Une ancienne école maternelle transformée en maison passive

Une ancienne école maternelle transformée en maison passive © Rolf Matz Architecture

A Villers-les-Nancy, en Meurthe-et-Moselle, l'architecte Rolf Matz a transformé une ancienne école maternelle, conçue par les frères Prouvé, en maison passive. Un pari un peu fou auquel l'architecte aimerait donner valeur d'exemple.

Il s'agit d'"un projet fou", reconnaît volontiers Rolf Matz. L'architecte a acquis auprès de la mairie de Nancy une ancienne école maternelle conçue par les frères Prouvé. Son objectif ? La transformer en maison passive. "Et cela n'a pas été simple", explique-t-il.

En effet, avant son rachat, l'école avait été laissée à l'abandon et ne comportait aucune isolation, sauf deux centimètres de laine de bois en toiture. Rolf Matz a alors eu besoin de deux ans d'études pour trouver les bonnes solutions techniques sans faire exploser les coûts. Il a notamment fait appel à Jean-Claude Tremsal, président d'honneur de la Fédération française de la Construction Passive, pour calculer les ponts thermiques, et à Laurent Matz, son frère, pour l'isolation.

Le résultat est époustouflant. La maison jouit de tout le confort nécessaire à la vie de famille et affiche des performances énergétiques exceptionnelles. Visite.

Une ancienne école maternelle transformée en maison passive

Pas de chauffage, mais un système quatre en un

Pas de chauffage, mais un système quatre en un - Une ancienne école maternelle transformée en maison passive © Rolf Matz

Dans un projet passif, hors de question d'installer du chauffage. Ici, la ventilation double flux, l'appoint de chauffage sur l'air, l'eau chaude sanitaire et le rafraîchissement sont gérés par l'unité PKOM4. Grâce à ses deux pompes à chaleur intégrée, ce système traite l'air extérieur pour le redistribuer, chauffé ou refroidi, à l'aide de bouches réparties dans les différentes pièces, selon les volontés de l'habitant, qui gère la température de son logement depuis une tablette.

Même système pour l'eau chaude sanitaire, l'eau de pluie est récupérée puis traitée avant d'être chauffée par les pompes à chaleur. Résultat : "Le tout revient à environ dix euros par mois. A terme, nous nous équiperons de 40 m² de panneaux photovoltaïques pour devenir totalement autonome", explique Rolf Matz.

Pas de chauffage, mais un système quatre en un

Les classes sont devenues des chambres

Une salle de classe transformée en chambre © Rolf Matz Architecture

A l'origine, l'école disposait d'un hall d'entrée et de trois salles de classes séparées par des murs de refend en pierre, accessibles par un long couloir. La structure a été conservée, et le hall sert désormais de séjour. Quant aux classes, elles ont été transformées en chambres. Rolf Matz s'est servi de cette architecture particulière pour concevoir des salles d'eau. Chacun des deux blocs de chambres dispose ainsi de sanitaires, d'un côté du refend, et d'une salle de bain de l'autre.

Les classes sont devenues des chambres

Un vaste chantier d'isolation

Un vaste chantier d'isolation - Une ancienne école maternelle transformée en maison passive © Rolf Matz

Même si le bâtiment n'est pas classé, Rolf Matz a choisi de respecter l'enveloppe extérieure de l'ancienne école. De ce fait, c'est une isolation par l'intérieur qui a été choisie. L'une des parties les plus complexes du chantier a été la gestion des ponts thermique des refends traversants la partie vitrée. "Il a fallu les couper. Ils ont donc été tronçonnés au niveau du vitrage pour intégrer le polyuréthane et la laine de bois".

Un vaste chantier d'isolation

Le sol en béton a été cassé pour ajouter de l'isolant © Rolf Matz Architecture

Au sol, le béton a été cassé pour intégrer du Jackodur. Résultat : le nouveau sol est identique à celui d'origine, mais isolé. Côté plafond, la charpente métallique a été conservée mais est désormais doublée par des caissons remplis de ouate de cellulose. Une opération complexe car les poutres ont la forme d'une aile d'avion. Ensuite, pour couper le pont thermique entre la ferraille et les dalles OSB, Rolf Matz a posé de la mousse polyuréthane sur les caissons.

Un vaste chantier d'isolation

La pose des fenêtres triple vitrage © Rolf Matz Architecture

Enfin, les 130 m² de verrières en triple vitrage ont été livrées et montées par l'entreprise Pazen, en cinq jours. Au final, l'ensemble de ces installations a permis de valider un PHPP (Passive House Planning Package) à 8,5 kWh/m²/an en besoin de chauffage.

Un vaste chantier d'isolation

Une dimension bioclimatique dès l'origine

Une dimension bioclimatique dès l'origine - Une ancienne école maternelle transformée en maison passive © Rolf Matz Architecture

Au moment de la conception, Jean Prouvé avait intégré une dimension bioclimatique à l'école. "Sans cela, je n'aurais jamais pu réussir ce pari", reconnaît Rolf Matz. La grande verrière est orientée au sud-sud ouest et le mur au nord est protégé. Un débord de toiture apporte de l'ombre sur les vitres et le feuillage des acacias plantés à dix mètres du bâtiment protège naturellement le lieu de juin à septembre. De plus, des brise-soleil peuvent tamiser la lumière selon les envies de l'architecte.

Une dimension bioclimatique dès l'origine

Une démonstration de l'efficacité du passif

Une démonstration de l'efficacité du passif - Une ancienne école maternelle transformée en maison passive © Rolf Matz Architecture

Sa maison, Rolf Matz souhaite en faire un exemple de réalisation passive. Labellisée par la Fédération française de la Construction passive, le logement a obtenu des résultats d'étanchéité équivalent au passif neuf (0,56 vol/h sous 50 pascal). Visité par Batiactu, le logement impressionne notamment par son confort acoustique. L'ancienne école se situe entre une route et une école élémentaire, cependant pas un bruit ne traverse les triple vitrages. Autre aspect essentiel du passif : le confort thermique, dès l'entrée dans le logement, la température est douce. Idem durant les périodes de canicule, avec une température qui ne dépasse pas les 23°C. "J'ai montré que c'était possible techniquement. Mais vu les coûts que cela a engendrés, la recette ne pourra pas être appliquée telle quelle. Il y a un juste milieu à trouver", explique Rolf Matz.

Une démonstration de l'efficacité du passif