Internet des objets © Istock/alexey_boldin
Les ménages français cherchent à améliorer l'
efficacité énergétique de leurs logements, notamment par le biais d'objets connectés type thermostats ou automates de gestion des consommations. Le marché national a explosé entre 2015 et 2016, dépassant les 280 M€ (+80 %). Pourtant, les machines commercialisées, qui contrôlent le
chauffage, les volets ou l'éclairage, ne seraient pas totalement satisfaisantes, comme le révèle une enquête de l'association de défense des consommateurs.
L'UFC-Que Choisir s'est penchée sur une centaine de références collectées sur 13 sites de fabricants (Nest, Netatmo, Qivivo, Deltadore, Somfy, Schneider Electric, Philips...) et 10 magasins en ligne (Darty, Fnac, Amazon, Boulanger, Leroy Merlin, Castorama...) au cours du mois de mai 2017. Elle avance que plus de la moitié des objets connectés sont commandés en ligne, justifiant ainsi sa méthode d'investigation, mimant ainsi le comportement d'un acheteur lambda. Et les résultats publiés sont décevants : "
Pour être pleinement efficaces, les produits connectés doivent fonctionner en réseau (...)
Or, plus d'une vingtaine de protocoles de communication sans fil coexistent sur le marché français, qui ne sont le plus souvent pas en mesure de dialoguer entre eux". D'où l'importance d'une information précise avant l'achat, afin de s'assurer de la compatibilité des équipements. Toutefois, seul un tiers des références mentionne le protocole utilisé. Certaines enseignes sont plus précises que d'autres, comme Darty ou Castorama, qui affichent cette donnée dans environ 63 % des cas. En revanche, mauvais point pour la Fnac ou Amazon qui ne la précisent que dans 11 % des cas. L'UFC-Que Choisir renchérit : "
Se retourner vers le fabricant n'est pas toujours une solution, car près du tiers d'entre eux, comme Thomson ou Philips, ne donne pas non plus cette information".
L'enquête dévoile également qu'au sein d'un même protocole, certaines exceptions pourraient rendre des produits incompatibles. "
Dès lors, les consommateurs ont besoin, pour bâtir à coup sûr un système cohérent, de la liste des appareils compatibles", assène l'association qui déplore : "
Peine perdue auprès des distributeurs, qui n'indiquent la compatibilité que pour 4 % des références analysées. Quant aux fabricants, à peine la moitié donne cette liste". Un réel problème puisque l'absence d'interopérabilité entre les objets connectés est source de surcoût, en cas de remplacement complet du système. La complexité de ces questions pourrait également décourager certains ménages de s'engager dans des mesures de réduction des consommations, ce qui serait préjudiciable, selon l'Ademe.
Autre point de vigilance signalé par l'UFC-Que Choisir : l'usage des données personnelles collectées par les objets communicants. Là encore, les acheteurs doivent être informés avant l'acquisition des fonctionnalités conditionnées à ce partage. Il règne encore une certaine opacité sur ces questions, comme le souligne la défense des consommateurs : "
Si 9 fabricants sur 13 donnent une information sur l'utilisation des données personnelles, cette dernière reste générale et se retrouve souvent dans une page secondaire de leur site". Pire, aucun magasin en ligne n'informerait ses clients de cette collecte, ni sur le maintien des fonctionnalités essentielles du produit en cas de refus par l'utilisateur...
L'association demande en conséquence que les consommateurs soient mieux accompagnés dans leur processus d'achat et que les pouvoirs publics prennent des mesures de renforcement de l'information précontractuelle. Il s'agirait de rendre obligatoire, pour les fabricants et les distributeurs, la publication du protocole de communication employé, sur la compatibilité entre les différents produits et sur les conséquences de la cession des données personnelles (ou du refus de le faire).