Les jeunes et le bricolage en 2016 © Les Cunliffe
Le bricolage, loin d'être une pratique appréciée par tous, continue à séduire les jeunes et à faire des heureux. Malgré tout moins nombreux que dans le passé, les nouveaux bricoleurs voient surtout à travers cette activité la possibilité de s'exprimer et de laisser cours à... leur créativité. Explications.
La tendance
"do it yourself" ou
"faire soi-même", bouleverse la conception qu'ont les jeunes de faire du bricolage. Selon une récente enquête menée par
l'Union nationale des industriels du bricolage, du jardinage et de l'aménagement du logement (Unibal), les jeunes bricolent moins que les générations précédentes au même âge et s'approprient l'activité à leur manière en s'adaptant à l'évolution de la société.
"Notre étude montre que les jeunes d'aujourd'hui, âgés de 18 à 30 ans, bricolent pour des motivations souvent économiques. On remarque également que ces derniers recherchent, à travers cette activité, une quête de plaisir et d'identité. Le bricolage est donc synonyme d'économies et de partage entre amis ou en famille", explique Unibal.
Loin d'être ringard, le bricolage est d'ailleurs vu par les jeunes comme tout a fait actuel. Et d'ajouter :
"il est perçu comme une activité valorisante qui s'intègre dans la mouvance générale de réappropriation des savoir-faire".
Si on imagine souvent le bricolage comme une activité masculine et poussiéreuse, les images renvoyées par les jeunes générations bouleversent les codes.
"La grande tendance, c'est de faire soi-même. Les femmes bricolent notamment de plus en plus et souvent pour décorer leur habitat. On a envie de s'approprier un lieu et de le personnaliser pour le rendre unique. L'envie d'être fières de leurs réalisations est importante. A l'inverse, on constate que si l'homme ne bricole pas, ceci n'est plus mal perçu. Il y a donc une évolution des mentalités vis-à-vis de la répartition des taches au sein d'un foyer", ajoute l'organisation.
En récupérant les objets non-utilisés ou en customisant, les jeunes bricoleurs d'aujourd'hui s'adaptent à la crise économique et transforment les soucis financiers en
"plaisir de faire" et de personnaliser. Cette quête de satisfaction personnelle s'inscrit également dans l'ère du temps : l'omniprésence des réseaux sociaux, la montée croissante de la digitalisation ou encore l'apprentissage de pratiques via des tutoriels informatiques changent
"le paysage du bricolage."
S'ajoute à ce constat, une montée de émissions télévisées dédiées au bricolage 100% déco.
"Les jeunes cherchent à bricoler vite et bien. Fini le temps des chantiers à rallonge, comme cela existait du temps de leurs grands-parents. Ils ont aussi cette image de lenteur et de travaux qui n'en finissent pas. Cette fois, c'est l'entraide, la convivialité et la rapidité qui prennent le dessus", précise Unibal.
Parmi les sondés, on relève que 78% d'entre eux ont appris à bricoler avec un membre de leur famille.
"Souvent, le père de famille est à l'origine de cette envie de bricoler. Les jeunes bricoleurs se sont souvent, et comme leurs propres parents, imprégnés de leurs aïeux. Mais si les parents restent une référence pour les jeunes en matière de bricolage, une des nouveautés est la naissance d'un réseau d'amis qui occupe également une place centrale".
Le constat le plus flagrant est, en effet,
"une concentration de la pratique sur les hobbyistes". Cette fois, l'entraide prime : on remarque l'apparition de groupes de compétences. Trois profils se dégagent de l'étude :
"le bricoleur-né",
"le digital-débrouillard" et le
"réfractaire". Chacun à leur manière s'approprie le bricolage. "
Le pote bricoleur" vient souvent aider le
"réfractaire", et inversement en fonction de leur domaine de compétence. Le jeu de complémentarité entre les différents groupes est bien marqué.
L'étude souligne, enfin, que l'accès à la propriété, plus tardive et plus difficile, est souvent la solution la plus appréciée aujourd'hui pour aborder le bricolage sereinement.
Le bricolage, synonyme d'économies... et de créativité pour les jeunes