Déchets BTP © Pascal Thevenot
Depuis des mois, la ville de Vélizy-Villacoublay (78) est victime de décharges illégales de déchets du BTP sur l'un de ses chantiers emblématiques. Des dépôts sauvages qui coûtent chers à la commune et contre lesquels le maire vient de mener une opération coup de poing.
Trop c'est trop pour le maire de Vélizy-Villacoublay (78), Pascal Thévenot. La raison ? Des décharges illégales de déchets de chantier sur l'un des grands projets de la ville, le réaménagement de la
Dalle Louvois. Régulièrement, des artisans et des particuliers profitent de cet immense chantier pour déverser leurs matériaux de chantier sous la dalle qui doit être entièrement déconstruite d'ici à fin 2018, nous explique l'élu.
Le problème, outre le fait que cela soit illégal, est que ces dépôts sauvages se répètent depuis déjà un an et coûtent cher à la ville et à la Semiv (entreprise publique locale de droit privé). "
Cela représente environ 2.000 € par semaine", nous a confié l'élu ce mercredi. Sans compter les nuisances pour les habitants. "
Il y a des déchets en tout genre et cela attire les rongeurs", ajoute-t-il.
Pour lutter contre cela, Pascal Thévenot est passé à l'action. Dans un premier temps, il a investi dans une caméra mobile qu'il a fait installer sur la zone dès cet été. Couplés à cela, des passages fréquents de la police municipale pour tenter de prendre les auteurs en flagrant délit. "
Depuis l'exploitation des images et l'identification d'auteurs, trois plaintes ont déjà été déposées", nous indique-t-il. Et il prévient : "
dès que nous identifierons une entreprise ou un particulier, nous ne porterons pas seulement plainte, mais nous déverseront leurs déchets devant leur porte".
Une menace qui s'est concrétisée ce mardi 21 novembre 2017 devant le pavillon d'un habitant du quartier Le Clos de Vélizy. Pascal Thévenot a ainsi déversé les "
carreaux de plâtre que la personne avait dû perdre sous la dalle Louvois", ironise-t-il. Et il annonce aussi : "
Les sociétés qui ont eu la bonne idée de laisser leurs factures et des documents avec leurs déchets peuvent s'attendre à la même visite".
Voir la vidéo de l'action du maire :
Mais l'élu espère surtout que cette opération coup de poing serve de leçon "
à tous ceux qui auraient la même idée !" et que cela aura "
des effets rapides". Et même si cette action de l'élu n'est pas légale, il "
assume" car il estime que cela "
doit s'arrêter". Il ne comprend pas pourquoi des Véliziens agissent de la sorte alors qu'il rappelle que les habitants ont le droit de déposer "
gratuitement jusqu'à une tonne de déchets par an à la déchetterie de Buc".
Depuis la révélation de cette affaire cocasse par nos
confrères de Batiactu, le propriétaire des gravats a décidé de porter plainte contre le maire pour violation de domicile et abandon de déchets. Mais la justice a débouté ce dernier de ses deux plaintes. En revanche, Pascal Thévenot n'a pas obtenu les 2.000 € de dommages et intérêts réclamés. Argent qu'il comptait remettre à une association de protection de la nature.
"Nous avons gagné sur le fond et c'est une très bonne chose", nous a confié le maire à la sortie du verdict qui craignait de gagner uniquement sur la forme.
"Cela permet de montrer que si quelqu'un décide de ramener ses déchets à une personne indélicate, c'est possible", se réjouit-il ajoutant que
"beaucoup de maires, et même l'ONF, attendaient ce jugement".
Cette histoire avait suscité de nombreuses réactions d'élus. Certains ayant même mené des actions
"retour à l'envoyeur" similaires, comme à Poissy (78). Bien entendu pour lui,
"le but n'est pas multiplier ce genre d'action mais bien qu'il n'y ait plus de dépôts sauvages".
"C'est finalement une bonne chose que cette affaire ait été portée devant la justice", reconnaît le maire (LR) de Vélizy,
"car cela a donné une couverture médiatique à ce fléau dont sont victimes de nombreuses villes". Mais surtout, cette action coup de poing aura porté ses fruits. Depuis, le maire se félicite de constater que ces décharges illégales ont disparu.