Les immeubles équipés d'un
chauffage collectif ont jusqu'au 31 décembre 2019 pour s'équiper d'un système permettant d'individualiser les frais de chauffage. Une échéance qu'Ortivis, premier bailleur social du département de la Côte-d'Or n'a pas attendue. Plus de 5.000 de ses logements sont d'ores et déjà équipés de répartiteurs. Comment s'est déroulée cette mise en place ? Quels sont avantages pour les locataires ? Quels sont les résultats visés ? Réponses.
L'individualisation des frais de chauffage, une thématique que le bailleur social
Ortivis, à la tête d'un parc de 13.000 logements sociaux dans le département de la Côte-D'Or, connaît bien. Et pour cause : dès 2000, il a équipé près de 1.000 d'entre eux d'appareils permettant d'individualiser les frais de
chauffage.
"Il s'agissait de répartiteurs à évaporation, autrement dit de l'ancienne génération d'appareils", précise Christophe Bérion, directeur général d'Orvitis.
"Ils présentaient l'inconvénient de devoir être vérifiés une fois par an par un technicien, une intervention contraignante car elle nécessitait d'avoir accès au logement". Un inconvénient qui n'a cependant pas empêché les locataires concernés d'adhérer au système.
"Le principe de l'individualisation leur a vraiment plu, commente Christophe Bérion.
Ils nous ont clairement et massivement fait part de leur envie de continuer avec le même système de mesure".
Aussi, lorsqu'en 2015, la rumeur de l'éventuelle instauration d'une loi rendant obligatoire dans tous les logements collectifs l'
individualisation des frais de chauffage a commencé à se répandre, Orvitis a décidé de prendre les devants en faisant remplacer les anciens appareils par de nouveaux, plus fiables et plus performants, dans les logements déjà régis par l'individualisation et en équipant plus largement son parc...
La suite de l'article en pages suivantes.
Individualisation des frais de chauffage : de la théorie à la pratique avec l'exemple de logements sociaux équipés de répartiteurs
Qui dit distribution verticale, dit un répartiteur par radiateur
Qui dit distribution verticale, dit un répartiteur par radiateur - Individualisation des frais de chauffage © Techem
Pour équiper son parc, le bailleur a lancé un appel d'offres et a finalement retenu
Techem. La société, qui est spécialisée depuis près de 60 ans dans le domaine du comptage individuel de l'eau et du chauffage en copropriétés et en logements sociaux, a installé des répartiteurs de frais de chauffage (RFC) dans chacun des logements concernés, soit 4 à 5 appareils par appartement. En tout, ce sont donc pas moins de 29.000 répartiteurs qui ont été posés. Une intervention rapide puisqu'elle ne prend, en tout, qu'une quinzaine de minutes.
"Dans la plupart des immeubles, les colonnes de distribution du chauffage sont installées verticalement ce qui suppose que les logements peuvent être alimentés par plusieurs boucles de chauffage (voir schéma ci-dessus).
Il n'est donc pas possible d'identifier en amont la quantité de chaleur fournie pour un logement. Dans ce cas, le comptage de chaleur est effectué sur chaque radiateur et non pas à l'entrée du logement", précise Bruno Macré, président et directeur général de Techem.
Sur le plan technique, les répartiteurs sont équipés de deux sondes électroniques : une qui mesure la température à la surface du radiateur et une autre qui mesure la température ambiante de la pièce. La consommation du logement est calculée en croisant les données relevées par chacune d'entre elles. Techem précise que le répartiteur est notamment
"conçu pour éviter l'enregistrement d'apport de chaleur extérieure comme le rayonnement du soleil".
Qui dit distribution verticale, dit un répartiteur par radiateur
Entre 15 et 20% d'économies à la clé pour les locataires sur leur facture
Entre 15 et 20% d'économies à la clé pour les locataires sur leur facture - Individualisation des frais de chauffage © Techem
Si les locataires ne disposent pas de données chiffrées en Kilowattheures, ils peuvent tout de même, grâce notamment à l'écran figurant sur le répartiteur, avoir une meilleure appréciation de l'évolution de leur consommation.
"Les répartiteurs Techem mémorisent et affichent pendant 12 mois l'index relevé à date anniversaire. Il est alors possible de comparer la consommation de l'année en cours par rapport à celle de l'année précédente", explique Bruno Macré, PDG de Techem. Cet index sert d'indicateur aux locataires qui peuvent ainsi réguler leurs appareils de chauffage et donc agir sur leurs consommations.
"A termes, chaque locataire pourrait faire entre 15 et 20% d'économies sur sa facture de chauffage", estime Christophe Bérion, directeur général d'Orvitis.
Pour pouvoir suivre de plus près ses consommations, Techem propose d'ailleurs un accès à un espace personnalisé pour chaque locataire, un service supplémentaire auquel les bailleurs choisissent d'adhérer ou pas.
Un nouveau système de calcul qui pourrait entraîner un nouveau système de facturation.
"Nous aimerions établir des factures de chauffage mensuelles au lieu de trimestrielles. Cela permettrait d'éviter les effets de pics et donc les problèmes de trésorerie pour les locataires", explique-t-il.
Entre 15 et 20% d'économies à la clé pour les locataires sur leur facture
Sensibilisation et information pour inciter aux éco-gestes
Sensibilisation et information pour inciter aux éco-gestes - Individualisation des frais de chauffage © Techem
Commencée en 2015, l'installation des répartiteurs est à ce jour en passe d'être terminée dans les 5.300 logements concernés gérés par Orvitis.
"Nous avons plus d'un an d'avance par rapport à l'échéance fixée par la loi", se félicite Christophe Bérion. Reste maintenant à sensibiliser et à informer les habitants sur le fonctionnement des appareils et sur leur intérêt.
"Nous espérons susciter des changements comportementaux car sans efforts de la part des locataires, nos objectifs ne seront pas atteints", confie le directeur général d'Orvitis.
"Éteindre le chauffage dans les pièces inoccupées",
"baisser ses appareils lorsque l'on s'absente de son logement",
"ne pas surchauffer"... Autant de consignes qu'Orvitis espère transformer en réflexes chez ses locataires.
Si l'installation des répartiteurs n'a rien coûté au bailleur - les appareils sont loués et les frais de location sont inclus dans les charges des locataires -, Orvitis va en revanche devoir investir pour moderniser les appareils de chauffage de son parc. Un budget de près 2 millions va en effet être débloqué pour installer des robinets thermostatiques sur les radiateurs qui n'en auraient pas et remplacer les appareils vétustes, notamment les ventilo-convecteurs, par d'autres plus récents donc plus performants.
Sensibilisation et information pour inciter aux éco-gestes