Highliner bar par Studio Caramel © Joy Mardini Design Gallery
Cette année, le salon international Maison & Objet a mis à l'honneur le Liban et sa jeune scène du design. L'occasion de découvrir 7 créateurs inspirés par leurs racines et l'artisanat local, tout en étant tournés vers l'avenir.
7 designers. 7 sensibilités complémentaires. 7 visions de leur travail, de l'art et du style. Mais une motivation commune : travailler avec les artisans locaux, pour faire perdurer leur savoir-faire. La dernière édition du salon professionnel et international Maison & Objet a été l'occasion de découvrir la jeune scène du design libanais, le pays levantin étant à l'honneur de la session de septembre. L'occasion de découvrir l'amour du pays pour la création et le beau.
Studio Caramel et leur création Highliner bar © Joy Mardini Design Gallery
Chacun des créateurs décline son art à sa manière, les uns revisitant des modèles rétro (à l'image de
Studio Caramel, qui revisite les classiques vintage), les autres optant pour le recyclage, les derniers enfin jouant avec la beauté des matériaux. Mais tous ont à coeur d'enraciner leur design au pays des cèdres. Tous travaillent avec des artisans locaux, verriers, ébénistes ou marbriers, même s'ils avouent parfois que la tâche est ardue :
"ils sont de moins en moins nombreux, et ont parfois du mal à tenir les délais", nous avoue
Paola Sakr, l'une des créatrices présente à Paris.
Paola Sakr et ses vases Impermanence fabriqués à partir de carotte de béton © Carl Halal
A les entendre, toutefois, rien ne semble pouvoir arrêter ces designers. Ni le manque de main d'oeuvre dans l'artisanat, ni l'absence d'
industrie locale pour produire massivement leurs créations, ni les frontières - tous ont vécu, étudié ou travaillé à Londres, Paris, Lausanne, Dubaï ou Milan. Ni même le handicap :
Carlo Massoud, à la sensibilité plutôt artistique, a fait réaliser sa chaise
Ray par un artisan aveugle.
"Je suivais son travail par vidéo à distance, pour l'arrêter s'il partait dans la mauvaise direction", nous raconte-t-il.
Carlo Massoud et son fauteuil Ray © Carlo Massoud
La question du handicap a également inspiré Paola Sakr, qui a imaginé des couverts adaptés aux aveugles, mais qui peuvent être utilisés par tous. Une universalité que l'on retrouve également dans le travail d'
Anastasia Nysten, libano-finlandaise dont le chaleureux fauteuil
Troll Chair est conçu pour être modulable et personnalisable.
Anastasia Nysten et sa création Troll Chair © Anastasia Nysten
C'est peut-être
Carla Baz qui explique le mieux l'attachement des designers libanais (et des Libanais en général) à leur mère patrie. Bien souvent déracinés par la guerre civile, ils reviennent tout de même à leur terre d'origine, à l'image de la créatrice franco-libanaise, rentrée à Beyrouth après avoir travaillé avec les plus grands à Londres :
"Je me cherchais spirituellement, je suis rentrée et je suis retombée amoureuse du Liban à travers le design. Cela transcendait le communautarisme, j'ai découvert un autre Liban qui m'a fascinée par sa richesse, malgré certaines frustrations". Frustrations liées notamment aux difficultés de créer, diffuser et distribuer les produits du design.
Carla Baz et ses lumianires Oyster appliques © Noor Semaan
Si Paola Sakr et Carla Baz s'inspirent de l'environnement - en particulier la nature libanaise - d'autres créateurs jouent sur l'humour et l'audace.
Marc Dibeh en est un beau représentant.
"Le point de départ de mes créations est souvent une narration... et parfois un accident", nous confie-t-il. A l'image de ce miroir au fond brisé, intitulé
Please don't tell mom (ne le dis pas à maman), à la pointe de l'ironie.
Marc Dibeh et son miroir Please don't tell mom © Marco Pinarelli
Le designer et architecte d'intérieur s'est également lancé le défi de se faire inviter chez des inconnus, profitant de l'hospitalité orientale, et de s'inspirer de ces rencontres improbables pour créer de nouveaux objets à l'image de ses hôtes... Le design libanais est véritablement à part !