Quel que soit son âge, votre maison peut être rénovée au point de devenir un bâtiment basse consommation, ou BBC. Avec, pour objectif, une réduction de vos factures énergétiques, mais également un meilleur confort de vie dans une habitation bien tempérée toute l'année. Pour bien mener cette lourde rénovation thermique, voici 7 règles d'or établies par les professionnels.
Rénover sa maison pour atteindre les exigences d'une construction très économe en énergie, c'est possible. La preuve vient d'Alsace, où la région et le groupe EDF ont lancé en 2010 le programme "Je Rénove BBC" (JRBBC). Depuis, ce ne sont pas moins de 500 habitations qui ont été entièrement réhabilitée pour atteindre le rigoureux niveau de "bâtiment basse consommation" (BBC).
Le programme livre aujourd'hui ses premiers enseignements, grâce à un large panel allant du pavillon des années 1980 jusqu'à la maison alsacienne traditionnelle datant du XIXe siècle. "
Les consommations et les factures énergétiques ont été divisées en moyenne par 3, et ce sont plus de 5.000 tonnes de CO2 par an qui ne sont plus émises dans l'atmosphère", annoncent EDF et le Cerema, les coordinateurs du rapport. Ils en tirent les règles à suivre pour réussir la rénovation BBC de sa maison.
Règle n°1 : Priorité aux travaux sur l'enveloppe
Une évidence s'impose aux intervenants du programme : la priorité est de réaliser des travaux sur l'enveloppe, en agissant sur l'isolation et l'étanchéité à l'air. La modernisation du système de
chauffage ne doit intervenir que dans un deuxième temps.
La performance de l'enveloppe conditionne en effet la réussite du projet. Selon les chiffres de l'étude, le coefficient moyen d'isolation (Ubat) a été réduit de 75% en moyenne après intervention - passant de 1,69 avant travaux à 0,46 après - permettant une forte diminution des besoins de chauffage. Les résistances thermiques moyennes ont toutes été choisies pour être légèrement supérieures à celles exigées par le
Crédit d'impôt pour la transition énergétique.
Règle n°2 : Oser l'isolation thermique par l'extérieur
S'agissant des techniques employées, c'est l'isolation thermique par l'extérieur (
ITE) qui a été mise en œuvre sur la majorité des opérations, loin devant l'isolation par l'intérieur. Les auteurs de l'étude notent un certain développement de l'utilisation des isolants biosourcés (laine de bois, de
chanvre, liège, ouate de cellulose, etc.), en lien avec les
aides octroyées, notamment pour l'isolation par l'intérieur justement.
Règle n°3 : Une étanchéité à l'air parfaite
Les auteurs du rapport sont catégoriques : le double vitrage se généralise, avec même une part non négligeable de triple vitrage. Plus généralement, ils mettent l'accent sur l'étanchéité à l'air. Julien Burgholzer, du Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement), nous raconte : "
Il y a eu un accompagnement externe sur ce point par une entreprise spécialisée, avec des mesures réalisées avant, pendant et après les travaux". Résultat : les tests d'infiltrométrie présentent un taux de réussite de 84% à atteindre la valeur de 0,8 m3/(m².h). "
Il est donc possible d'atteindre le niveau d'exigence requis", poursuit-il.
Du côté du confort thermique, les mesures réalisées en été et en hiver mettent en évidence "
une ambiance globalement satisfaisante dans les maisons rénovées". Ainsi, les suivis effectués ne révèlent pas de surchauffes estivales, la crainte de nombreux occupants.
Le rapport souligne : "
Il apparaît toutefois nécessaire, lors d'une rénovation thermique de murs anciens, particulièrement sensibles, de limiter toute source d'humidité dans la paroi, en veillant notamment au traitement préalable des remontées capillaires, à la protection de la façade contre la pluie et à une bonne mise en œuvre de l'étanchéité à l'air de l'enveloppe permettant de maîtriser les infiltrations d'air humide".
Règle n°4 : Faire appel à un maître d'oeuvre pour une approche globale
C'est l'autre grand enseignement du programme JRBBC : le recours obligatoire à une maîtrise d'œuvre. Julien Burgholzer nous confirme : "
Il faut un pilote, qu'il s'agisse d'un architecte, d'un bureau d'études ou d'un groupement d'entreprises avec un mandataire. Ce qu'il faut c'est assurer les interfaces entre les lots et ne jamais travailler en lots séparés, cloisonnés". La réalisation des chantiers nécessite en effet une conception très rigoureuse en amont, afin d'avoir l'assurance des résultats, ainsi qu'une parfaite coordination des travaux qui interagissent entre eux. Une approche globale qui nécessite un chef d'orchestre disposant des compétences techniques et de la vision d'ensemble du bâti et de ses problématiques.
Règle n°5 : Choisir des professionnels formés à l'amélioration énergétique des bâtiments
Les auteurs du rapport confirment ensuite "
une large montée en compétence des professionnels du bâtiment impliqués". Grâce au programme, près d'une centaine ont pu être formés.
Si faire appel à des
professionnels labellisés RGE est obligatoire pour
toucher certaines aides d'Etat pour le financement des
travaux de rénovation énergétique, il convient aussi de
choisir des artisans ayant une véritable connaissance du bâtiment basse consommation et de l'amélioration énergétique des habitations.
Règle n°6 : Changer les équipements de chauffage
Julien Burgholzer conclut : "
Le programme a marché, rénover des maisons au niveau BBC ça fonctionne". Il évoque les enseignements économiques de l'étude, avec des temps de retour sur investissement de 20 ans en moyenne, ce qui peut paraître long suivant l'âge et les buts des occupants. Mais, selon lui, la "valeur verte" chiffrée par plusieurs agents immobiliers justifie à elle seule la réalisation des travaux.
Le spécialiste signale toutefois que, pour atteindre le facteur 4 de réduction des émissions de gaz carbonique, les seuls travaux sur l'enveloppe ne suffisent pas. "
Ces valeurs sont atteintes et dépassés dès lors qu'il y a un changement de système énergétique en passant au solaire ou au bois énergie. A cette seule condition, de travaux sur l'enveloppe et de décarbonation des énergies, la réussite sera totale". Autrement dit, il faut remplacer les équipements de chauffage classique par des systèmes utilisant les énergies renouvelables, afin de réduire l'empreinte carbone de la maison.