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Selon l'étude réalisée par le Bureau d'information et de prévision économique (Bipe) pour le compte de la Fédération française de banques, les encours au crédit ne devraient augmenter finalement que de 1,3% en 2009. Loin des engagements des banques envers l'Etat fixés à 3%... En cause ? Un environnement macroéconomique plus difficile que prévu.
Avec des prévisions de recul du PIB de 1,3% et une inflation de 2% à la fin de l'automne 2008 qui passent pour le Gouvernement à -3% pour le premier et "quasi-nul" pour la seconde... Le scénario ne peut plus être le même ! Et les banques se retrouvent face à un engagement qu'elles auront du mal à tenir ! Elles ont en effet pu bénéficier de l'aide de l'Etat à la condition expresse que les encours au crédit progressent d'au moins 3%. Pour l'instant, selon le dernier baromètre publié par le Gouvernement (
voir l'article), elles tiennent le coup... Mais jusqu'à quand ?
Le Bipe, à la demande de la FFB, a en effet publié mardi son étude* sur "
les relations en France entre la progression du crédit (ménages, entreprises et collectivités locales) et l'évolution de l'environnement macroéconomique". Et selon cette dernière, les prévisions de hausse des encours sont beaucoup moins optimistes que prévues.
"L'effondrement du commerce mondial, la contraction brutale de la production industrielle, les réductions d'effectifs et la disparition de l'inflation" sont passés par là.
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Dans le scénario prévalant à la fin 2008 (recul du PIB de 1,3% et une inflation de 2%), explique le Bipe, l'idée générale était que le crédit aurait pu connaître "
une croissance annuelle globale de l'encours un peu supérieure à 4%, un peu moins pour les crédits aux ménages (autour de 3%) et un peu plus pour les crédits aux entreprises et aux collectivités locales (autour de 5%)." Finalement, avec un PIB de l'ordre de -3% de croissance en volume et une
"inflation quasi-inexistante", selon le Gouvernement, pour le Bipe, la croissance globale des encours de crédits compatible avec ce nouvel environnement économique tombe à 1,3%.
"L'encours de crédit aux ménages (habitat et consommation), par exemple, est pratiquement stable." Dans tous les cas, l'encours habitat sera beaucoup plus faible que prévu dans le précédent scénario.
Même si la France n'a pas connu de "
credit crunch" - un effondrement total de l'octroi de crédit - on a assisté en 2008 à "
une très nette décélération", en passant par exemple de 15% fin 2007 pour les entreprises à 7% fin 2008, le recul est là. Le Bipe note ainsi qu'en matière de crédits au logement,
"on a assisté à une très forte baisse des demandes de prêts. Les trois mois qui ont suivi la faillite de Lehmann Brothers en septembre 2008 ont correspondu en particulier à une période de production quasi-nulle." Pour le crédit à la consommation, la baisse du prix des produits achetés et de celle des ménages présumés solvables a provoqué une baisse de la demande. Du côté des entreprises, le Bipe précise que
"la part des crédits mobilisables et non encore mobilisés est en diminution, mais reste encore relativement importante (environ 20% du total des crédits accordés au 31 mars dernier)." Le ralentissement de la croissance des encours de crédits utilisés aura plus touché les PME que les TPE et les grandes entreprises. Le Bipe précise que ce ralentissement de la croissance des encours de crédits en France aura été plus modéré que celui observé chez ses voisins britannique et espagnol et loin de l'américain.
Pour le BIPE, "
compte tenu des perspectives macroéconomiques vraisemblables, on devrait observer un rebond modéré, mais significatif, du crédit habitat, avec en particulier une certaine reprise des transactions sur les logements anciens." Et pour les entreprises la croissance de l'encours pourrait plus que doubler par rapport à 2009 à 4,3% contre 2,1%. Le tout si ces prévisions macroéconomiques (0,9% de croissance en volume du PIB et 1,4% d'inflation des prix à la consommation) se révèlent exactes ! L'encours repasserait alors la barre fatidique des 3%...
*L'étude porte sur les crédits utilisés par les emprunteurs et non sur les crédits autorisés par les banques, ce qui, pour les entreprises, constitue, une précisions importante, puisque les crédits encore mobilisables (20% du total fin mars 2009) ne sont pas pris en compte.