Avec son exposition, Gregor Schneider fait souffler un vent de panique sur la Maison Rouge. Le designer allemand invite les visiteurs à cheminer individuellement dans une succession de pièces tantôt sombres ou lumineuses, tantôt chaudes ou froides, tantôt basses ou hautes de plafond. Face à lui-même, il doit apprendre à gérer ses émotions dans ces lieux inconnus : l'angoisse de se retrouver dans un espace surdimensionné, la peur du noir, l'impression d'être pris au piège sans trouver la porte de sortie... La seule manière pour Gregor Schneider que le visiteur se fasse sa propre expérience de l'œuvre : "je considère que l'action est supérieure à la pensée."

De la pénombre à l'obscurité totale

L'inquiétude pointe peu de temps après avoir passé la porte d'entrée du musée. Il faut patienter pour pénétrer dans l'exposition et cette attente est ponctuée par les réactions des visiteurs ayant précédé. Chacun se scrute, s'observe en essayant de deviner ce qui les attend. La pression monte crescendo jusqu'à ce que le gardien vous fasse signer une décharge -cela ne laisse généralement rien présager de bon en général ! - et donne le feu vert pour avancer. Vient alors une attente encore plus stressante : celle devant la première porte du parcours. Un petit signe du gardien : les mains moites tournent alors la poignée, la porte se referme bruyamment : nous entrons dans l'univers de Gregor Schneider. Désormais, impossible de faire machine arrière ! D'ailleurs pas de poignée depuis l'intérieur pour ressortir. Plus d'autre choix que celui d'avancer... Les poignées - pas toujours faciles à ouvrir - se succèdent et on ne sait pas à quoi s'attendre : d'abord une pièce dans la pénombre puis une autre en pleine lumière, un local frigorifique... Les yeux doivent s'habituer à ces variations de lumière avec toujours en tête une seule idée qui devient, au fil du parcours, une obsession : trouver la porte de sortie. Le tout dans un profond silence qui accroît les sensations. Une aventure humaine  Le parcours s'achève sur une rude épreuve : la traversée d'une salle plongée dans le noir complet. Certains visiteurs se débrouillent très bien : "je me suis dirigée vers la sortie de manière instinctive" raconte Céline mais, pour d'autres, "c'est l'angoisse totale", la perte de repère est difficile à vivre : "j'ai été tétanisée, je n'ai pas pu bouger et le gardien a été obligé de venir me chercher" confie Martine. Une sensation également éprouvée par Marion : "c'était angoissant et oppressant, j'avais une boule au ventre. C'est extrêmement étrange de se retrouver seul face à rien, sans porte de sortie". Un parcours qui, dans tous les cas, ne laisse pas indifférent ! Gregor Scheiner a réussi son pari puisque l'on ressort en ayant l'intime conviction de mieux se connaître. Mais attention, il est important de préciser que la visite est déconseillée aux personnes souffrant de claustrophobie ou de kénophobie (peur du noir). Exposition Gregor Schneider süβer Duft - Maison Rouge

jusqu'au 18 mai

10 bd de la Bastille

75012 Paris

www.lamaisonrouge.org