, souligner qu'elle n'avait pas oublié le cas des cartes de fidélité liées à des crédits revolving, estimant qu'il fallait "clarifier" pour le consommateur ce qui relevait de la fidélité et du crédit.

    Des associations de consommateurs un peu déçues

    Les associations de consommateurs regrettent pour leur part que le texte présenté ne soit pas assez agressif, notamment vis-à-vis du crédit revolving et de ses taux d'intérêts exhorbitants. L'Association française des usagers des banques (AFUB) souligne par exemple que la seule consultation du FICP ne suffit pas à vérifier la solvabilité, en comparaison avec trois relevés bancaires mensuels. L'association, dans un communiqué explique "[déplorer] l'insuffisance du dispositif annoncé", et dit constater que "cette énième réforme du crédit privilégie encore une fois les sécurités de papier au détriment d'une protection économique réelle, ceci en excluant la mise en place de régulation technique qu'exige pourtant la situation des emprunteurs les plus fragiles et menacés."
    Le texte devrait être présenté devant le Conseil des Ministres aux alentours du 15 avril, avant de passer au Parlement avant l'été et une application en 2010.
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