C'est une première depuis 1998 ! Sur un marché déprimé, les loyers de marché ont baissé de -0,8% sur un an, selon l'étude de l'observatoire des loyers Clameur, alors qu'ils avaient continué de progresser de 2,1% en 2008 et de 2,7% en 2007. Une situation en partie due à la montée du chômage et à la perte du pouvoir d'achat qui ont bloqué net la mobilité résidentielle : en 2009, son taux n'a pas dépassé la barre des 26%, le plus bas depuis dix ans.

Les petites surfaces épargnées

Si cette baisse concerne l'ensemble des logements, les plus petites surfaces restent relativement épargnées : les loyers des studios et des une pièce sont en quasi stabilisation avec une légère hausse de 0,1% depuis le début de l'année 2009, contre +3,5% en moyenne chaque année depuis dix ans. A l'inverse, les loyers des deux pièces régressent de 0,5% sur la même période (contre +3,4% en moyenne depuis 1998) et amorcent des reculs plus prononcés pour les trois, quatre et cinq pièces, avec une baisse respectivement de -1,9%, -2,3% et -2% pour les plus grandes surfaces. Pour faire face à cette situation, les bailleurs sont au petit soin pour leur logement. Ainsi, l'entretien du parc privé s'accroît avec des travaux dans 29,8% des logements cette année, contre seulement 23,3% d'entre eux en 2008. En améliorant leur bien, les bailleurs espèrent "relancer la demande dont les exigences sont accrues et limiter ainsi le risque de vacance, même si le retour sur investissement ne sera pas forcément assuré du fait de la baisse des loyers", commente Michel Mouillart, professeur d'économie à l'université de Paris X-Nanterre.

Loyers parisiens en baisse

Depuis le début de l'année, les loyers ont baissé dans plus d'une ville sur deux (+50,4%), contre moins d'une sur quatre (23,6%) en 2008. C'est notamment le cas à Paris : pour la première fois depuis 15 ans, les loyers dans la capitale sont en recul de -0,5% en moyenne. Si quelques disparités subsistent avec, notamment, une progression des loyers dans les VIIIe (+6,7%) et IIe (+9%) arrondissements, la moyenne parisienne est tirée vers le bas par les chiffres des loyers des XIXème (-7,4%) et XVIIIème arrondissements (-2,5%) qui représentent, à eux deux, 1/6ème des loyers de la capitale, rappelle Michel Mouillart. Malgré quelques exceptions à la hausse comme Lyon (+0,7%), Nice (+1,5%) ou Nantes (1,8%), la plupart des grandes agglomérations du reste de l'Hexagone sont également touchées par cette dépréciation. C'est le cas à Marseille (-2,2%), Toulouse (-0,4%), Strasbourg (-2,4%), Montpellier (-1,2%) ou encore Bordeaux (-4,2%). Et cette tendance ne devrait pas s'améliorer. Le président de l'observatoire Clameur, Yves Gevin, rappelle que le marché de la location suit les tendances de l'économie avec un décalage de six à neuf mois. D'après Michel Mouillart, le recul des loyers pourrait être compris entre 1% et 1,5% sur l'ensemble de 2009 et devrait rester "atone" en 2010.