Aménagements ile de Nantes © C.Chahi
Les secteurs du bâtiment et de l'immobilier sont-ils à l'origine des problèmes de compétitivité, de croissance ou de bulle spéculative que connaît la France ? La Fédération française du bâtiment (FFB) souhaite remettre les pendules à l'heure et publie un recueil sur les 10 idées reçues les plus souvent entendues sur le bâtiment. Petit résumé.
"L'immobilier est-il un handicap pour la France ?", était le thème du colloque organisé le 6 mars 2013 par la Fédération française du bâtiment (FFB), en présence d'experts, d'économistes et de représentants politiques.
A l'origine des trois débats qui ont eu lieu : "
l'immobilier et le bâtiment seraient, pêle-mêle, responsables d'une mauvaise affectation de l'épargne, du déclin de l'industrie, de la perte de compétitivité du pays et d'une bulle dangereuse pour l'économie", constate la Fédération. Pour contrecarrer cette mauvaise réputation, elle publie donc un recueil répondant aux dix idées reçues les plus souvent entendues...
Certes, les revenus des ménages ont cru plus vite que ceux de l'immobilier, entre 1961 et 1981, pour ensuite prendre la courbe inverse entre 1998 et 2012. L'on pourrait alors parler d'une bulle, selon la FFB, "
si les conditions de crédit ne s'étaient pas améliorées". Et de conclure : "
Au final, il n'y a pas de bulle explosive déconnectée de la réalité en France. Une fois prise en compte l'amélioration des conditions de crédit, le prix des logements rapporté au revenu des ménages est plus faible d'environ 20%".
2/ Les prix de l'immobilier sont élevés parce que les prix de la construction sont élevés. FAUX
Selon la FFB, les prix des logements neufs ont cru deux fois plus vite que les coûts de construction sur 2000-2011. Ces derniers représentent moins de 50% du prix d'un logement neuf. (...). Le surcoût lié à l'accumulation des normes juridiques et environnementales pourrait atteindre 15%.
3/ Le marché de l'immobilier est fermé aux primo-accédants. FAUX
Plus de 400.000 primo-accédants ont été recensés chaque année depuis 2011, malgré de fortes hausses de prix. Ce chiffre a même progressé de 2003 à 2007 et de 2009 à 2011.
4/ La France, qui n'a pas connu de baisse des prix de l'immobilier depuis la crise de 2009, est une exception. FAUX
Le Canada, le Royaume-Uni, la Belgique et la Suède sont dans le même cas, ayant connu un doublement des prix de l'immobilier entre 2000 et 2011.
5/ L'immobilier draine l'épargne des Français au détriment de l'industrie. FAUX
"
La France ne souffre pas d'une insuffisance d'épargne financière, mais d'une mauvaise affectation de cette épargne qui ne s'oriente pas assez sur le long terme. Là est la vraie question", affirme la FFB.
6/ La hausse des prix de l'immobilier freine la compétitivité de l'industrie française. PLUTÔT FAUX
La FFB ne nie pas qu'un "
lien est réel", mais parle d'un "
facteur marginal" comparé à l'impact des 35 heures, par exemple. A prendre en compte également, selon la fédération, le fait que les salaires en France n'ont guère progressé plus rapidement que l'inflation ces 15 dernières années, alors que les prix de l'immobilier ont plus que doublé. Et également la charge fiscale et les prélèvements sociaux qui pèsent sur les entreprises, de même que le coût du travail, le niveau du salaire minimum... Au final, estime la FFB, "
l'immobilier n'est pas au centre de la perte de compétitivité de la France".
Le bâtiment représente 5% du produit intérieur brut (PIB), tandis que l'ensemble des activités immobilières s'élève à 12% du PIB. Au total, plaide la FFB, l'emploi dans le secteur du Bâtiment, c'est l'emploi dans l'industrie automobile + énergie + transport.
8/ Les aides au logement sont responsables de la hausse des prix de l'immobilier. NON DEMONTRE
L'Inspection générale des Finances estime que le Scellier aurait eu un faible impact sur les prix du m2 : 3 € en 2008 et 6 € sur 2009 et 2010. Côté foncier, l'aide publique aurait provoqué une hausse de 7%, ce qui est très faible juge la FFB.
9/ La crise du logement est le fait de la hausse des prix de l'immobilier. REDUCTEUR
La réponse à la crise du logement repose davantage sur une refonte des politiques basées sur : la libération du foncier, incluant l'artificialisation des sols et densification ; l'allègement des normes et du code de l'urbanisme ; la réduction des droits de mutation ; des mécanismes empêchant que les aides ne soient captées par la rente foncière.
Les différents actes productifs qui régissent l'acte de construire sont exécutés sur le territoire national. Ils ne peuvent donc pas être produits à l'étranger puis réimportés.