Deuce, c'est d'abord l'histoire d'une amitié de longue date entre deux artisans, Isabelle Guédon, diplômée des Arts Déco de Paris et le bottier Benjamin Caron, formé auprès de Michel Delaunay. Ce duo insolite lance Deuce, spécialisée dans la création d'objets et jeux tout en cuir. Backgammons, échiquiers, jeux de dames et dominos... mais également du mobilier avec des tables de jeu et des bureaux d'écriture pour les particuliers et les architectes d'intérieur, tout est entièrement réalisé à la main avec "l'exigence de l'ébénisterie d'art". Fidèles à l'esprit de la botterie, leurs premiers objets décoratifs ont une structure semblable à une "semelle" de chaussure. "Notre principale innovation ? L'invention d'un nouveau type de décor, la marqueterie de cuir en hommage à l'ébénisterie d'art du XVIIIème siècle", explique les deux amis d'enfance. Aujourd'hui, Deuce collabore avec les plus grandes marques de luxe. Sur commande uniquement.

Bibliothèque ambulante de l'histoire du vêtement, Aurélie Lanoiselée aime le textile et se "plaît à transgresser les règles officielles de la broderie". Elle attise d'ailleurs le regard et la créativité de nombreuses maisons de Haute Couture dont Carven, Christian Lacroix, Christian Josse... Prix régional SEMA en 2002 avec son "Or bleu", elle est l'une des pionnières à "exploiter l'attirance de l'or pour redonner à l'ouvrier qui disparaît sa valeur divine". Broderie et feuilles d'or sont ainsi ajoutées au bleu de travail qu'elle a pensé "comme une cathédrale avec une élévation symbolique en conservant les largeurs et en doublant les hauteurs".

C'est au Centre de Formation au Verre (CERFAV) de Lorraine que Xavier Le Normand a fait ses débuts en 2001. Depuis, il ne cesse d'améliorer sa technique "dans une recherche perpétuelle de textures et d'effets de matières". Voyages et rencontres, avec notamment les verriers Philip Baldwin et Monica Guggisberg, sont autant d'influences pour lui. Ses pièces maîtresses ? "Echo jardin de nuit" et "Écailles", où l'artiste y mêle "passion des couleurs, dextérité et instantanéité du geste sans oublier l'intention artistique". Très à l'écoute des questions environnementales, il souhaite développer un atelier associatif alimenté par les énergies renouvelables.

Ces deux passionnés de la ganterie haut de gamme, formés chez Lavabre Cadet à Millau, réalisent depuis plusieurs années maintenant des créations en peausseries précieuses et fourrures. Jean-Marc, spécialiste des peaux, les choisit selon la taille, la couleur, le grain, la finesse et la souplesse. Le chevreau reste la matière préférée. Françoise, plus dans la technique, réalise des fantaisies soit à l'aide de la machine et à la main. Le petit plus : la doublure du gant, un "véritable gant à l'intérieur du gant, cousu au bout de chaque doit et à la base du poignet".

Plâtrier, staffeur et Stucateur : Eric Leblanc est tout ça à la fois. Ce compagnon du devoir pendant dix ans a fondée sa propre entreprise en 1997, labellisée "Entreprise du Patrimoine Vivant" depuis 2007. Il a notamment été récompensé du Prix SEMA en 2007 pour sa reconstitution du retable baroque de la Chapelle du château du Plessis-Blutière en Anjou. En plus des restaurations historiques, il s'amuse dans des créations plus contemporaines également. Son souhait le plus cher : "préserver et transmettre aux plus jeunes les techniques de plâtrier, staffeur et stucateur".

La dinanderie, ou la fabrication des ustensiles de cuivre et laiton, qui trouve son origine à Dinant en Belgique... Gladiez Liez fait ses premiers pas dans cet art auprès de Frédéric Barnley, élève du designer Serge Mouille. Aujourd'hui, elle réédite notamment ses luminaires aux éditions Serge Mouille. "Je développe par ailleurs mes propres créations aux formes épurées et aux textures minérales, tout en répondant aux commandes spécifiques de la maison Chéret à Paris", explique l'artiste. Marteau et Maillet de buis n'ont plus de secret pour elle. Elle affectionne particulièrement la "technique de la rétreinte", soit le passage de la feuille de l'horizontal à la verticale pour la refermer vers l'intérieur.

Cette diplômée du Master of Fine Arts de l'Université de Californie est une artiste plasticienne, spécialisée dans l'art de la céramique. "J'ai un goût prononcé pour les formes archaïques ou anthropomorphiques", souligne l'artiste. Et de continuer : "je porte également un intérêt très vif pour le pouvoir suggestif des objets censés informer sur les non-dits de l'histoire et de l'expérience humaine". "6 formes sur un plateau", sculpture représentant des cosses sur une planche à découper réalisée en 2006 et "Sans titre", autre sculpture en faïence réalisée en 2007 sont ses œuvres phares. Sa devise : "plus on contemple l'objet, plus on entre dans un discours avec lui".

C'est lorsqu'il suit une formation de comédien à l'Ecole Internationale de théâtre Jacques Lecoq à Paris, que Loïc Nébréda se passionne pour les costumes et masques, commençant à en réaliser. Il poursuit ensuite une formation au Centro Maschere Sartori à Padoue en Italie et se perfectionne dans la technique traditionnelle de marque en cuir. Son processus de création ? "Je m'imprègne du texte et présente une recherche visuelle composée de portraits, photographies de visages, peintures et sculptures afin de mettre une expression, une physionomie derrière les mots échangés avec le metteur en scène", révèle l'artiste. Il travaille le masque sans pour autant oublier le "contre-masque" en développant l'éventail des émotions. Selon lui, le masque doit pouvoir durer sans que l'acteur ait épuisé trop vite ses possibilités.

Sans fonds, ni machine, ce passionné du papier peint crée sa propre entreprise avec pour seule idée de "mettre au point, grâce aux technologies innovantes actuelles des techniques permettant de créer à nouveau des planches à imprimer". Peinture à la détrempe, huile de lin, cire... L'Atelier d'Offard revisite depuis dix ans maintenant le savoir-faire traditionnel de fabrication du papier peint. Prix SEMA en 2006, pour sa création du panneau "Valognes", il collabore désormais à créer des décors pour des designers et des artistes contemporains dont Jacques Grange et Alberto Pinto. "Je travaille actuellement avec le metteur en scène Jacques Albert sur un motif de cerises en collaboration avec le Centre de Création Contemporaine de Tours".

Premier succès ? "En 1997, j'ai aidé à la création du 'Boléro perroquet', une création haute couture de Jean-Paul Gautier qui associe des plumes exceptionnelles de perruche et de flamant rose", explique Nelly Saunier, la plumassière. La plume prend vie entre ses mains. L'année suivante, elle collabore une nouvelle fois à la création d'un pull-over Jacquard de l'enfant terrible de la mode, confectionné à partir de milliers de plumes. Elle se spécialise alors dans le Jacquard, en sélectionnant avec minutie chaque plume pour son motif et sa texture. Parallèlement à ses créations haute-couture, elle se lance dans la sculpture et dans la décoration.