Les bons réflexes pour éviter les litiges en matière de travaux

    Publié le 10 avril 2014 par C.L.
    Malfaçons, retards de livraison, non-conformité des travaux, dépôts de bilan... sont autant de litiges qui touchent les particuliers lorsqu'ils sont confrontés à la réalisation de travaux de construction ou de rénovation, analyse une enquête de l'association des consommateurs, CLCV. Quels sont les travaux concernés, la typologie des litiges et leur corrélation ? Explications.
    Plus de 300 dossiers traités ou en cours l'an dernier, relatifs à des litiges en matière de travaux, ont été passés au crible par l'association de consommateurs CLCV, qui met le doigt sur plusieurs faits. Ainsi, sont analysés les litiges rencontrés sur quatre types de travaux : construction, extension, travaux d'extérieur (pose de panneaux photovoltaïques...) et travaux d'intérieur (installation d'une chaudière, remplacement de fenêtres...).
    Parmi ces litiges, on peut rencontrer des malfaçons (fissures, non fonctionnement ou mauvais fonctionnement d'un élément d'équipement...), une non-conformité des travaux (travaux ne correspondant pas à ce qui était contractuellement prévu...), un retard, un dépôt de bilan de l'entrepreneur, des réserves non levées.

    Les malfaçons en tête des litiges

    Dans le détail, la CLCV a ainsi constaté que les malfaçons représentent 50% des litiges, devant la non-conformité (21%), les dépôts de bilan (14%), les retards de livraison (9%) et l'absence de levées de réserves (6%). Dans le cas des malfaçons, elles sont majoritairement constatées en matière de construction (54%). Ce qui fait dire à l'association de consommateurs que la cause pourrait en être le "défaut de formation, voire de compétence, de certains professionnels". Des propos qui font s'insurger le président de la Capeb, Patrick Liébus : "Les artisans mis en cause sont des auto-entrepreneurs qui n'ont ni assurance ni garanties ! On constate aujourd'hui un nombre croissant de plaintes qui ont été déposées auprès des compagnies d'assurances, les chiffres de la CLCV ne m'étonnent donc pas plus que cela. J'ai toujours dit que ce régime allait tirer la qualité vers le bas, c'est ce qui se passe, et du coup cela donne une mauvaise image de notre secteur. J'espère que des leçons seront tirées de cela et que les conclusions du rapport Grandguillaume et la loi sur l'Artisanat de Mme Pinel auront bientôt des effets positifs".
    A noter aussi que près d'un quart des litiges (23%) concernent des retards et des faillites d'entreprises, contre lesquels, bien souvent, le consommateur n'a aucun recours possible.
    Quels sont donc les travaux les plus susceptibles de créer des contentieux entre maîtres d'ouvrage et professionnels de la construction ?
    Si globalement, il existe une certaine homogénéité dans la proportion de litiges pour chaque type de travaux, deux cas font exception : les travaux d'extension dans les retards de livraison (25%). La CLCV n'avance pas de raisons particulières, si ce n'est "le fait que la réalisation de travaux dans un logement habité pourrait rendre difficile une bonne estimation de la durée de leur exécution" - et les travaux d'extérieur dans les dépôts de bilan (24%) pour lesquels l'association de consommateurs supputent qu'ils sont souvent réalisés par des entreprises de petite taille, donc plus fragiles économiquement. En outre, il est à noter que les malfaçons constituent toujours le litige le plus important, quelle que soit la nature des travaux. Et que plus de deux litiges sur trois concernent une maison individuelle, de par la nature même des travaux effectués.
    Des garanties plus fortes pour le consommateur
    litiges CLCV
    litiges CLCV © CLCV
     La CLCV veut surtout alerter les consommateurs sur les pièges à éviter, mais aussi tirer la sonnette d'alarme auprès des pouvoirs publics pour que soit engagée une concertation afin qu'une garantie de livraison soit systématiquement souscrite par le professionnel dans le cadre de la réalisation de travaux. A ce titre, l'Union des Maisons Françaises (UMF) rappelle l'importance du Contrat de construction (CCMI), associé au système de garanties qui en découle, qui prémunit le client contre la faillite d'un entrepreneur ou d'un constructeur. "Il est vrai que ces mesures font que nos professionnels et nos clients sont moins exposés, grâce à tout le travail d'accompagnement en amont que nous avons effectué", souligne Dominique Duperret, secrétaire général.
    L'association souhaiterait également que le contrat mentionne obligatoirement des pénalités dues par le professionnel au consommateur en cas de non respect de la date d'achèvement des travaux, ou encore qu'une fiche de formation sur les différentes garanties existantes soit automatiquement communiquée au consommateur.
    Récemment, à l'initiative de la Fédération française des constructeurs de maisons individuelles (FFC), une instance de médiation a été créée pour traiter les litiges entre les professionnels et leurs clients. Objectif : désencombrer les salles d'audience des tribunaux et régler à l'amiable ce qui peut l'être.
    Découvrez en pages suivantes les conseils de la CLCV pour éviter les litiges.
    Les bons réflexes pour éviter les litiges en matière de travaux

    Les bons réflexes à avoir pour éviter les litiges en matière de travaux

    - Choisir avec précaution son entreprise
    Pour trouver le professionnel, la CLCV recommande aux particuliers de bien se renseigner en amont sur Internet. Pour des travaux importants engendrant un important budget, elle préconise également de demander un état des droits créanciers de manière à savoir si des créanciers se sont enregistrés contre lui auprès du Tribunal de commerce.
    - Souscrire une assurance dommage-ouvrage et demander les attestions du professionnel
    Cette garantie permet en cas de sinistre d'obtenir une indemnisation bien plus rapide que par l'action décennale du constructeur et de façon moins contraignante. "Il n'y a en effet pas de recherche de responsabilité, explique la CLCV. Il suffit que le bien présente un désordre relevant de son champ 'application. Peu importe qu'une faute ait été commise ou non".
    Il convient également de demander l'attestation d'assurance décennale du professionnel et aussi, lorsqu'un maître d'œuvre intervient, l'attestation de l'assurance de responsabilité civile professionnelle.

    - Lire attentivement son contrat

    Le contrat doit comporter mes principales informations du chantier, en particulier le coût global de l'opération. Il peut également, dans certains cas, contenir des mentions obligatoires spécifiques. Pour vous protéger, il peut être utile d'y faire mentionner la date ferme d'achèvement des travaux.

    - Etre vigilant lors de la réception des travaux

    La réception est sans conteste l'une des étapes la plus importante du chantier. C'est à cette occasion que vous indiquerez toutes les malfaçons, défauts et vices. Il convient donc de bien observer l'ouvrage réalisé et surtout, d'être précis pour signaler les éventuels défauts repérés. "Cette étape est d'autant plus important que les différentes garanties ne fonctionnent pas pour les vices apparents qui n'auraient pas été relevés lors de la réception", alerte la CLCV.

    - Etre réactif

    La CLCV conseille en fin d'être très réactif en cas de défaut repéré. "Vous devez immédiatement vous rapprocher du professionnel qui a réalisé les travaux", insiste-t-elle. Afin de constituer un dossier de réclamation, il est également important de prendre des photos des vices constatés.
    Si le désordre relève de la garantie décennale, actionnez votre dommage-ouvrage. Et dans les autres cas, demandez au professionnel de mettre ses différentes assurances. "Celles-ci ne pourront plus être actionnés après leur délai de prescription, (respectivement un an, deux ans et dix ans selon les cas) : il convient donc de ne pas trainer", conclut l'association.
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