Sur le littoral varois, le design et l'architecture d'intérieur sont célébrés dans de nombreuses expositions. Dans le cadre de la Design Parade, festival de design et d'architecture d'intérieur qui se tient à Hyères et Toulon,
la Villa Noailles met en lumière le travail de professionnels émergents talentueux.
La découverte de ces installations est une parenthèse méditative dans laquelle les visiteurs sont invités à réfléchir, s'émerveiller, s'amuser et découvrir des innovations. Car le sens de ce festival, créé en 2006, est d'abord d'offrir une vitrine et un accompagnement aux pépites du design et de l'architecture d'intérieur de demain.
Le développement durable est pris à bras-le-corps par certains de ces professionnels, qui choisissent de mettre en œuvre des matériaux et objets issus du réemploi. C'est le cas de l'architecte français Martin Lichtig, qui utilise des grilles de chantier et gravats pour réaliser la scénographie d'une pièce qu'il a imaginée dans l'Ancien Évêché, à Toulon. En tentant d'atteindre une empreinte carbone proche de zéro avec son projet, il démontre qu'il est possible d'être à la fois inventif et respectueux de l'environnement.
Résidence vue mer
Au sein du bâtiment patrimonial dans lequel sont présentés les travaux
des finalistes du concours d'architecture d'intérieur jusqu'au 3 novembre 2024, la présidente du jury, Marion Mailaender, propose une grande exposition réjouissante. Sa "
Résidence vue mer", composée d'un salon, d'une chambre à coucher, d'une cuisine et salle de bain, regroupe ses essentiels : une niche géante pour son chien, des fourchettes en forme de gambas, un plan de travail en chutes de marbre et un barbecue élaboré dont les grilles de cuisson sont celles d'un chantier.
Dans le salon, un immense rideau imprimé affiche des photographies de famille prises à la plage. A côté, un tapis décalé présente une fausse annonce immobilière. La salle de bain est, elle, dotée d'un miroir rappelant le capot d'une voiture. Plus étonnant encore, des colonnes romaines taillées dans du savon de Marseille embaument la pièce.
Voyage en Méditerranée
On l'aura compris : la Méditerranée inspire les pièces des créateurs regroupées au sein de l'édifice emblématique de cette ville portuaire. Décliné sous toutes ses formes, le bassin est d'ailleurs
le thème de la huitième édition du festival toulonnais.
Clémentine Debaere-Lewandowski, l'une des finalistes, a pris des empreintes des roches des montagnes varoises pour décorer les murs d'une pièce. Les falaises de calcaire inspirent également Anthony Laffargue qui les reconstitue en plâtre, carton et papier sur des murs. Et qui dit Méditerranée dit canicule. Pour s'en protéger, Anaïs Fernon, lauréate du Prix du Mobilier national, installe un rideau antimoustique reflétant les rayons du soleil vers l'extérieur.
Plus original, le Grand Prix Design Parade Toulon 2023, Clément Rosenberg, dispose des courges séchées et décorées de cire d'abeille, de feutre de lin ou de poudre de mica. La présence de cette cucurbitacée, certes étonnante, et de rideaux et tente en lin et chanvre, offre un aspect champêtre à la pièce et donne l'impression d'être en plein champ. Surtout, elle manifeste l'engagement du créateur à n'utiliser aucun élément issu de la pétrochimie dans son espace aménagé.
Matériaux naturels et upcyclés
Recourir à des ressources naturelles ou des matériaux réemployés, c'est ce qu'ont fait de nombreux artistes durant ce festival. La designer française Marianna Ladreyt, finaliste du concours mode du Festival international de mode, de photographie et d'accessoires 2017, également organisé par la Villa Noailles, est aussi invitée à exposer ses pièces. Avec humour, la jeune femme originaire de Six-Fours-les-Plages, près de Toulon, et aujourd'hui basée à Paris, revalorise des bouées de plage pour en faire du mobilier. Chaises, tables, étagères habillent une pièce où les fenêtres se voilent de rideaux fabriqués avec des filets de pêche.
Sacha Parent et Valentine Tiraboschi, Grand Prix du Jury Design Parade Hyères 2024, travaillent, elles, le sable. Leur projet questionne la place du designer dans la production de formes, et mêle les savoir-faire du staff, de la porcelaine et de la fonderie à un processus de génération de forme par écoulement de sable. Les ornements délicats qui en découlent sont moulés et transposés dans des objets, tels que des plats, miroirs ou bougeoirs.
Artisanat durable
Le Prix du Public de la ville de Hyères, Juliette Rougier, préfère créer avec la canne de Provence, une plante vivace endémique du bassin méditerranéen traditionnellement utilisée pour réaliser des cannes, chapeaux et paniers. La designer a récupéré les anches défectueuses destinées à être brûlées de la manufacture Marca d'Ollioules (Var) pour produire, selon les codes de la marqueterie, des meubles aux formes douces et contemporaines.
L'artisanat durable est également prôné par Simon Stanislawski. L'Allemand se tourne vers des matériaux recyclés pour fabriquer des meubles à la main. En utilisant des vieux matelas en mousse de polyuréthane et en ajoutant du fil de fer et de la corde pour déformer le matériau et le maintenir en place, le designer confectionne une table basse et deux fauteuils lilas et fuchsia fantaisistes. L'ensemble des pièces de design des finalistes sont à découvrir jusqu'au 1er septembre prochain, à la Villa Noailles, sur les hauteurs de Hyères-les-Palmiers.
Pour s'y rendre : Villa Noailles, 47 Montée Noailles, 83400 Hyères. Ancien Evéché, 69 Cour Lafayette, 83000 Toulon.